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Campus - salon du livre

Le Choix Goncourt de l’Orient : un vrai branle-bas de lecture

400 étudiants, 33 universités, 12 pays, huit romans, des dizaines de professeurs mobilisés et 39 jurys étudiants créés... Tout cela pour le Choix Goncourt de l'Orient 2017, dont l'annonce est prévue le 10 novembre à 15h au Salon du livre francophone de Beyrouth.

Les étudiants de la section 5 de l’Université libanaise se sont retrouvés mardi dernier à l’Institut français de Saïda pour échanger sur les ouvrages en lice pour le Choix Goncourt de l’Orient.

« Au-delà de la dimension littéraire que véhiculent les romans, il y a toutes ces thématiques intéressantes qui permettent aux jeunes de débattre des malaises du monde et de leurs difficultés à comprendre les violences, la guerre et l'injustice, mais également de leurs rêves inassouvis et leurs souhaits les plus ardents », affirme Salma Kojok, présidente du jury étudiants du Choix Goncourt de l'Orient 2017 et romancière francophone.
Organisé par la direction régionale Moyen-Orient de l'Agence universitaire de la francophonie (AUF) et l'Institut français du Liban, le Choix Goncourt de l'Orient, prix littéraire francophone régional inspiré du Prix Goncourt, existe depuis 2012. Pour remettre ce prix, des jurys étudiants créés dans les universités du Moyen-Orient lisent et classent des romans issus de la 2e sélection de l'Académie Goncourt.

Les étudiants participants sont « assoiffés de culture, passionnés de littérature, et ils mettent toute leur âme dans cette aventure culturelle, pour défendre leurs idées et décortiquer le sens caché qui s'insinue dans chaque roman », poursuit Salma Kojok, avouant être ravie de l'enthousiasme de ces jeunes pour la lecture. L'an dernier, la sélection des romans traitait des malaises du monde et de tous les traumatismes qu'ils véhiculent chez les jeunes. Cette année, le thème tourne autour de l'histoire, de la mémoire collective et de sa capacité à construire l'histoire officielle.
« Depuis sa création en 2012, le prix s'est beaucoup développé, ce qui démontre l'évolution et l'importance de la francophonie dans cette région plus particulièrement », précise encore Mme Kojok.
Pour l'édition 2017, 400 étudiants de 33 universités différentes dans 12 pays de la région et des dizaines de professeurs sont mobilisés. 39 jurys étudiants ont été créés. Les étudiants choisiront leur lauréat parmi les 8 auteurs encore en lice pour le Prix Goncourt 2017. La proclamation du prix est prévue le 10 novembre au Salon du livre francophone de Beyrouth en présence des écrivains Éric-Emmanuel Schmitt, membre de l'Académie Goncourt, et Leïla Slimani, lauréate du Prix Goncourt 2016.

 

S'embarquer dans une nouvelle aventure culturelle
Si pour tous ces étudiants, le Choix Goncourt de l'Orient est « une expérience enrichissante tant sur le plan culturel, intellectuel que littéraire », il les incite aussi « à faire des recherches sur l'écrivain et sur le thème abordé, et à accepter les différentes opinions tout en s'exprimant librement », précise Nathalie Ghaouche, étudiante à la faculté des lettres et sciences humaines de l'Université libanaise. Pour Guilda Demiane Ghajar, présidente du jury de l'Université de Balamand, ce concours offre tout d'abord au lecteur « le plaisir de se plonger dans une lecture passionnée de plusieurs romans, qui anime son imagination et nourrit sa créativité, et aux étudiants l'opportunité d'échanger avec d'autres lecteurs, de débattre avec eux et faire entendre leur voix pour élire un lauréat ».

Mais qu'est-ce qui fait un bon roman? « C'est la manière de traiter le sujet, le rythme du roman, la présentation des personnages et de l'environnement, l'actualité du thème abordé et le message que veut faire parvenir l'auteur à travers son livre, surtout s'il prend la défense d'une cause », affirme Carla Marand, étudiante en 3e année d'histoire de l'art et d'archéologie à l'Université Paris-Sorbonne à Abou Dhabi. « Un thème intéressant qui nous interpelle certes, mais qui suscite également l'intérêt du lecteur, surtout si ce thème a trait à l'Orient », ajoute Rime Khalaf, étudiante en master à l'Université Saint-Esprit de Kaslik, qui poursuit : « D'ailleurs, le débat qui se fait entre les représentants des universités montre la différence dans la manière de voir les choses et constitue une occasion pour faire avancer la réflexion. » Hormis le thème abordé, il y a également « le style et l'écriture de l'auteur, ses tournures et ses diverses expressions, qui accrochent le lecteur et le tiennent en haleine, même après la fin de sa lecture », ajoute Marie-Laure Bejjani, étudiante en master de recherche à la faculté des lettres et des sciences humaines, section 2, à l'Université libanaise.

 

Les professeurs, partenaires indispensables
Les professeurs sont présents à chaque étape, depuis la sélection des huit romans à lire, choisis par l'Académie Goncourt, jusqu'à la proclamation du prix. Ils guident leurs étudiants dans la compréhension des textes, discutent avec eux la thématique du roman, suivent leurs débats et échanges au fur et à mesure qu'ils avancent dans les ouvrages. Samah Daakour, professeure de littérature à l'Université libanaise de Saïda et de Beyrouth, relève « la dynamique extraordinaire entre les étudiants, leur engouement pour la lecture qui augmente d'année en année et cette envie de se plonger dans un univers nouveau ». « Il faut dire que le choix de ces romans contemporains qui traitent de thèmes beaucoup plus proches de la vie des étudiants les pousse à réfléchir sur une vérité qui les touche très profondément. C'est cela le succès de cet engouement pour ce prix Goncourt de l'Orient. »

Et c'est finalement au président du jury de chaque université qu'incombe la dernière tâche de défendre l'ouvrage sélectionné, parmi les huit ouvrages proposés par les jurés, lors de la délibération à huit clos au Salon du livre. Il s'exprimera à partir des arguments de ses camarades pour convaincre les autres jurés. « Mais n'est pas président de jury qui veut, affirme la présidente du jury de l'Université de Balamand. Il doit inspirer confiance aux étudiants et aux responsables de l'université, savoir être à l'écoute des autres, respecter leurs points de vue et coopérer en reliant habilement sa propre contribution à celle des autres interlocuteurs. »

Le Choix de l'Orient en chiffres et en lettres

33 universités de 12 pays : Liban, Djibouti, Égypte, Éthiopie, Émirats arabes unis, Irak, Iran, Jordanie, Palestine, Soudan, Syrie, Yémen.
7 universités du Liban : l'Université Saint-Joseph (Saïda, Tripoli), l'Université Saint-Esprit de Kaslik, l'Université libanaise, l'Université de Balamand, l'Université arabe de Beyrouth, l'Université Jinan et l'Université islamique du Liban (Khaldé, Tyr).
8 romans : Un certain M. Piekielny de Francois-Henri Désérable ; La Disparition de Josef Mengele d'Olivier Guez ; Tiens ferme ta couronne de Yannick Haenel ; Bakhita de Véronique Olmi ; Summer de Monica Sabolo ; L'Ordre du jour d'Éric Vuillard; L'Art de perdre d'Alice Zeniter et Niels d'Alexis Ragougneau.

 

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