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Liban - Le portrait de la semaine

Mona Hraoui, une « lady » proche des gens...

L'ancienne Première dame revient sur son parcours atypique.

Élias et Mona Hraoui.

En 1989, Élias Hraoui, alors député de la Békaa, accédait à la présidence de la République, à la suite de l'assassinat de René Moawad le 22 novembre de la même année. Avec le nouveau chef de l'État, le Liban se dotait d'une Première dame exceptionnelle : Mona Jammal Hraoui.

Si une écrasante majorité de Libanais retiennent de Mme Hraoui son élégance exemplaire et son charme incontestable qui ont donné à son statut une dimension nouvelle, Mona Hraoui, elle, estime que cela ne pourrait être expliqué que par son entourage familial. « Ma mère était connue pour sa beauté et son élégance et me les a transmises », confie cette mère de deux enfants (Zalfa et Roland). Elle s'empresse, toutefois, de nuancer ses propos : « Il est très important de se conformer à son âge et aux diverses occasions qui dictent un style vestimentaire bien défini », précise-t-elle, notant que « tout comme le corps, l'esprit devrait être élégant, dans la mesure où les deux entités se complètent et ne peuvent être dissociées l'une de l'autre ».

Mais bien au-delà de son style vestimentaire, le succès de Mona Hraoui en tant que Première dame revient à plusieurs autres éléments. Consciente des circonstances politiques dans lesquelles son mari a été élu dixième président de la République après l'indépendance de 1943, cette femme qui suit les péripéties politiques de près n'a pas tardé à déceler le secret de la réussite dans le domaine de la chose publique : il faut être proche des gens et de leurs soucis quotidiens. « Après une guerre destructrice, j'ai voulu profiter de mon statut de Première dame pour aider les gens », indique-t-elle. « Je me suis particulièrement intéressée aux enfants atteints de diabète et de thalassémie », précise-t-elle.

C'est justement pour cette raison qu'en 1993, elle lance, avec la collaboration de jeunes volontaires, une grande campagne médiatique, et organise un téléthon au profit des enfants touchés par le diabète (de type I) et la thalassémie. La collecte de cette journée permet à l'ancienne Première dame de fonder le Chronic Care Center, qui ouvre ses portes en 1994 et accueille aujourd'hui 2 334 jeunes patients. Si certains seraient tentés d'expliquer le succès incontestable de cette initiative humanitaire par excellence, Mona Hraoui semble soucieuse de mettre les points sur les i : « Je reconnais que mon statut m'a aidée pour réaliser mes projets principalement axés sur l'action sociale. Mais pour mener à bien tout ce que j'ai planifié, c'est de l'honnêteté que j'ai usé, d'où la crédibilité dont bénéficie le centre, et qui permet à son équipe de poursuivre sa mission, afin d'aider le plus grand nombre de patients ».

 

La Fondation nationale du patrimoine
Convaincue que la Première dame est la face rayonnante de la République et complète les tâches – principalement politiques – du chef de l'État par ses œuvres culturelles et sociales, cette First Lady atypique s'est également intéressée au patrimoine riche et exceptionnel du Liban, et a œuvré pour sa préservation. À la faveur de cette logique, Mona Hraoui crée en 1996 la Fondation nationale pour le patrimoine. Revenant sur cet épisode marquant de son parcours, l'ancienne Première dame raconte : « À la demande de plusieurs personnalités et amis, dont Marwan Hamadé (actuel ministre de l'Éducation) et Ghassan Tuéni (ancien PDG du quotidien an-Nahar), j'ai accepté de présider cette fondation afin de réaliser un objectif bien déterminé, celui de rénover le musée national de Beyrouth. Cette institution représente la vitrine de la capitale, et elle est très riche, en dépit de sa petite superficie par rapport aux musées du reste du monde ». « En collaboration avec la Direction générale des antiquités, nous avons pu réaliser notre objectif au terme d'une grande campagne de mobilisation. »

« Le musée national a rouvert ses portes au grand public en octobre 1999 », rappelle Mme Hraoui, qui tient à faire valoir que ce site touristique comprend une boutique qui assure les frais de sa maintenance. Attachée à ce lieu si cher à la mémoire culturelle collective des Libanais, elle ne s'est pas contentée de le rénover, mais tente aujourd'hui, avec la fondation du patrimoine, de le diversifier en y incorporant un petit restaurant, ainsi qu'une salle de réunions. « À travers ce grand projet, je veux sensibiliser les gens à l'importance du musée et du reste des sites touristiques », souligne Mona Hraoui, rappelant par la même occasion que la Fondation du patrimoine a d'ailleurs créé le musée de ma vie rurale, à Terbol (Békaa), en 2004, puis un écomusée à Ras Baalbeck, en 2009. C'est aussi à travers les efforts déployés par la Fondation du patrimoine que Mona Hraoui a réhabilité le site touristique de Nahr el-Kalb.

 

Le prix Élias Hraoui
Si Mme Hraoui est fière de revenir sur son parcours, elle ne manque pas de souligner que l'ancien président de la République Élias Hraoui lui a donné une liberté qu'elle a su « utiliser » pour le bien de tous les Libanais. Onze ans après sa disparition, Mme Hraoui tente de garder vivant le souvenir du 10e chef de l'État, au moyen d'un prix décerné chaque année à une personnalité publique libanaise. Il s'agit notamment du chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, mais aussi des anciens ministres Michel Eddé (PDG de L'Orient-Le Jour) et Leila Solh Hamadé, ainsi que de l'artiste Abdel Halim Caracalla, en sa qualité de figure artistique rayonnante.

Près de deux décennies après la fin du mandat de son mari, Mona Hraoui a la conscience tranquille. Mais les jeunes générations restent au centre de ses préoccupations. Elle leur adresse ce message : « N'hésitez pas à intégrer le domaine politique parce que le pays a besoin de nouveaux visages. »

 

 

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