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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Moscou réaffirme fermement son engagement auprès de Téhéran

Poutine s'est rendu hier en Iran, où il a affirmé son soutien à la République islamique sur plusieurs dossiers brûlants, comme la Syrie et l'accord de Vienne.

Le président russe Vladimir Poutine et le guide suprême Ali Khamenei, lors d’une rencontre hier à Téhéran. HO/AFP

Washington n'a qu'à bien se tenir. La visite hier du président russe Vladimir Poutine à Téhéran pour parler Syrie et accords économiques n'est pas moins qu'un message, sinon un avertissement, à l'administration de Donald Trump. Arrivé tôt en journée dans la capitale de la République islamique, le président russe a rencontré son homologue iranien Hassan Rohani pour parler de la Syrie, mais aussi de l'accord sur le nucléaire iranien signé à Vienne en 2015. « La Russie est un pays ami [...] et le partenaire stratégique de l'Iran », a déclaré le président Rohani. Cité dans un communiqué de la présidence iranienne, M. Rohani a appelé à « un renforcement de la coopération bilatérale » entre Moscou et Téhéran.

Les échanges ont été non seulement particulièrement positifs, mais également fructueux : le président russe a rencontré Hassan Rohani et leur homologue azerbaïdjanais, Ilham Aliev, pour un sommet tripartite au caractère économique et commercial, le second depuis 2016. Les enjeux sont considérables : des projets et des investissements dans le domaine des hydrocarbures et de l'énergie de plusieurs dizaines de milliards de dollars, et établis sur une décennie, ont été signés hier entre les trois pays. La Russie devrait ainsi pouvoir livrer du gaz naturel à l'Iran via l'Azerbaïdjan. Plusieurs investissements iraniens en Azerbaïdjan, par la création notamment d'un chemin de fer, d'usines pharmaceutiques, automobiles et autres, devraient contribuer au renforcement des relations bilatérales entre les deux gouvernements.

 

(Pour mémoire : Accord Russie-Turquie-Iran sur la création de zones sécurisées en Syrie)

 

« Isoler l'Amérique »
Cette troisième visite de Vladimir Poutine à Téhéran survient au lendemain de la fin d'un énième round de pourparlers à Astana, au Kazakhstan, mais aussi à moins de trois semaines avant un congrès du « dialogue national syrien » à Sotchi, dans le sud de la Russie. Le président russe a insisté sur le caractère pluriel d'un accord pour une réconciliation en Syrie. « Grâce à nos efforts conjoints, ainsi qu'aux efforts de la Turquie, la situation sur le territoire (syrien) se développe très positivement en matière de lutte contre le terrorisme », a-t-il estimé lors d'un bref point de presse, avant d'ajouter qu'aucun pays ne pouvait régler « seul » la crise. Les dirigeants iraniens aussi ont appelé à une convergence des puissances régionales en ce sens. En Syrie, « la coopération de l'Iran et de la Russie a eu un grand effet dans la lutte contre le terrorisme », a affirmé Hassan Rohani.

L'ayatollah Ali Khamenei, qui a fait l'éloge du partenaire russe, a lui aussi appelé à une collaboration plus étroite en recevant M. Poutine. « Le règlement complet de la crise syrienne passe par une plus forte coopération entre l'Iran et la Russie, a déclaré Ali Khamenei. Notre coopération peut isoler l'Amérique, elle peut rétablir la stabilité dans la région », a-t-il ajouté, insistant sur le fait que « toutes les solutions à la question du pouvoir en Syrie viennent de l'intérieur de ce pays ».

La convergence de Moscou et Téhéran sur le dossier syrien, mais également en ce qui concerne le maintien de l'accord de Vienne, n'est pas une surprise. Hier encore, Vladimir Poutine comme Hassan Rohani ont appelé au respect de l'accord de Vienne, dénoncé à plusieurs reprises par Donald Trump qui le qualifie de l'un des « pires » accords de l'histoire. Il s'agit avant tout de faire front uni face à l'« adversaire » américain, bien que les deux puissances n'aient pas toujours été d'accord quant à l'avenir de la Syrie. Pour certains observateurs, l'entente russo-iranienne en Syrie relève plus d'un mariage de raison que d'une harmonie réelle, et Moscou ne tiendrait pas particulièrement à une présence renforcée et prolongée iranienne militaire en Syrie. L'avenir de la Syrie était d'ailleurs au centre de la rencontre en Israël, il y a deux semaines, entre le ministre russe de la Défense, Serguei Shoïgu, et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dont les deux pays se sont considérablement rapprochés au cours des dernières années. « La rencontre à laquelle a également participé le ministre (israélien) de la Défense Avigdor Lieberman a surtout été consacrée à la tentative de l'Iran de s'implanter militairement en Syrie. L'Iran doit comprendre qu'Israël ne le permettra pas », a rapporté un communiqué publié par le bureau du Premier ministre. Reste à voir si, d'abord, une telle implantation est possible, et si, ensuite, Moscou tient à jouer le rôle d'arbitre entre Israël et la République islamique.

 

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