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Chronique de la bêtise ordinaire

On se demande parfois par quel mimétisme idiot de nombreux Libanais prennent plaisir à singer la classe politique décrépie qui les chapeaute. Certes, on se marre toujours à la vue des dizaines de milliers de bahuts couleur corbillard qui grouillent et grenouillent comme des cancrelats sur la voie publique, on sourit de constater que leurs occupants s'acharnent à vouloir garer leur caisse juste devant la porte d'entrée du lieu de destination, quitte à crapahuter à l'assaut du trottoir, dédaignant majestueusement le parking vide d'à côté...
Mais le vrai bonheur est dans le trafic. Dans toutes les grandes villes, l'embouteillage règne en maître aux heures de pointe. Sauf à Beyrouth, où l'heure de pointe se pointe à toute heure. À croire que dans ce pays, personne n'a des horaires normaux de bureaux, que tous sont prospecteurs, commerciaux, démarcheurs, représentants, placiers, coursiers... et surtout fêtards dès que le soleil fait ses ablutions dans la mer.
Modernité oblige, une autre imbécilité a fait son apparition : l'absolue nécessité de consulter sa page Facebook ou draguer sur WhatsApp au milieu des ahuris, lesquels dans un touchant mouvement d'ensemble pianotent d'autres âneries au milieu de la circulation.
Mais brutalement, toutes les autos se figent. Le meeting du siècle, à une heure improbable ! Étude anthropologique : on y retrouve le cadre supérieur baignant-béat dans la clim et faisant la causette au smartphone à un cadre plus supérieur que lui ; le salarié inférieur qui transpire comme un goret dans son épave et se venge en lâchant des décibels de mélopées orientales par-dessus les vitres baissées ; la bourgeoise francophone qui engueule sa bonne en Shakespeare approximatif...
Et puis comme par magie, tout se débloque. C'était un accident de la route, et les conducteurs s'adonnaient à leur sport favori : le voyeurisme à vitesse réduite, pour ne pas rater ne serait-ce qu'une tôle chiffonnée ou une seule tache d'hémoglobine sur la chaussée.
Absents malchanceux pour cause de pause-déjeuner ou de curetage de nez, les agents de la circulation pourront toujours se consoler en torchant leur rapport qu'il auront pompé sur les comptes-rendus Facebook ou WhatsApp de la valetaille enfin libérée.

gabynasr@lorientlejour.com

On se demande parfois par quel mimétisme idiot de nombreux Libanais prennent plaisir à singer la classe politique décrépie qui les chapeaute. Certes, on se marre toujours à la vue des dizaines de milliers de bahuts couleur corbillard qui grouillent et grenouillent comme des cancrelats sur la voie publique, on sourit de constater que leurs occupants s'acharnent à vouloir garer leur caisse...

commentaires (5)

curage plutôt, non?

M.E

23 h 24, le 04 août 2017

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • curage plutôt, non?

    M.E

    23 h 24, le 04 août 2017

  • JE M,ATTENDAIS A PLUS GABY NASR... PAS A DU RIRE SEULEMENT MAIS A DES ECLATS DE RIRE... A DU TONNERRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 48, le 04 août 2017

  • UN vendredi de mois d'Août en vacances, ça n'empêche pas Gaby de nous faire hurler de rire , tôt le matin, sur son transat léthargique, écrasé par un soleil étouffant .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 47, le 04 août 2017

  • "Ignorance et arrogance ne riment pas seulement, ils vont souvent de pair". Jacques Sternberg (1923-2006) pamphlétaire belge.

    Un Libanais

    11 h 45, le 04 août 2017

  • Morale à retenir: Allah yirham el hamiirs ouel bghels... Au moins ça circulaient mieux et en plus self driving... Du Gaby pur et super.

    Wlek Sanferlou

    02 h 25, le 04 août 2017

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