Les deux derniers discours du secrétaire général du Hezbollah, prononcés à 24 heures d'intervalle, ont été considérés comme particulièrement violents à l'égard des Israéliens. Hassan Nasrallah s'est même adressé pour la première fois directement aux juifs en général et aux Israéliens en particulier, pour leur conseiller de ne pas faire confiance à leur commandement actuel, qui ne dispose selon lui ni des informations suffisantes ni des plans et des moyens adéquats pour les protéger. Avec son éloquence habituelle, Nasrallah a tenté ainsi une nouvelle forme de guerre psychologique qui vise à semer le doute dans les esprits et à provoquer une crise de confiance entre les Israéliens et leurs leaders politiques et militaires.
L'avenir dira si cette nouvelle tactique portera ses fruits, mais son adoption marque déjà un tournant dans l'attitude du Hezbollah dans le conflit qui l'oppose aux Israéliens. Hassan Nasrallah ne se présente plus en effet en position de défense. Dans ses discours, il passe désormais à l'attaque directe, comme s'il est en position de force et comme si une éventuelle guerre contre Israël n'est plus à l'ordre du jour. En gros, c'est comme si la force acquise par le Hezbollah au cours des dernières années, dans le cadre de sa participation à la guerre en Syrie et même en Irak, lui permet désormais de considérer que la probabilité d'une réédition du scénario de juillet et août 2006 n'est plus vraiment possible. C'est pourquoi « le sayyed » s'intéresse désormais à l'intérieur israélien et aux relations entre la population et ses chefs politiques et militaires.
(Lire aussi : Nasrallah invite « les juifs non sionistes » à quitter la région)
Toutefois, cette force grandissante du Hezbollah, qui selon les médias israéliens eux-mêmes est classé désormais comme « la deuxième armée » du Moyen-Orient, ne peut pas laisser les Israéliens et leurs alliés indifférents. C'est dans ce cadre que dans l'un des deux discours prononcés à l'occasion de la commémoration de la Achoura, Hassan Nasrallah a aussi prévenu ses partisans contre la grande offensive dont le Hezbollah va forcément être la cible. Il leur a clairement dit que plus le parti va remporter des victoires et se renforcer, plus grandes seront les attaques contre lui. Certains ont immédiatement vu dans ces propos un indice sur l'existence d'un plan caché pour porter un coup fatal au parti chiite, même si aucune information précise ne filtre sur ce sujet de l'intérieur de la formation.
Des sources proches du 8 Mars confirment ainsi que le plan d'une nouvelle guerre israélienne est écarté pour l'instant, puisque, comme le disent les médias israéliens et comme l'a souligné Nasrallah lui-même, l'armée israélienne n'est pas en mesure à l'heure actuelle de mener une offensive terrestre d'envergure contre le Hezbollah au Liban. En dépit des dernières manœuvres qu'elle a effectuées à la frontière libanaise, le principal souci de l'armée israélienne est actuellement d'éloigner le Hezbollah de ses propres lignes, en Syrie et au Liban, plutôt que de chercher à l'affronter.
(Lire aussi : Initiative chiite élargie contre le Hezbollah)
Cette constatation pousse les sources précitées à estimer que l'offensive envisagée contre le Hezbollah ne sera pas nécessairement militaire. Elle est déjà économique et financière. Mais même avec les nouvelles sanctions américaines, rien ne garantit un affaiblissement du parti dans un proche avenir.
Selon les mêmes sources proches du 8 Mars, il ne reste donc plus que la possibilité de provoquer des problèmes intérieurs, puisque c'est là en réalité le flanc faible du Hezbollah en raison de la diversité libanaise et de l'impossibilité d'exploiter au Liban les victoires remportées à la frontière et même au-delà.
Selon ces sources, le scénario le plus probable serait de travailler sur la division politique interne à propos de sujets fondamentaux. Le dossier des déplacés syriens pourrait être une bonne matière à exploiter, mais le problème, c'est que désormais, la plupart des Libanais considèrent la présence massive des déplacés syriens sur leur territoire comme un poids insoutenable. Plus personne (ou très peu de groupes) ne serait prêt à mener une bataille (même verbale) contre le Hezbollah sur ce sujet, sachant que dans les localités chiites aussi bien que sunnites, druzes et chrétiennes, les habitants se plaignent de la présence des déplacés syriens. Dans le contexte actuel, ce dossier n'est donc pas exploitable. D'autant plus que le projet n'est pas nécessairement de provoquer des affrontements internes, mais plutôt de pousser le Hezbollah à sortir de ses gonds (certains disent montrer son vrai visage), pour se mettre à dos les autres composantes du tissu national.
(Lire aussi : Le Hezbollah va-t-il se faire l’intermédiaire d’un retour massif des réfugiés syriens ?)
Les sources proches du 8 Mars estiment cependant qu'il existe un sujet qui pourrait pousser le Hezbollah à perdre son calme, c'est celui de la normalisation de facto des relations avec Israël, qui pointe régulièrement à l'horizon, que ce soit dans le cadre d'événements culturels ou sociaux, judiciaires ou encore tout simplement humains. Le rapprochement potentiel – dont il est de plus en plus question dans les médias – entre des dirigeants du Golfe et des responsables israéliens actuels ou anciens pourrait servir de point de départ à une nouvelle polémique au Liban. Des voix pourraient ainsi s'élever pour considérer que la plus grande partie du territoire libanais ayant été libérée, il n'est plus nécessaire de considérer les Israéliens comme des ennemis, d'autant que de plus en plus de gouvernements arabes sont en train de modifier leur position au sujet du conflit israélo-palestinien. De plus, la volonté de l'actuel président américain de se consacrer au règlement de ce dossier pourrait donner une couverture politique internationale à ces voix libanaises qui se transformeraient en courant. Ce qui devrait provoquer une réaction violente de la part du Hezbollah...
Lire aussi
Nasrallah accuse Riyad de vouloir semer la division au Liban et dans la région
commentaires (9)
c'est a mourir de rire. Les Israéliens ont tellement les pétoches de déplaire au Sayyed qu'ils n'osent plus moufter hein ? sauf la petite centaine de raid aériens sur les installations du Hezb-resistant-héros-blabla qui n'a répondu que par des discours. mais attention! agressifs les discours! tu parles d'une guerre psychologique. Vu d'ici, l’hébreu fait la guerre et le Sayyed fait de la psychologie LOLLLL
Lebinlon
16 h 15, le 06 octobre 2017