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À La Une - Irak

Bagdad accentue la pression sur le Kurdistan irakien à 10 jours du référendum

Le Parlement vote à l'unanimité, à l'appel du Premier ministre Haider al-Abadi, le limogeage du gouverneur de la province disputée de Kirkouk, Najm Eddine Karim.

Des Kurdes irakiens manifestant en faveur de l'indépendance du Kurdistan, le 13 septembre 2017, à Erbil. AFP / SAFIN HAMED

Bagdad a accentué jeudi sa pression sur le Kurdistan irakien en limogeant le gouverneur de la province disputée de Kirkouk qui avait pris parti pour le référendum kurde d'indépendance.

Mardi déjà, le Parlement fédéral avait voté contre cette consultation prévue le 25 septembre et qui a déjà provoqué des remous dans l'ensemble de la région, les pays voisins redoutant que les velléités séparatistes d'Erbil ne fassent tache d'huile parmi leur minorité kurde.
Jeudi, il a voté à l'unanimité des 173 députés présents, à l'appel du Premier ministre Haider al-Abadi, le limogeage de Najm Eddine Karim. Le gouverneur kurde de la riche province pétrolière de Kirkouk avait en effet annoncé fin août qu'il y organiserait le référendum kurde, contre l'avis de Bagdad alors que Kirkouk n'est pas rattachée au gouvernement local d'Erbil.

A mesure qu'approche le rendez-vous électoral du 25 septembre, le bras de fer entre Bagdad et Erbil ne cesse de s'accentuer, à coup de votes contestés et de rumeurs de plus en plus persistantes sur de possibles violences à venir.
Fin août, le conseil provincial de Kirkouk votait pour organiser le référendum, en l'absence de ses membres arabes et turkmènes qui avaient appelé au boycott. Mardi, les députés kurdes quittaient en signe de protestation le Parlement à Bagdad.

Le Parlement d'Erbil, qui n'a pas siégé depuis plus de deux ans, tiendra vendredi une session pour donner "un cadre légal" au référendum, selon le porte-parole de cette assemblée, Tariq Jawhar.
La question des zones disputées, comme Kirkouk, est particulièrement sensible en Irak et le référendum pourrait faire exploser la situation.

 

(Lire aussi : Les Kurdes de Syrie préparent les premières élections dans la "région fédérale")

 

"Guerre civile"
Dans la province de Kirkouk par exemple, la rumeur va grandissante, assurant que les différentes communautés s'approvisionnent en armes, tandis que de nombreuses forces armées paramilitaires se sont installées un peu partout dans le pays, à la faveur de l'avancée des troupes face aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI) en déroute.
Dans la ville même de Kirkouk, les peshmergas, les combattants kurdes, ont pris de fait le contrôle de la sécurité, tandis qu'aux alentours, des unités paramilitaires chiites se sont déployées.

Hadi al-Ameri, le chef de l'organisation Badr, puissant groupe paramilitaire soutenu par Téhéran, a violemment dénoncé récemment les ambitions séparatistes des Kurdes susceptibles selon lui d'ouvrir la porte aux velléités des sunnites ou d'autres minorités. "Une partition mènera à la guerre civile", a lancé lors d'un discours cet influent commandant chiite. "Nous n'allons pas tomber d'accord sur les frontières entre Arabes et Kurdes, nous n'avons pas d'autre choix que de protéger l'unité de l'Irak, sa souveraineté, son honneur et son indépendance", a-t-il martelé.

 

 (Lire aussi : Pourquoi l'indépendance kurde est loin de faire l'unanimité)

 

Les responsables kurdes affirment qu'une victoire du "oui" au référendum n'entraînera pas aussitôt l'annonce de l'indépendance mais leur permettra de lancer, en position de force, de nouvelles négociations avec le pouvoir à Bagdad.

Les pays voisins, Téhéran et Ankara en tête, appellent toutefois toujours à annuler cette consultation.
Jeudi, la Turquie a averti que la tenue du référendum "aura un prix", une opposition susceptible de compromettre la viabilité d'un éventuel Etat kurde car le Kurdistan irakien tire ses principales recettes de l'exportation de pétrole via un pipeline arrivant au port turc de Ceyhan.
Washington et de nombreux pays occidentaux appellent aussi à repousser ou annuler le référendum, estimant qu'il entravera la lutte contre l'EI, qui tient encore deux bastions en Irak.

Quant aux 5,5 millions de Kurdes appelés à se prononcer pour ou contre l'indépendance du Kurdistan irakien -qui bénéficie depuis 1991 d'une autonomie qui s'est élargie au fil des ans-, ils sont, eux, divisés sur la question du calendrier du vote.

 

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Bagdad a accentué jeudi sa pression sur le Kurdistan irakien en limogeant le gouverneur de la province disputée de Kirkouk qui avait pris parti pour le référendum kurde d'indépendance.
Mardi déjà, le Parlement fédéral avait voté contre cette consultation prévue le 25 septembre et qui a déjà provoqué des remous dans l'ensemble de la région, les pays voisins redoutant que les...

commentaires (3)

C'est compréhensible les "craintes" de certains pays ...qui comptent parmi leurs populations de millions de kurdes. Mais est-ce une raison pour les en empêcher d'avoir leur patrie ? Est-ce raisonnable ? Est-ce humain ? Demain, une fois le Kurdistan sera en place tous ces pays voudront être les premiers à le reconnaître. (diplomatie oblige) Il ne sera pas possible que les kurdes disposent leur pays partout où ils ont des populations. (c'est évident) Pour mettre tout le monde d'accord sur les modalités, et le plan de ce futur état, Il ne serait pas souhaitable qu'une conférence internationale s'organise afin d'étudier les contours de ce projet d'un Kurdistan ? Pas facile dans ce monde d'égoïsme ...non, pas facile !

Sarkis Serge Tateossian

19 h 02, le 14 septembre 2017

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Commentaires (3)

  • C'est compréhensible les "craintes" de certains pays ...qui comptent parmi leurs populations de millions de kurdes. Mais est-ce une raison pour les en empêcher d'avoir leur patrie ? Est-ce raisonnable ? Est-ce humain ? Demain, une fois le Kurdistan sera en place tous ces pays voudront être les premiers à le reconnaître. (diplomatie oblige) Il ne sera pas possible que les kurdes disposent leur pays partout où ils ont des populations. (c'est évident) Pour mettre tout le monde d'accord sur les modalités, et le plan de ce futur état, Il ne serait pas souhaitable qu'une conférence internationale s'organise afin d'étudier les contours de ce projet d'un Kurdistan ? Pas facile dans ce monde d'égoïsme ...non, pas facile !

    Sarkis Serge Tateossian

    19 h 02, le 14 septembre 2017

  • IL N,Y A PAS UN KURDE QUI NE VA PAS VOTER POUR L,INDEPENDANCE DU KURDISTAN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 17, le 14 septembre 2017

  • Depuis 1918, les Kurdes attendent l'application d'une résolution de la SDN (Société des Nations) ancêtre de l'ONU, pour l'édification de la Nation Kurde sur ses terres éparpillées en Turquie, en Syrie et en Iran.

    Un Libanais

    15 h 28, le 14 septembre 2017

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