Le drapeau libanais flotte à nouveau dans les hautes montagnes arides de l'Anti-Liban situées entre Ersal et Ras Baalbeck, à une quinzaine de kilomètres de la frontière syrienne. Mercredi, à 5 heures, l'armée s'est mise en branle pour chasser la centaine de combattants de l'État islamique qui contrôlaient ces hauteurs depuis quelques années.
D'après un communiqué officiel, six d'entre eux ont été tués, même si les chiffres donnés par les militaires sur place sont parfois plus élevés. Les jihadistes qui ont survécu se sont repliés vers la Syrie. Du fait de leur proximité avec la frontière, ces positions sont stratégiques tant pour les groupes jihadistes que pour l'armée.
Sur les hauteurs de Talaat al-Khanzir, on peut voir le jurd de Ras Baalbeck d'un côté, et celui de Ersal de l'autre. Un colonel en profite pour décrire le déroulement de la bataille de mercredi aux journalistes invités à constater les avancées de l'armée. « Ces montagnes étaient pleines de terroristes. Ils nous ont attaqués avec des tirs de mortiers et des snipers. Certains étaient cachés dans des grottes. » Plusieurs dizaines de militaires guettent l'horizon, armes à la main. Plus bas dans la vallée, près de la base militaire de Laboué, l'odeur âcre des tirs d'artillerie flotte encore. Cinq canons M198, d'une portée d'une trentaine de kilomètres, ont soutenu l'offensive contre Daech.
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Escarmouches fréquentes
Plusieurs conditions ont été imposées aux journalistes : interdiction de poser de questions politiques, de citer nommément les militaires, ou de publier de photos de leurs visages. Car l'EI est toujours de l'autre côté de la montagne, à quelques kilomètres seulement des positions nouvellement conquises. Selon les sources militaires interrogées, il resterait entre une dizaine et une centaine de combattants à déloger.
Sur la route qui monte de Ersal vers le jurd, la vie continue sous l'œil des militaires installés dans des chars blindés. À Malahi, quelques agriculteurs s'occupent de leurs serres, tandis que les carrières de pierres continuent de tourner. Mais plusieurs dizaines de petites maisons en briques sont vides. Selon un militaire, c'était là que vivaient les combattants du groupuscule des Brigades Ahl el-Cham, avec leurs familles. Un autre raconte que les escarmouches étaient fréquentes entre ces combattants et les membres de l'État islamique, situés à seulement 10 kilomètres d'eux.
Lundi, 400 combattants des Brigades Ahl el-Cham et près de 3 000 civils, selon la chaîne de télévision du Hezbollah, al-Manar, ont quitté les lieux avec leurs familles, direction la Syrie. Leur évacuation a été supervisée par la Sûreté générale libanaise, en coordination avec la Croix-Rouge libanaise. À la faveur de cette évacuation, « les secteurs de Malahi, Wadi Hmayed et Wadi Ajram, dans l'est du jurd de Ersal, sont vidés de toute présence armée », s'était réjoui le média de guerre du Hezbollah.
Ces zones ont été libérées par des combattants du Hezbollah lors d'affrontements avec les jihadistes fin juillet, à l'issue desquels un accord permettant l'évacuation de ces derniers avait été conclu. Le chef du parti chiite, Hassan Nasrallah, a fait savoir à plusieurs reprises que sa formation était prête à laisser à l'armée libanaise le terrain reconquis aux jihadistes.
Bien que l'armée n'ait pas donné de détails concernant la suite de son offensive contre les jihadistes, il est prévu qu'elle continue dans l'arrière-pays de Ras Baalbeck et de Qaa. Ces bourgades vivent depuis quelques années sous la menace d'infiltrations terroristes. Le 27 juin 2016, Qaa avait été la cible de huit attentats-suicide qui avaient fait treize morts, dont huit kamikazes, et 28 blessés.
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14 h 27, le 18 août 2017