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Moyen Orient et Monde - Crise

Vers un soutien en demi-teinte de la Ligue arabe à Riyad

Le roi d’Arabie saoudite, Salmane ben Abdel Aziz al-Saoud, lors du 28e sommet de la Ligue arabe en mer Morte, en Jordanie, le 29 mars 2017. Mohammad Hamed/Reuters

L'Arabie saoudite poursuit sa campagne diplomatique contre l'Iran, relancée le 4 novembre avec la démission surprise du Premier ministre libanais, Saad Hariri, depuis Riyad. Le royaume wahhabite a soumis une requête à la Ligue arabe pour convoquer une réunion d'urgence, soutenue par le Bahreïn et les Émirats arabes unis, pour dénoncer les « violations » de l'Iran dans la région. La demande de l'Arabie saoudite se base sur le tir d'un missile intercepté le 4 novembre par les autorités saoudiennes non loin de Riyad, lancé depuis le Yémen par les rebelles houthis, milice soutenue par l'Iran. Le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane, a considéré ce tir comme étant une « agression militaire directe » de Téhéran.

Selon un document interne transmis à l'AFP par des sources diplomatiques, « les violations commises par l'Iran dans la région arabe sapent la sécurité et la paix, non seulement dans la région arabe, mais dans le monde ». La requête déposée en urgence a été approuvée par Djibouti, qui préside actuellement l'organisation basée au Caire. La réunion doit avoir lieu dimanche prochain.

L'Arabie saoudite fait également référence dans sa demande à un incendie dans un pipeline à Bahreïn partagé avec Riyad et qui a temporairement interrompu le flux de pétrole samedi dernier. Selon les éléments de l'enquête, l'incendie serait un « acte délibéré », a rapporté le ministère de l'Intérieur de Bahreïn sur son compte Twitter, avant de le qualifier de « grave acte terroriste visant à porter atteinte aux intérêts supérieurs de la nation et à mettre en danger la population ». Téhéran nie toute implication.
La requête de Riyad pour la convocation d'une réunion extraordinaire se base sur l'article 6 de la charte de la Ligue arabe en vertu duquel « en cas d'agression ou de menace d'agression par un État contre un État membre, l'État attaqué ou menacé d'agression peut demander la convocation immédiate du Conseil ». Ensuite, « le Conseil, par décision unanime, détermine les mesures nécessaires pour repousser l'agression ».

 

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Le royaume wahhabite cherche ainsi des appuis régionaux en jouant la carte de l'unité arabe contre Téhéran par le biais de la Ligue. L'organisation intergouvernementale régionale créée en 1945 regroupe vingt-deux États membres qui partagent une même langue, une culture et en majorité une même religion. Son objectif est « le renforcement des relations entre les États membres, la coordination de leurs politiques afin de réaliser la coopération entre eux et de sauvegarder leur indépendance et leur souveraineté ; et une préoccupation générale pour les affaires et les intérêts des pays arabes », peut-on lire à l'article 2 de la charte de l'organisation.

 

Riyad isolé
Mais le royaume wahhabite doit conjuguer avec des États soit affaiblis, soit aux agendas bien chargés par leurs préoccupations nationales. Le Yémen, la Syrie et le Soudan sont enlisés dans des guerres dévastatrices. Le Liban est secoué par une crise politique interne, alors que Saad Hariri se trouve toujours à Riyad. L'Irak est désormais à reconstruire depuis la fin de la lutte contre l'État islamique sur ses territoires alors que le bras de fer avec les Kurdes, affaiblis, persiste. La Libye, en crise, est toujours plongée dans l'instabilité depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Et le Qatar fait face à l'embargo décrété par l'Arabie saoudite à son encontre, l'accusant de « financer le terrorisme » et lui reprochant ses liens trop étroits avec l'Iran.

 

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Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a pour sa part déjà déclaré la semaine dernière ne « pas être pour la guerre », son pays possédant l'une des armées les plus importantes de la région. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukry, a par ailleurs débuté une tournée du Golfe dimanche pour « œuvrer en faveur de solutions politiques aux crises pour épargner davantage de troubles et de polarisation dans la région ». Dans la même lignée, la Jordanie et les pays du Maghreb se sont montrés prudents et peu enthousiastes à l'idée d'un nouveau conflit dans la région.
Il paraît ainsi difficile pour Riyad, visiblement isolé sur le dossier, d'arriver à obtenir un vote unanime des États membres ce dimanche pour l'appuyer en faveur d'une intervention pour contrer l'expansionnisme iranien. Mais une résolution sanctionnant formellement les actes « terroristes » iraniens dénoncés par l'Arabie saoudite n'est en revanche pas à exclure, sans qu'elle ne remette complètement en cause pour autant les liens entre certains États membres et Téhéran.

Déjà en 2016, le royaume wahhabite avait fait pression pour classer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, comme « organisation terroriste ». Bien que la mesure ait été adoptée, l'Irak, le Liban et l'Algérie n'avaient pas suivi l'Arabie saoudite au motif que le parti était membre de gouvernement.

 

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