Navires-centrales : retour à la case départ

Le gouvernement libanais, réuni jeudi en Conseil des ministres au palais de Baabda, a annulé l'appel d'offres relatif aux navires-centrales censés être loués pour produire du courant électrique. Le ministre de l'Energie et de l'Eau, César Abi Khalil, est chargé de mettre au point un nouveau cahier des charges dans les sept jours qui viennent.

Nouvel appel d'offres
"La direction des adjudications (DDA) sera chargée de lancer l'appel d'offres dans les délais prévus et d'adresser un rapport au gouvernement sur les résultats de cette procédure", a déclaré le ministre de l'Information, Melhem Riachi, à l'issue du Conseil des ministres. "Le ministre de l’Énergie a été chargé de former une commission technique qui devra examiner les propositions reçues", a ajouté M. Riachi.

Mandatée pour évaluer les appel d'offres pour les navires-centrales, la DDA a adressé un rapport au Conseil des ministres, jugeant la procédure invalide. Elle avait jugé que la procédure ne garantissait pas la concurrence, estimant que seule l'une des offres soumises était conforme aux conditions techniques du cahier des charges à ce stade. Elle avait également affirmé que ces dernières avaient été modifiées à plusieurs reprises pour favoriser l'offre de l'un des candidats – Karpowership, une filiale de la société Karadeniz à qui Électricité du Liban loue deux navires-centrales depuis 2013.

Présentée comme la solution la plus rapide pour augmenter la production d'électricité au Liban, la location de navires-centrales pour déployer jusqu'à 1 000 mégawatts (MW) de plus sur le réseau est un projet soutenu par M. Abi Khalil.

Sur ce plan, M. Riachi a annoncé que 400 MW seront produits pendant les trois prochains mois.

Dans l'après-midi, le leader druze Walid Joumblatt avait déclaré sur Twitter que "la construction d'une centrale électrique, même si cela devait prendre du temps, serait moins coûteuse que la location de navires-centrales".

Par ailleurs, le Conseil des ministres a retiré de son ordre du jour la demande d'un crédit de 225 milliards de livres libanaises pour Ogero, la société qui gère le réseau télécoms libanais. "L'examen de ce dossier a été reporté à la semaine prochaine sur proposition du ministre des Télécoms, Jamal Jarrah, car le budget devrait être adopté à ce moment-là", a déclaré M. Riachi sur ce sujet. "Si le budget n'était pas adopté la semaine prochaine, ce dossier sera remis sur la table", a-t-il ajouté.

Le gouvernement devait plancher sur le projet d' "Active Cabinets", développé par Ogero. Ce projet, rappelle à L'Orient-Le Jour le PDG d'Ogero, Imad Kreidieh, se traduit par la décision du fournisseur public d'Internet d'installer près de 8 000 relais, baptisés Active Cabinets, pour rapprocher les centraux téléphoniques des abonnés. Reliés aux centraux par fibre optique (Fiber to the Cabinet ou FTTC), ils connecteront les abonnés au moyen de câbles de cuivre.

(Lire aussi : EDL augmente ses importations d'électricité de Syrie)

Visites de ministres en Syrie 
Le Conseil des ministres a été marqué par le départ du ministre des Transports et des Travaux publics, Youssef Fenianos, pour la Syrie. Sur ce sujet, des médias locaux ont attribué à M. Fenianos des propos selon lesquels à son retour de Damas, il montrerait une photo du président syrien Bachar el-Assad au Premier ministre Saad Hariri. "Il n'a pas tenu ces propos", a toutefois assuré M. Riachi.

Le ministre des Travaux publics rejoint ainsi à Damas ses collègues de l'Agriculture, Ghazi Zeaïter (Amal), et de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan (Hezbollah), invités à participer à la Foire internationale de Damas. M. Hajj Hassan a été reçu dans la journée par son homologue syrien, le ministre de l'Économie et du Commerce extérieur, Mohammad Samer Khalil, en présence du secrétaire général du Conseil supérieur libano-syrien, Nasri Khoury. Dans l'après-midi il a été reçu par le Premier ministre syrien Imad Khamis.

Ces visites font polémique au Liban, provoquant une division au sein du gouvernement entre ministres favorables au régime du président syrien Bachar el-Assad, et ceux qui lui sont hostiles. Le Hezbollah a vanté les relations libano-syriennes alors que, de son côté, le courant du Futur a déclaré que ces visites n'étaient pas officielles.

Aoun et Hariri évoquent les opérations à Qaa et Ras Baalbeck
En ouverture du Conseil des ministres, le président Michel Aoun et Saad Hariri ont notamment évoqué les opérations de l'armée libanaise dans l'arrière-pays de Ras Baalbeck et de Qaa, localités chrétiennes de la Békaa, à la frontière syrienne.

Le chef de l'Etat a apporté son soutien à l'armée qui avance dans ces secteurs, face aux jihadistes du groupe Etat islamique. Il a souhaité la fin des polémiques autour de la bataille qui s'annonce, appelant à laisser la décision à la direction de l'armée.

M. Hariri a salué pour sa part "les exploits réalisés par l'armée dans les hauteurs", appelant à laisser la troupe "accomplir son devoir en mettant un terme à la présence terroriste".

Les militaires libanais avancent depuis trois jours dans ces secteurs arides frontaliers de la Syrie. Dans les milieux proches du régime syrien de Bachar el-Assad, on appelle l'armée libanaise à coopérer avec les militaires syriens et le Hezbollah pour combattre l'EI. Ces appels divisent les responsables libanais, entre pro et anti-Assad.

Sur un  autre plan, le président Aoun a mis l'accent sur la nécessité pour le ministère de l'Education de "surveiller" l'évolution des montants des frais scolaires dans les écoles privées, au moment où des majorations sont prévues pour financer la hausse des salaires des enseignants.

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