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Moyen Orient et Monde - Dans la presse israélienne

Crise d’identité chez les druzes du Golan

Des druzes de Majdal Shams manifestent en faveur du régime syrien en juin 2015. Photo archives Reuters

Terrorisme, réfugies, armes chimiques, insécurité... La guerre en Syrie est suivie avec beaucoup d'inquiétude en Israël depuis le déclenchement du conflit il y a près de sept ans. Mais personne n'aurait imaginé que le conflit syrien aurait un impact considérable sur la population druze du Golan occupé par Israël en 1967 puis annexé en 1981.

Les 25 000 druzes aujourd'hui présents sur les hauteurs du Golan sont répartis principalement dans quatre villages : Majdal Shams, Buq'ata, Masadeh et Ein Qiniyye. Ils sont restés fermement attachés à leur identité syrienne, malgré la présence d'une forte communauté druze en Israël, bien intégrée au sein de l'État hébreu.

Dans un article publié la semaine dernière dans le quotidien israélien Haaretz, le journal revient sur la crise identitaire qui déchire actuellement les druzes du Golan, notamment entre la nouvelle génération et les anciens qui sont nés en Syrie.
« La communauté druze du Golan a en grande partie refusé la citoyenneté en 1981. La majorité ont le statut de résident, ils paient leurs taxes et profitent des services civils, mais ils n'ont pas de passeport et doivent demander un visa à chaque sortie d'Israël, rapporte ainsi le quotidien. Sur leurs cartes d'identité israéliennes, il est écrit « non définie » dans la section de la nationalité », ajoute l'article du Haaretz.

Or, depuis quelques années, les données du ministère de l'Intérieur montrent qu'un nombre croissant de druzes a adopté la citoyenneté israélienne. « Sur 26 500 résidents, près de 5 500 ont demandé et reçu un passeport israélien depuis 1981. Le nombre annuel de candidats augmente constamment, avec 183 personnes ayant déposé des demandes en 2016 contre seulement cinq en 2000 », explique le journal.
Pour le Dr Salim Brake, un druze originaire de Majdal Shams, « les jeunes druzes ne sont pas aussi liés à leur passé syrien ». « Contrairement à leurs grands-parents et même à leurs parents, ils n'ont jamais visité leur famille en Syrie, ils parlent hébreu et connaissent bien la société israélienne ».
La guerre civile syrienne a exacerbé ces divisions générationnelles, explique le journal, car certains jeunes perçoivent le « héros » de leurs grands-parents, le président syrien Bachar el-Assad, comme un dictateur meurtrier.

« L'ancienne génération est syrienne, et elle le sait », explique Shefaa Abou Jabal, une jeune druze qui habite Haïfa et travaille pour une organisation israélienne des droits de l'homme. « Mais 2011 a été l'année où ma génération a été forcée de vraiment se demander ce que nous pensons et nous sentons au sujet de la Syrie. Est-ce que je veux être syrien ou israélien ? » Elle choisit de ne pas juger les membres de sa communauté qui ont décidé d'accepter l'identité israélienne.
« La vie est différente pour les jeunes maintenant, en particulier ceux qui ont étudié à Haïfa et à Tel- Aviv, note-t-elle. Pour Israël, la révolution syrienne est une aubaine. En disant : « Regardez ce que nous vous donnons ici en Israël et regardez ce qui se passe ici en Syrie. » Des jeunes n'ont plus peur d'encenser l'État hébreu et de penser à la citoyenneté israélienne. »

Ce n'est toutefois pas le cas de tout le monde, précise quand même le journal. Ainsi, Adham Pharhat, qui vend des sucreries dans un petit magasin à Buq'ata se demande : « Que puis-je demander de plus ? Je suis âgé de trente ans, je vis en sécurité, j'ai de l'argent, je profite des services sociaux, de l'éducation. En Syrie ? Vous pouvez oublier tout ça, dit-il en riant. Je suis fier de faire partie d'Israël. » Pourtant, il ne demandera pas la citoyenneté de sitôt, pour une raison exprimée par beaucoup : « C'est irrespectueux pour l'ancienne génération. » Pour celle-ci, l'adoption de la citoyenneté israélienne est vue comme une insulte à leur histoire.

« Je ne me sens pas toujours la bienvenue dans la société israélienne, il y a définitivement beaucoup de discrimination », affirme pour sa part Mona qui vit à Buq'ata avec son mari et ses enfants. « Mais on doit l'accepter. C'est notre seul pays », conclut-elle.

 

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