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Liban - Lignes à haute tension

« Non au chantage, oui au dialogue », répond l’État aux habitants de Aïn Najm

Les travaux d'installation des câbles électriques aériens ont commencé hier et se poursuivront dans les prochains jours.

Pylône à proximité du gymnase d’une école. Le gymnase a été construit en 2016. Le pylône existait déjà.

Deux développements se sont succédé hier dans l'affaire de l'installation des lignes aériennes à haute tension à Aïn Najm (qui dépend de trois municipalités, Aïn Saadé, Fanar et Beit-Méry). Déployées à l'aube et en nombre impressionnant dans le secteur des pylônes 6 et 7, non loin de la Sagesse High School, les forces de l'ordre ont empêché les protestataires de l'ensemble résidentiel maronite de Aïn Saadé de sortir de chez eux et bloqué les routes à la circulation sur l'axe routier. C'est donc sans aucune résistance que les travaux se sont poursuivis. « Les ouvriers ont même entamé l'installation des câbles et poursuivront le travail dans les prochains jours », affirme à L'Orient-Le Jour le conseiller du ministre de l'Énergie, Ghassan Khoury.

 

(Pour mémoire : Câbles de haute tension : les habitants du Metn accusent le gouvernement de louvoyer)

 

Responsabilité morale du patriarcat maronite
Au même moment, des représentants des habitants mécontents ont été reçus à Bkerké par le vicaire patriarcal maronite, l'évêque Samir Mazloum, en l'absence du patriarche Béchara Raï qui se trouvait à Dimane. Les habitants ont expliqué au responsable religieux les détails de l'affaire, dénonçant la grande proximité des lignes à haute tension de leurs habitations et les risques potentiels pour la santé des champs électromagnétiques et électriques. Ils ont réclamé, une fois de plus, l'installation souterraine de la haute tension. « C'est sur la responsabilité morale du patriarcat à l'égard de toutes les personnes lésées qu'ont particulièrement insisté les représentants, lance à L'Orient-Le Jour Carole Ibrahim, habitante de Aïn Najm.

Car les habitants ont acheté leurs logements sur un projet réalisé et construit par l'archevêché maronite de Beyrouth à l'intention des familles à revenu limité, et sur des terrains appartenant à l'institution maronite. » Et d'affirmer que nombre d'habitants « résidaient déjà dans la zone », bien avant le projet d'installation de la haute tension. « Lorsque nous avons acheté nos logements à l'archevêché, nul ne nous a avertis que des lignes aériennes à haute tension devaient passer par là », renchérit une habitante du projet d'habitations populaires, Dalal Melhem. « Sans oublier que la région est truffée d'établissements éducatifs, et que, pour installer les câbles de haute tension, les équipes techniques doivent obligatoirement emprunter les terrasses de nos immeubles », poursuit-elle.

 

(Pour mémoire : S. Gemayel : Nous ferons face à l’installation, par la force, des câbles de haute tension)

 

Dédommager les habitants lésés
La question qui se pose aujourd'hui est de savoir si l'archevêché maronite était au courant que la haute tension devait passer sur ses terrains. « Nous n'en savons rien, répond Mme Melhem. Ce que nous savons, par contre, c'est qu'on nous abreuve de bonnes paroles, c'est aussi que les forces de l'ordre s'invitent dans nos propriétés sans demander notre avis, comme si nous n'existions pas. » Ces habitants seraient-ils prêts à vendre leurs biens à l'État qui a fait part de sa disposition à acheter les logements des personnes qui s'estiment lésées ? « Jamais l'État n'a proposé de nous dédommager », lance tout de go la résidente. « Sur 200 appartements répartis dans 24 blocs d'habitations, aucun habitant n'a jamais reçu la moindre offre d'achat, martèle-t-elle, invitant pour la énième fois l'État à envisager la solution souterraine. Après tout, cette solution a bien été adoptée à Mkallès. Pourquoi pas à Aïn Saadé ? »

Quelle sera aujourd'hui la réponse des autorités ? « Nous sommes disposés à faire un pas en direction des habitants, dans le sens d'un dédommagement possible. Mais nous ne céderons pas au chantage, affirme Ghassan Khoury. L'installation de la haute tension aérienne se poursuivra donc, car nous sommes soucieux d'assurer de l'électricité à toute la population. » Le conseiller du ministre César Abi Khalil rappelle les décisions prises par le Conseil des ministres pour dédommager les habitants qui s'estiment lésés. Le ministère est donc « prêt à dialoguer avec les habitants, trouver avec eux les alternatives possibles », assure-t-il. « Nous sommes aussi en train de mettre en place une nouvelle étude d'estimation des appartements », dit-il. Mais, en même temps, M. Khoury se demande comment ces résidents ont acheté leurs logements sans s'assurer au préalable de la teneur du titre foncier. « Ils auraient vu que ces logements étaient construits sur la trajectoire de lignes à haute tension », note-t-il. Pire encore, constate-t-il, « des constructions se poursuivent », à proximité de la ligne à haute tension...

 

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