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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

La contre-révolution de droite des années 80 aux États-Unis (suite)

Dans la dernière tribune, nous avons vu que la contre-révolution de droite a contribué à permettre à George W. Bush d'accéder au pouvoir en 2001. Les penseurs de la droite républicaine avaient mis en place un lavage de cerveau très médiatisé, basé sur des trois chevaux de bataille idéologiques : la lutte contre l'infidélité conjugale (vue la dernière fois), la lutte contre l'homosexualité et la lutte contre l'avortement. Dans le New York Times Magazine de février 1999, Andrew Sullivan soutient que ce sont « les croyances et les pratiques des années 60 qui sont la cible de cette contre-révolution de droite ».

La lutte contre l'homosexualité et l'avortement
Dans la lutte contre l'homosexualité, les termes les plus abjects sont utilisés afin de réveiller ce qu'il y a de plus instinctif et de plus primaire chez l'Américain moyen. Toujours dans le Weekly Standard, l'hebdomadaire utilisé par les néoconservateurs républicains pour élargir leur lavage de cerveau, on y dénonce l'homosexualité comme un crime et on appelle les différents États à « remettre en vigueur la loi contre la sodomie », afin de jeter en prison les homosexuels et « de contenir la menace née du mariage homosexuel ». « Remettre en vigueur la loi contre la sodomie » indique le niveau du débat. Ainsi, quand Robert Bork, un autre intellectuel de cette nouvelle droite, publie en 1996 La chute vers Gomorrhe, le livre reste au box office des meilleures ventes du New York Times pendant longtemps. Il y prédit « l'arrivée d'une nouvelle ère des ténèbres, ponctuée de violence et d'érotisme... », et n'hésite pas à qualifier le progressisme moderne né des années 60 de « nouveau nazisme... ». Dans sa lancée, il qualifie Bill et Hillary Clinton de nazis.

Enfin, le dernier cheval de bataille de cette contre-révolution de droite est la lutte contre l'avortement. Toujours dans le Weekly Standard, William Kristol, un autre idéologue de cette contre-révolution, harangue les conservateurs républicains pour qu'ils annulent le jugement de la Cour suprême dans l'affaire Roe vs Wade, jugement qui a légalisé l'avortement aux États-Unis. Cet arrêt (1973) est considéré comme l'un des plus importants et des plus controversés des États-Unis. Il n'hésite pas à écrire : « Si les républicains sont incapables de relever ce défi moral et politique, s'ils ne peuvent annuler ce verdict et engager les États-Unis dans une ère post-avortement, il n'y aura plus d'avenir conservateur. » On le voit bien, la politisation de cette idéologie réactionnaire n'a pas de limites, et William Kristol va même jusqu'à pousser les républicains à continuer leur opposition au paiement par les États-Unis de leurs arriérés à l'ONU, car « l'ONU soutient les programmes de contrôle des naissances dans les pays en voie de développement ».

En mars 2006, porté par cette vague contre-révolutionnaire, le Dakota du Sud vote une loi contre l'avortement, qui va à l'encontre de la décision de la Cour suprême de 1973. L'avortement est un crime, même en cas de viol ou d'inceste. Pire, en février 2011, le Dakota du Sud envisageait de voter une loi, la loi « House Bill 1171 », qui autoriserait « un père, une mère, un fils, une fille ou un mari à tuer quiconque tente de pratiquer un avortement sur une femme, même si cette dernière est consentante ». Ainsi, quiconque pourrait tuer n'importe quel gynécologue qui oserait pratiquer un avortement, crime que le Dakota du Sud appellerait « crime justifié ». Avec Donald Trump au pouvoir, il est fort possible que cette loi soit réactivée.

On le voit, les effets de cette contre-révolution de droite née dans les années 80 continuent de se faire sentir plus de 30 ans après. Parce qu'elle fait appel aux instincts les plus primitifs chez l'homme américain, toute démarche progressiste ou tout simplement humaniste semble vouée à l'échec. L'Obamacare risque d'en faire les frais. De même en ce qui concerne la lutte contre le sida. Sous le mandat Obama, les États-Unis y ont contribué à raison d'environ 5 milliards de dollars. Donald Trump veut réduire ce budget à environ 1 milliard pour 2018. « Cette mesure privera 830 000 patients de traitements antirétroviraux et entraînera 200 000 nouvelles infections » (L'OLJ du 24 juillet 2017). Faut-il une autre révolution comme celle de mai 68 pour retrouver nos valeurs universelles ?

 

 

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