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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

Pourquoi la psychanalyse aujourd’hui (suite) ?

Pourquoi combat-on encore la psychanalyse, et de manière aussi féroce ?
Parce que parmi toutes les psychothérapies qui existent, elle est la seule qui libère le sujet, non seulement de sa souffrance, mais surtout de son lien de sujétion à l'Autre et de sa « servitude volontaire » (La Boétie).

Voilà pourquoi elle a été combattue par tous les régimes fascistes, militaires ou totalitaires. Le stalinisme, le nazisme, le fascisme italien et tous les régimes militaires, particulièrement les régimes sud-américains, ont persécuté les psychanalystes. La psychanalyse libère le sujet de sa passivité vis-à-vis de tout ordre établi. Elle lui permet de ne plus subir son histoire comme une fatalité mais, en la racontant, d'en devenir le co-auteur. Ce bouleversement radical a été possible grâce au passage, chez Freud, et pour expliquer l'origine des symptômes de la Théorie de la séduction à la Théorie du fantasme. Ce passage représente précisément la naissance, grâce à la psychanalyse, d'un sujet auteur de son histoire et non plus d'un sujet victime de son histoire. Au début, les patientes hystériques se plaignaient d'avoir été la victime de leurs pères, qu'elles avaient été séduites, sexuellement, par eux. Freud les a d'abord crues. Il a fallu des années avant que l'expérience analytique ne finisse par montrer qu'en fait, il s'agissait d'un fantasme. Il était plus facile pour ces femmes hystériques de « croire » à l'abus sexuel et à la séduction subis par le père que d'assumer la responsabilité de leur propre désir incestueux. Sur un plan inconscient, elles modifiaient leur histoire grâce à des souvenirs remaniés, les « souvenirs écrans ».

Ainsi, le passage de la théorie de la séduction à la théorie du fantasme constitue une prise de responsabilité de la part du sujet qui assume son désir et, surtout, reconnaît que sa croyance dans la séduction subie par le père était une défense contre son propre désir de séduction.
Ce constat clinique amènera Freud à la théorie du Complexe d'Œdipe, soit les désirs tabous, incestueux et parricides que les enfants vont farouchement refouler, oublier (vers 6/7 ans), après les avoir vécus pleinement dans les fantasmes de leur enfance. Qui ne connaît pas la force de ces désirs qui poussent les enfants à s'installer dans le lit de leurs parents et à en déloger le parent du même sexe ?

Cette révolution scientifique est, depuis le milieu des années 70, rejetée par la psychiatrie américaine, rejet planifié par l'Association psychiatrique américaine comme nous le verrons ultérieurement.
Un exemple va nous permettre d'illustrer cela, celui de Patricia Burgus, cité par Pam Belluk dans un article du New York Times (décembre 1997) et rapporté par A. Frances et R. Ross dans « Les cas cliniques » du DSM IV. Cette patiente a suivi une thérapie dans un grand hôpital de Chicago entre 1986 et 1992. Elle prétend que « ses médecins auraient ravivé en elle le souvenir d'avoir participé à un culte satanique, d'avoir été violée par plusieurs hommes et d'avoir abusé elle-même de ses deux fils ». Ses avocats obtiennent des compagnies d'assurances des deux médecins la coquette somme de 10,6 millions de dollars. « Ce jugement, écrit la journaliste, s'inscrit dans le cadre d'une offensive de la justice américaine contre ces traitements qui prétendent faire resurgir des pans effacés de la mémoire, en allant jusqu'à provoquer de faux souvenirs chez les patients. »

Ainsi, en mettant au jour les souvenirs ou les fantasmes d'un patient, la psychanalyse est accusée d'induire de faux souvenirs, surtout les souvenirs de nature sexuelle. Toute la révolution freudienne est ainsi balayée, au nom d'une idéologie politique basée sur un puritanisme qui va à la chasse aux sorcières. Devenus populaires dans les années 60/70, les traitements axés sur la mémoire retrouvée, soit les traitements psychanalytiques, ont été à l'origine d'une vingtaine de procès, pratiquement tous gagnés par les plaignants. En 1994, l'Association américaine de psychiatrie a mis en garde contre le fait que ce type de mémoire était « souvent artificiel ».
Voilà à quoi sont réduits la psychanalyse et ses praticiens. Nous verrons les prochaines fois ce qui nourrit cette idéologie politique née aux États-Unis et toujours active aujourd'hui.

 

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