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Économie - Conjoncture

Pour Bank Audi, le pays peut résister aux incertitudes

La démission surprise du Premier ministre, Saad Hariri, survient à un moment où la situation financière et monétaire du pays est « favorable », estiment les auteurs d'un rapport.

Le rapport a notamment loué les effets des opérations de la BDL sur la solidité financière du Liban. Jamal Saïdi/Reuters

« L'économie réelle a enregistré une légère amélioration cette année, même si elle évolue toujours en dessous de son potentiel », a estimé le département de recherche de Bank Audi dans son dernier rapport trimestriel, publié hier.

Les auteurs de l'étude, qui couvre les neuf premiers mois de 2017, ont précisé ne pas avoir tenu compte des répercussions de l'annonce samedi de la démission du Premier ministre, Saad Hariri, et considèrent qu'il est « trop tôt » pour en mesurer les conséquences sur le plan économique. Ils estiment néanmoins, au regard des indicateurs à fin septembre, que cet événement survient « à un moment où la situation financière et monétaire est favorable ».

 

(Pour mémoire :  Pas de reprise significative de l’économie, constate Bank Audi)

 

Hausse des CDS
Le rapport met d'abord en avant le niveau des réserves en devises de la Banque du Liban (BDL), « qui ont augmenté de 3,3 milliards de dollars en neuf mois », pour atteindre 44 milliards. Un niveau record que Bank Audi attribue notamment à trois opérations financières menées depuis juin par la BDL et dont les contours ont été révélés fin octobre par son gouverneur, Riad Salamé.

La première opération a consisté en un swap de bons du Trésor avec maturité de court terme contre des bons à moyen terme. La deuxième a offert la possibilité aux banques d'effectuer des dépôts de court ou de moyen terme à la BDL avec 0,5 point de pourcentage de plus par rapport à la courbe de rendement. Enfin, la troisième a consisté à proposer aux banques, en contrepartie de dépôts de long terme en dollars à la BDL, des crédits en livres avec des taux d'intérêt de 2 %, devant être investis dans des instruments financiers locaux. M. Salamé n'a pas révélé les montants engagés, précisant que ces opérations étaient différentes de celles menées en 2016 – et qui avaient généré 5 milliards de dollars.

Autre gage de la solidité de l'économie pour Bank Audi, « la croissance saine des dépôts bancaires (+8 % en moyenne) », qui ont « augmenté de 6,6 milliards de dollars sur les neuf premiers mois » (contre 6,56 milliards sur la même période en 2016) et de leur dollarisation (66,9 % contre 65 % un an plus tôt). Des performances que le rapport attribue aussi en partie aux opérations financières de la BDL et qui ont ainsi permis de résorber le déficit de la balance des paiements (190 millions de dollars à fin septembre contre 1,1 milliard de dollars fin juin).

 

(Pour mémoire : La dette publique libanaise est loin d’être insoutenable, selon Bank Audi)

 

Bank Audi revient de même sur la légère amélioration de l'économie réelle, rappelant que la BDL tablait sur une croissance de 2,5 % en 2017 contre 2 % en 2016 (1,5 % contre 1 % en 2016 pour le Fonds monétaire international). Pour Bank Audi, cette amélioration est principalement portée sur la consommation, aidée par une fréquentation touristique en hausse (1,45 million de visiteurs, soit +11,3 % à fin septembre) ou encore par une reprise du marché immobilier (+13,4 % ; 51 993 transactions). En revanche, le ratio investissement/PIB n'a « pas connu d'amélioration notable » à fin septembre, regrette Bank Audi (il était de 23 % en 2016). Enfin, parmi les signes positifs survenus après septembre, le rapport signale l'adoption le 19 octobre du budget pour 2017. Une première depuis 12 ans et qui était exigée notamment par les agences de notation financières.

Il reste que la situation reste précaire même si les marchés ont relativement bien résisté au choc de samedi jusqu'à présent. Malgré les nombreux commentaires rassurants des responsables politiques et du secteur bancaire, les Credit Default Swap (CDS) (prix des contrats qui permettent de se couvrir contre le risque de défaut de l'État) ont atteint hier leur plus haut niveau depuis 2008 (592 points de base hier à la mi-journée, soit une hausse de 13 points). Ils étaient à 447 points à fin septembre, selon le rapport. L'activité sur la Bourse de Beyrouth a, elle, terminé en léger repli, hier, l'indice BSI a perdu 0,60 % en une séance, pour atteindre 1 134,05 points (contre une baisse de plus de 6 % depuis le début de l'année).

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