À moins de deux semaines de la réunion du Conseil de sécurité devant approuver le renouvellement annuel du mandat de la Finul, à la demande du Liban, se pose d'une manière inédite l'hypothèse d'amender en parallèle la résolution 1701, dans un sens plus restrictif à l'égard du Hezbollah. La requête d'élargir la mise en œuvre de la 1701 pour inclure les frontières est avec la Syrie n'est pas nouvelle dans les milieux du 14 Mars. Mais elle est désormais relayée par de nombreux diplomates, à la lumière notamment du dernier rapport du secrétaire général sur la 1701. Ces diplomates appellent à resserrer l'étau sur le parti chiite au niveau de la ligne bleue, où il serait soupçonné de trafiquer des armes et d'élargir son arsenal au Liban-Sud. Le président américain aurait demandé d'ailleurs au Premier ministre, Saad Hariri, lors de sa visite à Washington, s'il était au courant que l'arsenal du parti, qui comptait 10 mille roquettes au Liban-Sud, en compte désormais 150 000. M. Hariri lui aurait répondu par la négative.
C'est dans ce contexte que certains diplomates occidentaux souhaiteraient que la Finul, actuellement simple observateur des violations de la 1701, se voit habilitée à intervenir activement pour arrêter toute opération militaire suspecte au niveau de la ligne bleue.
En outre, certaines chancelleries se font le relais des forces du 14 Mars d'élargir la mise en œuvre de la 1701. Les gouvernements de certains pays qui participent à la Finul réclameraient de « changer les règles du conflit », de sorte à accompagner un éventuel cessez-le-feu en Syrie et l'expulsion attendue des groupuscules armés du jurd de Ersal et de Qaa. Cela se traduirait par un tracé des frontières libanaises et un renforcement des capacités de la Finul à contrôler les infiltrations de groupes armés et trafics d'armes au niveau des frontières, y compris avec la Syrie.
Certains États qui participent à la Finul menaceraient même de s'en retirer, si la 1701 n'est pas amendée.
Ces pressions ont encouragé le courant du Futur à réaffirmer, avec les inconditionnels du 14 Mars, la nécessité de contrôler les frontières libano-syriennes, mais préfèrent se focaliser sur l'enjeu de limiter les mouvements des groupes fondamentalistes. Ces milieux rappellent ainsi l'infiltration des éléments armés de Fateh el-Islam dans le camp de Nahr el-Bared en 2007 dans le but de le transformer en émirat, et « le mystère » de la disparition de Chaker el-Absi, qui avait visiblement repris la route de Damas, bien que l'armée ait dressé le siège du camp. Cet argument ne semble pas propice à faire contrepoids à l'appel du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à ouvrir les frontières libano-syriennes, « l'intérêt du Liban à l'égard de la Syrie étant supérieur à l'intérêt de celle-ci à l'égard du Liban », selon un extrait de son discours dimanche, où il a appelé les parties libanaises à « mettre de côté leurs calculs personnels et attitudes vindicatives, parce que la Syrie est notre voisine (...) et que le président Bachar el-Assad est amené à rester au pouvoir (...) ». Ce discours est interprété par les milieux du 14 Mars comme une réponse directe à leurs appels à amender la 1701.
Le message est clair : sécuriser les frontières libano-syriennes est perçu par le 8 Mars non pas comme un gage de sécurité pour le Liban, mais comme un instrument israélo-américain de lutte contre le Hezbollah, au même titre des sanctions américaines contre ce dernier. Cette position rappelle l'impossibilité évidente pour le Premier ministre d'obtenir un consensus interne lui permettant d'adresser une demande officielle au Conseil de sécurité afin d'amender la résolution.
Tout aussi improbable serait l'amendement unilatéral de la résolution par le Conseil de sécurité, sur la base du chapitre 7 de la Charte des Nations unies. Cette issue est théoriquement possible, même si la 1701 tombe sous le coup du chapitre 6, explique un diplomate libanais qui avait présidé la mission permanente du Liban à l'ONU. Mais ce passage du chapitre 6 au chapitre 7 nécessiterait un consensus préalable entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, souligne le diplomate. Il va sans dire que le veto russe est à prévoir, dans le sens d'une solidarité avec l'Iran face aux États-Unis. Une solidarité d'autant plus opportune à l'heure des nouvelles sanctions de Washington contre le Hezbollah. Les menaces de certains États qui participent à la Finul de s'en retirer seraient elles aussi peu propices à être mises en œuvre. Selon le diplomate cité, aucun de ces États n'a les moyens d'exécuter ses menaces, à moins de vouloir provoquer une guerre au Liban-Sud. Et de rappeler qu'Israël n'acceptera pas le retrait de la garde onusienne, fût-elle de pure forme.
Cela n'empêche pas que la protection des frontières libanaises contre la circulation d'éléments armés puisse être assurée indépendamment de la 1701, par le biais d'une décision onusienne de contrôler la frontière syrienne, aussi bien au niveau du Liban que de la Jordanie et de la Turquie.
L'impossibilité jusqu'à nouvel ordre d'amender la 1701 n'a pas empêché non plus une coordination de facto entre l'armée et des forces de la Finul, comme les forces allemandes, aux frontières avec la Syrie, où des tours d'observation continuent d'être construites avec un soutien anglo-allemand, ne manquent pas de rappeler, à toute fin utile, des milieux du 14 Mars.
Pour mémoire
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LA PROCHAINE CRISE... TRES MALHEUREUSEMENT... SERA LIBANAISE !
22 h 52, le 17 août 2017