Le grand retour du tailleur-pantalon

Dans les métiers de la couture, on continue à distinguer le « tailleur », consacré au vêtement masculin, du « couturier flou », spécialiste du vêtement féminin et des tissus vaporeux. Le tailleur féminin pourrait donc passer pour une hérésie, avec ses coupes au cordeau et ses textures sèches et rigides. Curieusement, il a pourtant été le premier signe de libération de la femme, dès la Révolution française, la veste étroite portée sur quantité de jupons et même une crinoline, offrant une alternative confortable à l'étouffant corset. En toute logique, à la sortie de la Première Guerre mondiale, avec la récupération populaire des surplus militaires, le tailleur devient dans les années 20 une pièce maîtresse du vestiaire féminin, recoupé et réinventé par Chanel, Patou et Lanvin. Il s'éclipse ensuite pour reprendre la vedette dans les années 40, un peu pour les mêmes raisons, mais sublimé par Dior à travers notamment la veste « Bar ». Avec ses épaules arrondies et sa coupe courte et cintrée, celle-ci, comme son nom l'indique, a été créée pour permettre à une femme de s'asseoir à un bar. Yves Saint Laurent le sublime en smoking. Avec l'avènement de la « Working girl », le tailleur refait son come-back dans les années 80 en version pantalon sous la férule de Margaret Thatcher et se ringardise à nouveau. L'hiver 2017-2018 le remet à l'honneur, mais plus souple, plus ample, plus déconstruit, plus sensuel, plus nonchalant, manches retroussées, col redressé. Une féminité toute en attitude.