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Économie - Finance

Moody’s dégrade la note souveraine du Liban

L'agence presse le gouvernement de réduire durablement sa dette publique, ainsi que le déficit de sa balance courante.

En dégradant la note du Liban, Moody’s adresse un avertissement sérieux au gouvernement, selon plusieurs banquiers. Archives AFP

Moody's a abaissé d'un cran ce week-end la note souveraine de la dette libanaise, de B2 à B3, tout en relavant sa perspective de « négative » à « stable ». C'est la première fois depuis décembre 2014 que l'agence de notation américaine dégrade la note du pays du Cèdre.
« Avec ce B3, Moody's s'aligne sur Fitch et Standard & Poor's », indique à L'Orient-Le Jour le directeur du département de recherche de Byblos Bank, Nassib Ghobril. Fitch avait en effet dégradé la note du Liban de B à B- en 2016, un pas que S&P avait déjà franchi en 2013. « Un B3 chez Moody's correspond à un B- pour Fitch et S&P », explique M. Ghobril.

 

(Lire aussi : Moody’s applaudit à l’adoption des nouvelles taxes par le Parlement libanais)

 

Livre pas menacée à moyen terme
Moody's, qui avait pourtant salué un mois plus tôt l'adoption, le 19 juillet par le Parlement, des mesures fiscales devant permettre de financer la nouvelle grille des salaires de la fonction publique, justifie sa décision en mettant en avant la « hausse continue de la dette ». Selon l'agence, cette dernière devrait atteindre 140 % du PIB en 2018, contre 121 % en 2011, si l'État ne parvient pas à contrôler ses dépenses et réduire son déficit budgétaire – qui a atteint un niveau record en 2016, à 4,94 milliards de dollars, (+ 25,1 % en un an). Fin juin, la dette publique avait atteint 76,1 milliards de dollars (+4,9 % en un an et +2,1 % depuis fin 2016).

« En dégradant la note du Liban, Moody's adresse un avertissement sérieux au gouvernement et le presse de relancer le processus de réforme fiscale en réduisant notamment ses dépenses », a encore commenté M. Ghobril. Un constat confirmé par l'agence, qui précise qu'elle relèvera la note du pays si ses autorités parviennent à réduire durablement sa dette publique ainsi que le déficit de sa balance courante. « La livre n'est pas menacée à moyen terme, mais il faudra s'attendre à d'importantes répercussions d'ici à deux ans si le gouvernement continue de perdre du temps », lâche une source bancaire anonyme.
Moody's juge en outre sévèrement l'efficacité des nouvelles mesures fiscales votées pour financer les plus de 793 millions de dollars que doit coûter le relèvement de la grille, estimant qu'elles « ne suffiront pas à réduire le déficit budgétaire en 2017 et en 2018 ». L'agence note également que « l'absence de budget ralentit la mise en place de réformes », ajoutant que sa ratification tardive, plusieurs mois après l'adoption du projet de loi de finance (le 27 mars) ne permettra pas « de stopper l'érosion » de la solidité financière du pays. Selon le ministère des Finances, le projet de budget pour 2017, toujours examiné en commission, table sur un déficit en baisse de 2,2 % par rapport à fin 2016, à 4,8 milliards de dollars.

 

(Pour mémoire : S&P maintient une perspective « stable » pour la note du Liban)

 

Les analystes de Moody's ont enfin justifié la perspective « stable » en invoquant le consensus politique atteint fin 2016 et qui a permis, selon eux, de rétablir le fonctionnement des institutions et attirer des dépôts bancaires. L'agence ajoute que le pays a démontré par le passé qu'il était capable d'honorer le service de sa dette dans des « conditions difficiles », saluant notamment l'impact de la hausse des dépôts qui ont permis de « compenser » le déficit de la balance courante (qui mesure l'ensemble des transactions économiques d'un pays avec le monde, NDLR) et de gonfler les réserves en devises de la Banque du Liban. Selon Moody's, le Liban aurait besoin que les dépôts bancaires augmentent de 9 milliards de dollars cette année pour que le pays assure sa stabilité financière, rappelant que ceux-ci avaient déjà augmenté de 5,5 milliards de dollars à fin juin (à 167,7 milliards de dollars ; +8,5 % en un an).

Il reste que la dynamique actuelle des dépôts est en partie liée aux opérations d'ingénierie financière lancée par la BDL, un terme qui se réfère aux opérations menées par cette dernière en 2016 avec des banques libanaises. La BDL leur avait échangé plusieurs milliards de dollars de titres de dette publique en devises et leur avait racheté dans le même temps des obligations publiques pour un montant équivalent. Une opération confirmée par la BDL et que Moody's avait jugé risquée en octobre 2016, estimant qu'elle avait pour effet d'accroître l'exposition des banques à la dette publique.
De fait, plusieurs sources bancaires ont indiqué que la BDL avait démarché les banques locales cet été, leur proposant des formules avantageuses portant sur des montants moins élevés qu'en 2016 pour continuer de doper leurs dépôts en devises. Contacté par L'Orient-Le Jour, le service de presse de la BDL n'a pas confirmé l'existence de ces opérations.

 

Pour mémoire

Fitch maintient la note souveraine du Liban

Moody's a abaissé d'un cran ce week-end la note souveraine de la dette libanaise, de B2 à B3, tout en relavant sa perspective de « négative » à « stable ». C'est la première fois depuis décembre 2014 que l'agence de notation américaine dégrade la note du pays du Cèdre.« Avec ce B3, Moody's s'aligne sur Fitch et Standard & Poor's », indique à L'Orient-Le Jour le directeur...

commentaires (3)

On est tjrs loin de la dégradation des notes sur la Grèce, pays européen en plus , pas en guerre ni en situation de catastrophe complotiste aiguë.

FRIK-A-FRAK

16 h 25, le 29 août 2017

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Commentaires (3)

  • On est tjrs loin de la dégradation des notes sur la Grèce, pays européen en plus , pas en guerre ni en situation de catastrophe complotiste aiguë.

    FRIK-A-FRAK

    16 h 25, le 29 août 2017

  • SI ON NE SE CONCENTRE PAS SUR LA DIMINUTION DE LA DETTE ETATIQUE ET ON NE DIMINUE PAS LES CHARGES PUBLIQUES EN ASSAINISSANT LE SECTEUR PUBLIC ET EN ENCAISSANT LES IMPOTS ET TAXES SUR L,ACCAPAREMMENT DE TOUT LE LITTORAL PAR LES REQUINS A DEUX PIEDS ON REJOINT INDUBITABLEMENT LA VOIE DOULOUREUSE DE LA GRECE... FALLAIT PAS VOTER LA GRILLE DES SALAIRES ET FAUT COUPER URGEMMENT LES CHARGES DU SECTEUR PUBLIC CELUI DES PETITS ET SURTOUT CELUI DES INCAPABLES GRANDS RESPONSABLES DES DEBOIRES DU PAYS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 14, le 29 août 2017

  • Le savoir-faire et le contorsionisme financier de notre magicien gouverneur de la BDL ne suffiront plus pour éviter au pays une faillite sévère à la Grecque dans quelques années si nos politiciens ne se penchent pas urgemment sur un budget de crise, contrôler le gaspillage et la corruption rampants ainsi que la dette nationale qui devient énorme et réaliser que la manne financière de l'étranger s'est tarie tant que le pays est sous domination Iranienne et que la région demeure en instabilité chronique! Or, ce seront toujours les mêmes qui subiront les terribles conséquences sociales, si ça n'a pas déjà débuté. Quant à la minorité bien nantie et nos politiciens véreux: après moi le déluge!

    Saliba Nouhad

    05 h 52, le 29 août 2017

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