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À La Une - Conflit

L'EI contre-attaque pour défendre sa dernière ville en Syrie

La présence d'Abou Bakr al-Baghdadi a été signalée à Boukamal par les médias du Hezbollah.

Cette photo prise le 4 novembre 2017 montre deux combattants des forces progouvernementales se dirigeant vers Boukamal. Photo AFP/Getty Images/STRINGER

Chassé de son dernier fief urbain en Syrie, le groupe Etat islamique (EI) a mené vendredi une contre-offensive spectaculaire et repris près de la moitié de la ville de Boukamal, tentant de prouver qu'il restait puissant malgré l'effondrement de son "califat".

Trois ans après avoir conquis de vastes territoires en Syrie et en Irak voisin, l'EI n'est plus que l'ombre de lui-même sur le terrain, chassé de toutes les grandes villes qu'il contrôlait dans ces deux pays.
Jeudi, les jihadistes avaient même perdu leur dernière cité en Syrie, Boukamal, une ville de moindre importance à la frontière avec l'Irak, dans la province orientale de Deir ez-Zor.

Mais au lendemain de ce revers face à l'armée syrienne et ses alliés, les jihadistes tentaient de se battre jusqu'au dernier souffle pour reprendre le contrôle de Boukamal.
"L'EI a contre-attaqué dès jeudi soir et a repris plus de 40% de Boukamal", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Les jihadistes (...) ont repris de nombreux quartiers dans le nord (...)" de la ville, a-t-il ajouté précisant que "de violents combats" étaient toujours en cours.

 

 

L'EI veut exister encore
D'après l'OSDH, l'offensive du régime syrien qui avait conduit à la reprise --temporaire-- de Boukamal jeudi a été menée notamment par des miliciens irakiens, des combattants du Hezbollah libanais et des Gardiens de la Révolution iraniens.

En contre-attaquant, l'EI semble vouloir prouver que si son territoire s'est réduit comme peau de chagrin, lui existe toujours.
L'organisation jihadiste reste la plus redoutée au monde: elle est toujours capable d'inspirer des auteurs d'attentats sanglants en Syrie et à travers le monde.

Le mystère entoure toujours le sort de son chef, Abou Bakr al-Baghdadi, qui s'est manifesté pour la dernière fois dans un enregistrement présumé diffusé le 29 septembre.
Il avait alors appelé ses combattants à "résister" alors que l'EI multipliait les revers.

Selon l'agence Reuters, citant un organe de propagande militaire du Hezbollah, la présence du chef de l'EI a été signalée à Boukamal. Aucune source n'a été fournie à l'appui de cette information avancée par le parti chiite. Le commandement de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis a dit vendredi n'avoir "aucune information digne de publication" concernant le sort du chef de l'EI.

Les jihadistes ne contrôlent plus que 30% de la province syrienne de Deir ez-Zor, qui était totalement entre leurs mains il y a encore quelques mois.
L'EI, qui tient encore une vingtaine de villages dans la vallée de l'Euphrate, est la cible dans cette province de deux offensives distinctes.
L'une menée par l'armée du président syrien Bachar el-Assad, l'autre par des combattants kurdes et arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenus par Washington.

Ailleurs en Syrie, l'EI se maintient dans deux quartiers de Damas et dans des poches du centre et du sud du pays.
Face à cet effondrement, le régime syrien appuyé par les Russes, et les Kurdes soutenus par les Américains, émergent comme les grands gagnants du conflit en Syrie.

A Deir ez-Zor, coupée en deux par l'Euphrate, les troupes gouvernementales opèrent du côté ouest du fleuve et contrôlent 38% de cette province pétrolière.
Positionnées sur la rive est, les FDS --qui avancent face à l'EI mais à un rythme plus lent que celui du régime-- contrôlent quant à elles 32% de la province.

 

(Lire aussi : L'EI ne contrôle plus "que 6%" de la Syrie et de l'Irak)


'Entrave aux soins'
Une fois le groupe ultraradical complètement chassé de la province de Deir ez-Zor, l'armée du régime et les FDS se feront face, augmentant les risques de collision ou même d'affrontement entre les deux belligérants rivaux.

Selon les analystes, le régime chercherait même à reprendre des territoires ou des villes conquis par les FDS, comme Raqa, ex-capitale de l'EI en Syrie et d'où les jihadistes ont été chassés le 17 octobre.
En six ans de guerre, le régime a pu reprendre le contrôle de 52% du pays. Contrairement aux premières années de guerre, très peu de pays réclament aujourd'hui le départ du président Bachar el-Assad.

Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pacifiques par le régime, le conflit en Syrie s'est complexifié depuis avec l'implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé.
Il a fait plus de 330.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

 

(Lire aussi : L’EI retranché dans son dernier réduit à la frontière syro-irakienne)


La rébellion anti-Assad, elle, est devenu quasi-inexistante, ayant perdu de nombreux fiefs notamment depuis l'entrée en action de la Russie auprès du régime en 2015.

Les différentes factions se concentrent dans la province d'Idleb (nord-ouest), frontalière de la Turquie. Certains groupes y sont engagés dans des guerre intestines.
Mais les rebelles contrôlent aussi la Ghouta orientale, région à l'est de Damas assiégée depuis 2013 par le régime, qui connaît une dégradation de la situation humanitaire, avec des pénuries de nourritures et de médicaments.

L'ONU a réclamé vendredi du gouvernement syrien l'évacuation de la Ghouta de plus de 430 patients, dont près de 30 "cas urgents".
"L'entrave à l'accès à des soins médicaux adéquats pour quelque 350.000 civils qui sont assiégés depuis quatre ans est une violation claire et répugnante du droit à la santé", ont assuré dans un communiqué deux experts des droits de l'Homme de l'ONU.

 

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