L'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, Nikki Haley, a affirmé hier que les Casques bleus de la force de paix des Nations unies au Liban (Finul) ne faisaient pas leur travail de manière correcte face aux trafics d'armes imputés par Washington Hezbollah.
« La Finul ne fait pas son travail de manière efficace » pour empêcher « l'approvisionnement massif en armes du Hezbollah, la plupart du temps par des trafics alimentés par l'Iran », a déclaré la diplomate américaine dans une allocution à la presse, à New York. « Ce n'est pas prévenir la guerre, c'est la préparer. La Finul doit être plus active. Elle est supposée travailler avec les forces armées libanaises pour arrêter ces violations ou au moins les dénoncer », a lancé Nikki Haley.
Elle a assuré que Washington ne cherchait pas à changer dans son ensemble le mandat des quelque 10 500 Casques bleus présents sur le terrain. « Nous cherchons à inclure (dans la résolution renouvelant leur mandat) un langage qui dise clairement à la Finul de faire ce qu'elle aurait dû faire depuis des années », a-t-elle dit. « Le Hezbollah est une organisation terroriste très déstabilisante pour la région et il menace ouvertement Israël », a ajouté la diplomate, qui s'était rendue en juin à la frontière israélo-libanaise où opère la Finul.
Nikki Haley s'en est pris vertement au commandant de la Finul, le général Michael Beary, qu'elle a accusé d'être « aveugle » sur les trafics d'armes dans le sud du pays. « Il semble être la seule personne dans cette partie du Liban à ne pas voir » les trafics. Il fait preuve d'un « manque de compréhension embarrassant de ce qui se passe autour de lui », a-t-elle dénoncé. « Le Hezbollah se vante ouvertement de ses armes qu'il présente devant les caméras des télévisions, le rapport du secrétaire général (de l'ONU) le confirme. Le fait que le commandant en chef de la Finul le démente et affirme ne pas avoir de preuves montre que nous devons opérer des changements au sein de la Finul », a-t-elle encore dit.
(Pour mémoire : Les États-Unis et la France plaident pour une mission plus efficace de la Finul)
Recoupement américano-onusien
Les propos Nikki Haley interviennent alors que les 15 membres du Conseil de sécurité mènent des négociations sur le renouvellement du mandat de la Finul qui arrive à expiration à la fin du mois. Mercredi, elle avait fait remarquer, lors d'un débat à huis clos sur ce dossier en Conseil de sécurité, que la Finul ne poursuit pas sa mission de manière agressive et que la situation au Liban-Sud était devenue « beaucoup plus dangereuse ».
Washington veut notamment obtenir un durcissement du mandat des Casques bleus, comme Nikki Haley l'avait d'ailleurs déjà souligné début août. Cette approche est toutefois rejetée par Moscou, Paris et Rome notamment, la France et l'Italie ayant plusieurs centaines de militaires au sein de la Finul. L'ambassadrice américaine a d'ailleurs dit comprendre la position de la France, rédactrice de la résolution de renouvellement du mandat en cours de discussions, mais elle a continué à insister sur une action plus soutenue de la Finul au sud du Litani où les Casques bleus n'ont pas la faculté d'intervenir dans des propriétés privées sauf en cas de menace imminente d'activité hostile.
Il convient de noter que c'est bien la première fois que les États-Unis ou n'importe quel membre du Conseil de sécurité tiennent un discours aussi virulent à l'encontre des Casques bleus. Les propos de Nikki Haley semblent cependant compléter le dernier rapport du secrétaire général, Antonio Guterres, qui avait été particulièrement virulent à l'encontre du Hezbollah, en faisant observer que l'autorité de l'État libanais était fragilisée à cause de ce parti, qu'il a accusé de tenir un discours belliqueux et de reconnaître publiquement qu'il possède des armes en dehors du contrôle de l'État, en violation de la résolution 1701 du Conseil de sécurité.
Ce recoupement entre les deux positions américaine et onusienne s'inscrit dans une logique visant vraisemblablement à réduire l'influence et la marge de manœuvre du parti de Hassan Nasrallah qui ne cache plus sa vocation transfrontalière, également épinglée par Antonio Guterres. Le secrétaire général de l'ONU avait d'ailleurs mis en relief sans ambages, dans son dernier rapport, les risques que fait peser le Hezbollah au Liban et à la paix dans la région.
Priée de commenter les propos de Nikki Haley, de sources de la Finul se sont contentées d'indiquer qu'une réponse devrait intervenir de New York où le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, devait plus tard affirmer que « les Nations unies avaient toute confiance dans le travail » des Casques bleus « et plus particulièrement de son commandant ». « Ces derniers opèrent dans une région très délicate et soumettent fidèlement et régulièrement des rapports sur ce qu'ils observent », au Liban-Sud, a ajouté Stéphane Dujarric.
Lire aussi
La France voudrait un Liban-rempart contre le terrorisme et l’immigration clandestine
La nouvelle équation de Nasrallah, une « gifle » pour les forces souverainistes du gouvernement
Le Haut Conseil libano-syrien, une « relation de maître à laquais »
Pour mémoire
Pressions diplomatiques inédites pour amender la 1701
À la veille du renouvellement du mandat de la Finul, Washington accentue la pression sur le Liban
Armes du Hezbollah : Nikky Haley pour « davantage de pressions » de la communauté internationale
« L'autorité de l'État est fragilisée à cause du Hezbollah », déplore Guterres
« La Finul ne fait pas son travail de manière efficace » pour empêcher « l'approvisionnement massif en armes du Hezbollah, la...
Pour quand "une violente attaque verbale" de Washington et de Nikki Haley à l'adresse d'Israël concernant l'occupation et la colonisation de la Palestine ainsi que les souffrances et humiliations infligées chaque jour à ce peuple qui n'est en rien responsable de ce que les Juifs ont subi de la part de Adolf Hitler ? Les attaques verbales sont la plupart du temps comme des pets dans l'eau...donc sans effet. Ceci aux USA, aux NATIONS UNIES comme ici chez nous au Liban ! Irène Saïd
08 h 53, le 27 août 2017