Les ministres FL démissionneront-ils du cabinet Hariri ?

Les ministres Forces libanaises pourraient démissionner du gouvernement. Cette position, exprimée hier par le président des FL, Samir Geagea, en Australie, coïncide avec le premier anniversaire de l'élection de Michel Aoun à la présidence de la République, rendue possible principalement par le ralliement de M. Geagea à la candidature de son rival ancestral.

Certes, la démission des ministres FL n'a toujours pas eu lieu, mais cette posture n'est pas sans refléter un certain mécontentement du parti face à sa marginalisation au sein de l'État et en Conseil des ministres. Or si l'on en arrive à un point où la présence FL au gouvernement devient inutile, les ministres de la formation démissionneront, assure une source proche de Meerab.

Des sources FL déplorent en effet le fait que les pratiques de « certains proches » du mandat, notamment des ministres du Courant patriotique libre, sapent le document d'intention en dix points qui a rallié Samir Geagea à Michel Aoun au point de marginaliser les FL.

À ces accusations, des milieux aounistes affirment que le compromis entre les FL et le CPL portait sur trois points : l'élection présidentielle, la formation du gouvernement et les nominations. Tous les autres dossiers ne sont pas compris dans le cadre de ce compromis, soulignent ces milieux.
Or, pour les FL, cette position aouniste est un désaveu du contenu de l'accord entre les deux formations, et une non-reconnaissance du rôle des FL au compromis, alors même que ces dernières ont permis au général Aoun d'accéder à Baabda. La part qui reviendrait aux FL, notamment dans le cadre des nominations, serait ainsi ignorée par le mandat.

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Pourtant, aussi bien les responsables FL que CPL sont d'accord sur le fait que les divergences actuelles n'auront pas de retombées sur l'accord conclu entre les deux partis. Selon des sources FL, ce compromis est suffisamment solide pour qu'il ne s'effondre pas. Le propos est dirigé contre les forces du 8 Mars, qui souhaiteraient éloigner Meerab de Baabda.
Selon des sources qui suivent le dossier de près, Samir Geagea a juste mis en exergue la possibilité d'une démission des ministres de son parti pour attirer l'attention sur le mécontentement FL et paver la voie à une réunion de « réconciliation et d'évaluation » entre les deux formations pour marquer l'anniversaire de l'élection de Michel Aoun.

Meerab refuse cependant de lier la question aux prochaines législatives, affirmant que sa position est liée aux pratiques du régime. Après la déclaration de M. Geagea, hier, le Premier ministre Saad Hariri l'a contacté par téléphone pour obtenir une explication quant aux propos relatifs à la démission. Le leader FL a rassuré M. Hariri, soulignant que les ministres FL resteraient au gouvernement, même si leur démission reste possible. Samir Geagea a indiqué au président du Conseil qu'il lui exposerait sa position à son retour afin de parvenir à une nouvelle formule de coopération. Un ministre FL estime toutefois que cette démission reste possible si les FL continuent d'être marginalisées. Le Hezbollah a d'ailleurs sauté sur l'occasion, hier, pour affirmer, à travers des sources proches du parti, que la démission des ministres FL n'aurait aucun effet sur le maintien du cabinet Hariri, et que ces derniers seraient « immédiatement remplacés ».

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Des sources proches du CPL rejettent toute la rhétorique FL, affirmant que le problème oppose le parti de Samir Geagea à Saad Hariri. Selon les sources aounistes, une altercation verbale aurait eu lieu entre M. Hariri et les ministres FL lors de la dernière séance du Conseil des ministres, doublée d'un rappel à l'ordre de la part du président du Conseil à ses ministres. Ces derniers auraient répondu en menaçant de démissionner.

Il reste que, dans les faits, aucune partie ne peut provoquer l'implosion du cabinet, qui est une ligne rouge, dans la mesure où toutes les parties restent attachées à la stabilité politique et sécuritaire. Ce qui n'empêche pas des sources proches de Baabda de souligner la nécessité de redynamiser le climat de compromis qui a permis l'élection présidentielle l'an dernier, afin de rectifier le tir et de corriger les erreurs. Le premier anniversaire de l'élection du chef de l'État, le 31 octobre, devrait être l'occasion de cette réévaluation de la part de toutes les parties pour améliorer la praxis du pouvoir et immuniser davantage la scène interne.

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Ce premier anniversaire serait d'ailleurs l'occasion d'un long entretien Aoun-Geagea à Baabda, en présence des ministres Gebran Bassil et Melhem Riachi et du député Ibrahim Kanaan, pour mettre en place une feuille de route dans le but de donner corps à la déclaration d'intention signée par les deux partis. Les deux formations assurent ainsi qu'elles ne permettront aucune régression au statu quo ante dans leurs relations.
Une source ministérielle assure ainsi que le cabinet restera en place et que les FL expliciteront leur position, soucieuses de consolider les institutions, dans la mesure où nul n'a intérêt à ébranler le gouvernement, d'autant qu'un retrait des ministres FL du cabinet serait compensé par un appel à une autre force politique chrétienne de taille à les remplacer.

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