Geagea : Qui a permis la fuite des jihadistes de l'EI ?

Le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, a appelé dimanche à une révolution blanche du peuple et s'en est pris au Hezbollah. Il est revenu dimanche sur la bataille victorieuse de l'armée libanaise contre le groupe Etat islamique à la frontière libano-syrienne.

Cette bataille s'était soldée par un accord entre l'EI et le Hezbollah sur l'évacuation des combattants islamistes vers la Syrie et la remise des dépouilles de dix soldats libanais pris en otage par le groupe jihadiste en août 2014 à Ersal. Un hommage national avait été rendu vendredi à ces dix martyrs de l'armée. Une enquête sur les circonstances sur l'enlèvement et la mort de ces militaires a été ouverte.

"Les armes du vote et de la démocratie sont les seules pouvant vous garantir le déclenchement d'une révolution blanche qui vous permettra de vous débarrasser de tous vos problèmes", a affirmé M. Geagea lors d'une messe en hommage aux martyrs FL à Maarab.

(Lire aussi : Affaire des militaires tués : Aoun appelle les Libanais à attendre les résultats de l'enquête)

"Fausses vérités"
"Tout le monde savait que les militaires, vivants ou morts, étaient aux mains de l'EI qui était pris en étau et que l'armée libanaise allait de toute façon les récupérer", , dénonçant les "réalités manipulées" et les "fausses vérités".

Lors des funérailles nationales, le président Aoun avait dénoncé "les positions floues de certains responsables de l'époque", en allusion au gouvernement de l'ex-Premier ministre Tammam Salam, sous le mandat du président Michel Sleiman. Plusieurs responsables politiques ont également pointé du doigt les responsabilités du pouvoir en place.

"Nous sommes en faveur d'une enquête complète", a ajouté le leader des FL, ajoutant que "le plus important est de savoir qui a permis la fuite des combattants de l'EI échappant ainsi à la justice", en référence au Hezbollah.

"L'armée libanaise est la seule protectrice du Liban et de la même façon que la troupe a planté le drapeau libanais sur les hauteurs de Qaa et de Ras Baalbeck, elle doit le planter sur toute la frontière", a déclaré M. Geagea qui a vivement critiqué, sur un ton très ferme, le positionnement politique du Hezbollah sur la scène libanaise et son projet transnational, dénonçant sur ce plan l'existence d'un arsenal militaire illégal, en l'occurrence celui du parti chiite.

(Lire aussi : À travers le Liban, des villages accompagnent les soldats vers leur dernière demeure)

L'entente de Maarab "essentielle"
Le chef des FL a ensuite évoqué l'entente de Maarab, scellée entre son parti et le Courant patriotique libre en janvier 2016. "Cette entente est essentielle, particulièrement sur le plan du partenariat islamo-chrétien, car elle trace l'avenir du Liban", a-t-il déclaré, en présence notamment du député Ibrahim Kanaan, représentant le chef de l'Etat, Michel Aoun, soulignant que cet accord perdurera.

Sur un autre plan, M. Geagea est revenu sur le conflit en Syrie et ses conséquences sur le Liban. "Frapper l'EI et le Front al-Nosra (appelé aujourd'hui Fateh el-Cham) est une bonne initiative mais pour aboutir à une solution définitive, il faut également éliminer leur créateur, à savoir le régime syrien", a-t-il affirmé.

Le leader du parti chrétien a par la suite évoqué la question des réfugiés syriens. "Ceux qui disent qu'il faut coopérer avec le régime syrien sur ce dossier font de l'humour", a-t-il réagi, ajoutant que "le Liban, qui a accueilli à bras ouverts les réfugiés syriens dans un but humanitaire, ne peut plus supporter cette charge". "Plutôt que de pousser vers un accord avec le régime, que les prisonniers libanais et les disparus nous soient rendus", a-t-il lancé.

Pour mémoire

Bataille des jurds : Après Riyad, Londres s'invite dans la fracture politique

Militaires otage exécutés : Jreissati lance le processus judiciaire

Les familles des militaires en veulent à Machnouk et au Hezbollah