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Culture - Design

Karl Chucri et Rami Boushdid sur leurs chariots de feu

Pour le duo de jeunes designers de Studio Caramel, le succès a plutôt un parfum de spiritueux. Et pour cause, c'est leur « Chariot-Bar » conçu pour un célèbre restaurant de Beyrouth qui les a lancés.

Karl Chucri et Rami Boushdid, duo complice et complémentaire du Studio Caramel. Photo Noor Semaan

Karl Chucri et Rami Boushdid se sont rencontrés en architecture d'intérieur à l'Académie libanaise des beaux-arts (ALBA). Le premier a été poursuivre son master à l'IED de Madrid et le second à la Scuola politecnica di design de Milan. Quelques stages plus tard, ayant glané l'un et l'autre assez d'expérience pour confirmer leur vocation de designers (un passage chez Christian de Portzamparc, une année de pratique chez FaR Architects et une autre chez Nada Debs pour Karl Chucri ; un an de travail dans le studio de l'un de ses professeurs milanais pour Rami Boushdid), ils se lancent, en février 2016, en tandem, sur la scène beyrouthine du design de produits. Sans refuser, pour autant, les projets d'architecture intérieure.

Bien qu'ils aient placé leur collaboration sous le signe du Caramel, les créations de ce duo n'ont rien à voir avec ce bonbon. Autant prévenir immédiatement : on ne trouvera rien de sucré chez ces designers, sinon la parfaite entente qui règne entre eux. Une complémentarité idéale entre le blond rêveur de 27 ans et le brun pragmatique de « bientôt 25 ans », qu'ils se devaient de traduire jusque dans le nom de leur studio. Baptisé donc Caramel, en référence, signalent-ils, à la réunion des premières syllabes de leurs deux prénoms (ca comme Carl – même s'il l'écrit Karl... – et ra comme Rami), « et parce qu'un nom aussi gourmand dans ce domaine, ça ne s'oublie pas », leur label exprime donc une association heureuse. Et dispensatrice de bonheur pour les amateurs d'un design en pièces uniques, sinon en éditions limitées.

Car c'est surtout sur commande que le tandem travaille. Que ce soit pour un établissement public ou des particuliers, tout part d'une exigence précise : un bar, une table roulante, un meuble à étagères, du mobilier de jardin, des chaises de salle à manger : toutes les pièces qu'ils ont dessinées jusque-là sont nées de projets sur mesure. À l'instar de ce fauteuil singulier composé de deux demi-cercles métalliques encastrés dans une structure linéaire, qu'ils ont conçu à l'occasion d'une exposition organisée par la Fondation Aïshti et Bokja, autour du thème de la sphère en design. Un siège qui, sous son aspect ludique, cache une ergonomie étudiée pour être ultraconfortable, assurent ses créateurs qui l'ont d'ailleurs baptisé « Indolente ».

 

Mouvement de ballet
S'ils peuvent passer de l'inspiration la plus insolite à la plus classique, les deux jeunes designers soignent le détail et la finition, dans une quête permanente d'élégance et de luxe discret. Fans de lignes nettes et architecturées, influencés par l'école du Bauhaus et l'esprit des années 50, leur style, évidemment contemporain, est un équilibre entre sophistication et solidité. En témoigne « Alegria », un meuble à étagères, en noyer et barres d'acier ponctué de détails en laiton. À la fois aéré et robuste, «il répondait à un besoin spécifique de bibliothèque n'obstruant pas la lumière d'une baie vitrée », indiquent-ils.

Autre caractéristique de ce duo : leur parti pris pour l'intemporalité, qui se traduit chez eux par une attention soutenue aux éléments amovibles et encastrables. Ils privilégient ainsi tout ce qui permet à un meuble de se démonter aisément, et d'une certaine façon de s'accommoder des fréquents déplacements et changements d'intérieurs.

« Car ce qui nous attire particulièrement dans ce domaine, c'est l'attachement que peut générer un meuble ou un objet et sa transmission au fil des générations. Du coup, nous réfléchissons au moyen de le faire perdurer », confie Karl Chucri. Des chaises de salle à manger aux lignes pures et au coussin du siège enveloppé d'une housse de cuir interchangeable seront ainsi plus facilement modulables sur la durée. C'est le cas de celles que le duo a créées, « à partir d'un mouvement de ballet ». Baptisées « Étreinte », car leur structure métallique incurvée reproduit un gracieux mouvement d'enlacement, le bois clair de leurs dossiers et le cuir naturel de leurs sièges respectent le mélange de matières et d'amovibilité qui fait la signature du Studio Caramel.

 

Revival de la table roulante
Entre deux projets, Karl Chucri et Rami Boushdid ont aussi réinventé pour Squad Design le tabouret d'extérieur. Sur une base cubique à grillage métallique coloré, offrant l'alternative de servir de rangement, une assise de bois pouvant incorporer un coussin, joue à la fois le siège, la table d'appoint, et même rapprochés, le banc de jardin.

Sinon, ces deux-là ont un faible pour la table roulante. On leur doit, d'une certaine manière, son « revival ». De ce meuble désuet, confiné dans les coins de salles à manger des appartements d'avant-guerre, ils ont recréé une version plus adaptée aux exigences du temps présent : un bar mobile, plus en hauteur avec différents niveaux de plateaux pour faciliter la préparation des drinks. Rebaptisé « Chariot-Bar » et doté de roues à l'ancienne, inspirées de celles d'un grand bi (l'ancêtre du vélo, avec une roue avant d'un très grand diamètre et une arrière beaucoup plus petite), cette pièce à la fonctionnalité renouvelée et à la présence sophistiquée leur a valu des articles élogieux dans Wallpaper Magazine et le Financial Time. Elle leur a surtout ouvert les vannes d'une inspiration foisonnante s'exprimant par de nombreuses variations, avec de nouvelles matières et plus de couleurs, autour de ce même produit. Devenu en quelque sorte leur fer à cheval, leur chariot de feu...

Karl Chucri et Rami Boushdid se sont rencontrés en architecture d'intérieur à l'Académie libanaise des beaux-arts (ALBA). Le premier a été poursuivre son master à l'IED de Madrid et le second à la Scuola politecnica di design de Milan. Quelques stages plus tard, ayant glané l'un et l'autre assez d'expérience pour confirmer leur vocation de designers (un passage chez Christian de...

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