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Économie - Électricité

Les prestataires d’EDL se rongent les ongles

Les trois sociétés chargées de la maintenance du réseau d'électricité et de la collecte des factures attendent toujours que le gouvernement approuve le renouvellement de leur contrat pour quatre ans.

Un véhicule appartenant au prestataire KVA. Les salariés de cette société seraient en grève depuis une semaine, selon plusieurs sources concordantes. Photo P. H. B.

Les prestataires privés d'Électricité du Liban, chargés de la maintenance du réseau et de la collecte des factures, doivent-ils s'inquiéter pour l'avenir de leur partenariat avec l'établissement public détenant le monopole de la production d'électricité au Liban ? Si rien ne permet encore de l'affirmer, les directions de National Electricity Utility Company (NEUC, groupe Debbas), de Bus (groupe Butec) et de KVA (détenue par la joint-venture Arabian Construction Company et Khatib & Alami) attendent toujours que le gouvernement approuve le renouvellement de leur contrat pour quatre ans.
« Nous ne comprenons pas pourquoi cela prend autant de temps. Le dossier est entre les mains du Conseil des ministres depuis plusieurs mois et la commission ministérielle chargée de trancher la question ne s'est pas réunie depuis deux semaines », déplore auprès de L'Orient-Le Jour le directeur de Bus, Fadi Abou Jaoudé. Si la direction de KVA n'a pas souhaité réagir, celle de NEUC n'était pas joignable pour répondre aux questions de L'Orient-Le Jour.

 

Pas de signe de vie
NEUC, Bus et KVA se partagent la gestion du réseau sur la quasi-totalité du territoire depuis avril 2012, période à laquelle ce partenariat, prévu par le plan de réforme du secteur de l'électricité adopté en 2010, a été lancé pour quatre ans et 780 millions de dollars. Ainsi, plus de 400 000 foyers du sud du Mont-Liban, du Liban-Sud et de la banlieue sud de Beyrouth passent sous la responsabilité de NEUC ; Bus récupère de son côté 550 000 abonnements dans le nord du Mont-Liban et le Liban-Nord, à l'exception de 120 000 compteurs gérés par les concessions de la Kadicha et de Jbeil ; et enfin KVA hérite de 450 000 branchements répartis entre Beyrouth et la Békaa – en dehors des 50 000 abonnements gérés par la concession de Zahlé. Les trois prestataires ont en outre été chargés d'installer des compteurs « intelligents » sur l'ensemble du réseau, un projet à 350 millions de dollars prévus sur l'enveloppe globale du partenariat, mais qui n'ont pas encore été dépensés, le déploiement ayant été retardé pour de multiples raisons.

Présenté par ses partisans comme le meilleur moyen de moderniser le réseau de distribution, le partenariat est toutefois fréquemment critiqué pour son coût, jugé élevé. D'autres reprochent à EDL d'avoir utilisé cette association pour éviter d'accorder le statut de fonctionnaires à plus de 2 000 travailleurs journaliers employés par le fournisseur depuis des années. Parfois recrutés pour des raisons « politiques », selon plusieurs sources concordantes, ces derniers ont en effet été reclassés dans les effectifs des trois sociétés dès 2012. Une situation qui est à l'origine d'importants mouvements sociaux lancés par ces travailleurs, notamment en 2014.
Fin 2016, EDL décide malgré tout de renouveler le contrat pour quatre ans et 410 millions de dollars de plus – le budget alloué aux compteurs étant reporté sur le nouvel exercice. Suite au refus du ministère des Finances, fin janvier, de valider cette reconduction avalisée par le ministère de l'Énergie, le dossier est transmis pendant l'hiver au Conseil des ministres, conformément à la réglementation des établissements publics. Il faut finalement attendre juin pour que le gouvernement confie l'examen du dossier à une commission ministérielle ad hoc, représentant notamment le Conseil des ministres, ainsi que les ministères concernés. Entre-temps, EDL a dû prolonger à trois reprises les contrats de ses prestataires, à chaque fois pour trois mois, en attendant le verdict du gouvernement. La dernière extension, accordée fin juin, expire le 30 septembre.


(Lire aussi : EDL augmente ses importations d'électricité de Syrie)

 

KVA en grève ?
Il reste que le doute que laisse planer le Conseil des ministres sur l'avenir de ce partenariat commence à affecter son fonctionnement. « Cela fait quinze jours que les employés sentent que quelque chose ne va pas. La société semble tourner au ralenti », confie un employé de l'une de ces sociétés, sous le couvert de l'anonymat. « EDL ne respecte pas les termes du contrat et prend du retard pour régler les factures. C'est problématique, même si cela n'affecte pas notre fonctionnement », constate de son côté M. Abou Jaoudé.

La situation semble en revanche plus compliquée pour NEUC et KVA, dont les performances sur les quatre premières années de partenariat avaient fait l'objet de critiques, plus ou moins justifiées, de la part de plusieurs observateurs. Plusieurs sources concordantes affirment par exemple que les employés de KVA sont en grève depuis une semaine, suite aux retards de paiements d'EDL, qui conteste la validité d'une partie des factures de son prestataire. « La direction d'EDL a demandé si Bus pouvait l'aider à assumer une partie de ces réparations (sur des pannes ayant plongé plusieurs quartiers de Beyrouth dans l'obscurité, NDLR). Nous avons refusé », confirme M. Abou Jaoudé. En outre, la chaîne de télévision du Hezbollah, al-Manar, a diffusé un reportage cette semaine dans lequel elle affirme que NEUC n'exécutait plus ses missions, notamment dans la banlieue sud.
Contactée par L'Orient-Le Jour, la direction d'EDL, dont les membres inauguraient hier un nouveau poste électrique dans le nord du pays (voir encadré), n'était pas disponible pour répondre aux questions de L'Orient-Le Jour.

 

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