Rechercher
Rechercher

À La Une - Syrie

Pour fuir Raqqa, risquer sa vie avec des passeurs sans scrupules

"Le sang de ceux qui sont morts en fuyant est sur les mains des passeurs", affirme Ali, 25 ans, qui a fui le village de Qahtaniya.

Femmes et enfants fuyant Raqqa. Photo d'archives AFP

Pour fuir Raqqa, bastion du groupe Etat islamique (EI) en Syrie, les civils paient des passeurs qui les mènent souvent dans des situations très périlleuses plutôt qu'en lieu sûr.

Des dizaines de milliers de personnes ont fui la ville de Raqqa et sa province depuis que des forces kurdes et arabes syriennes soutenues par les Etats-Unis ont lancé l'an dernier une vaste offensive pour s'emparer de la "capitale" de l'EI.
Mais le voyage est risqué, les jihadistes menaçant de passer par les armes quiconque veut fuir leur emprise.

Dans le camp d'Aïn Issa (nord), où des milliers de déplacés de Raqqa ont trouvé refuge, nombre de civils disent avoir vécu de terribles expériences à cause de passeurs sans scrupules.

Ces trafiquants "ne donnent pas leur nom, ils utilisent des pseudonymes, le nôtre s'appelait +La Baleine+", explique à l'AFP Ali, 25 ans, qui a fui le village de Qahtaniya, à six kilomètres au nord-ouest de Raqqa.
"Je lui ai versé 222.000 livres syriennes (360 euros)", dit Ali, somme correspondant à son voyage et celui de huit membres de sa famille, dont un enfant de cinq ans.
Une nuit, ils ont quitté leur village dans la voiture d'Ali et retrouvé le passeur à un point de rendez-vous où attendaient d'autres civils.
Le groupe s'est mis en route. +La Baleine+ est ensuite passée devant et a fait signe de s'arrêter.
"Il nous a dit que l'endroit était sûr, et là on a été la cible d'une fusillade de Daech", explique Ali en utilisant l'acronyme en arabe de l'EI.

En appuyant sur l'accélérateur, il a finalement pu rallier un point de contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS), qui mènent l'offensive anti-EI à Raqqa. Mais une femme du convoi a été blessée.
"On ne sait pas ce qu'elle est devenue", raconte Ali. "Le sang de ceux qui sont morts en fuyant est sur les mains des passeurs".

 

(Lire aussi : Vendues par l'EI à Raqqa, des combattantes yazidies de retour pour se venger)

 

'Volatilisés'
Les FDS sont entrées dans Raqqa en juin et ont capturé plus de 40% de la ville. Les Nations unies estiment qu'il reste encore entre 20.000 et 50.000 civils piégés.
Selon l'ONU, les civils paient entre 75.000 et 150.000 livres syriennes (130 à 260 euros) par personne pour fuir Raqqa.

Quand Ahmed al-Hussein, 35 ans, a décidé de partir, il a versé 70.000 livres syriennes à un passeur et s'est engagé à lui donner sa moto, d'une valeur d'environ 30.000 livres syriennes, une fois arrivé à bon port.
"On était un groupe de 250 personnes, on a mis 15 heures pour atteindre le check-point du secteur d'Al-Mazeila, à 23 km au nord-ouest de Raqqa, au lever du soleil", explique-t-il à l'AFP.
"Dès notre arrivée, les jihadistes ont lancé une attaque et on s'est retrouvé pris entre deux feux. Les passeurs, eux, se sont volatilisés".

Les jihadistes l'ont capturé, ainsi que d'autres civils, et les ont amenés dans le village d'Al-Salihiya, où ils les ont battus et leur ont volé leur argent et leurs pièces d'identités. Ils les ont interrogé pour savoir qui étaient les passeurs.
"Impossible de leur dire, on n'avait aucune idée. Ils auraient très bien pu eux-mêmes être des membres de Daech", dit Ahmed.
Il a finalement été relâché et amené vers un autre village tenu par l'EI, jusqu'à ce que les FDS prennent cette localité.
Pendant tout ce périple, il est parvenu à garder sa moto avec lui. Il la garde à l'intérieur de sa tente à Aïn Issa.

 

(Lire aussi : Sur le front de Raqqa, plats faits maison et glaces pour les combattants)

 

'Intercepté'
Tous les déplacés interrogés par l'AFP au sujet de leur fuite ont refusé de témoigner face caméra, autant par peur des passeurs que des jihadistes.

Dans le camp, Abou Ahmed, 38 ans, répare des pneus et des pièces de moto pour se faire un peu d'argent.
Lui s'est débrouillé seul pour fuir le quartier Daraiya de Raqqa il y a trois mois.
"Je suis parti avec ma famille avant que les FDS arrivent, on est resté dans une ferme des environs pendant environ un mois, jusqu'à ce que des combattants de l'EI arrivent et brûlent nos tentes", raconte-t-il.

La famille a réussi à s'échapper et a pris la direction du désert en espérant tomber sur un point de contrôle des FDS. "Mais on a été intercepté par des passeurs qui nous ont demandé 50.000 livres syriennes pour nous aider, ils disaient que la route était longue et dangereuse", dit Abou Ahmed.
Alors qu'ils discutaient avec les passeurs, un berger s'est approché.
"Ne leur donne pas ton argent", lui a dit le berger. "Le check-point n'est à même pas 500 mètres d'ici et la route est sûre".

 

Lire aussi

Dans le nord rebelle syrien, la seule clinique pour soigner les traumatismes de guerre

La détresse d'une famille revenue à Raqqa pour enterrer ses morts

Rosaires et armes automatiques : les combattants chrétiens de Raqqa

Qui gouvernera Raqqa une fois les jihadistes chassés?

A Raqqa, des enfants ouvrent la voie aux adultes pour fuir les jihadistes

Pour fuir Raqqa, bastion du groupe Etat islamique (EI) en Syrie, les civils paient des passeurs qui les mènent souvent dans des situations très périlleuses plutôt qu'en lieu sûr.
Des dizaines de milliers de personnes ont fui la ville de Raqqa et sa province depuis que des forces kurdes et arabes syriennes soutenues par les Etats-Unis ont lancé l'an dernier une vaste offensive pour...

commentaires (1)

Ersal est un laboratoire de guerre grandeur nature : pour la première fois depuis son émergence, le Hezb libanais s’est comporté en une véritable armée « hybride », ayant recours à la fois aux techniques de guerre asymétrique et de guerre régulière. Une rareté dans un monde où les grandes puissances militaires souffrent de carences d’effectifs terrestres. En outre, pour la première fois depuis sa naissance, les hauts commandants du Hezb mènent leurs opérations depuis un QG qui reste en relation avec les conseillers militaires russes et iraniens. Combinée aux succès militaires des forces de Mobilisation populaire d’Irak qui ont largement contribué à la reprise de Mossoul, cette victoire prouve une chose : l’Occident ne peut plus ignorer le Hezb au cours des pourparlers politiques à venir. Tout État ayant le désir de se battre réellement contre le terrorisme se devra de composer avec la Résistance du hezb . Mais il existe une autre partie qui a tout intérêt à tirer leçon qui s’impose de la libération d’Ersal : israël. Avant de vouloir se lancer dans une nouvelle aventure militaire contre le Liban, l'usurpie devra y réfléchir à deux fois : le Hezb de 2017 n’est pas le Hezbollah de 2000 ou de 2006 ou 2008. Corps paramilitaire à l’origine, le Hezb s’est réellement érigé au rang d’une armée qui ne perd pas de vue le nord de la Palestine surpée .

FRIK-A-FRAK

13 h 57, le 27 juillet 2017

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Ersal est un laboratoire de guerre grandeur nature : pour la première fois depuis son émergence, le Hezb libanais s’est comporté en une véritable armée « hybride », ayant recours à la fois aux techniques de guerre asymétrique et de guerre régulière. Une rareté dans un monde où les grandes puissances militaires souffrent de carences d’effectifs terrestres. En outre, pour la première fois depuis sa naissance, les hauts commandants du Hezb mènent leurs opérations depuis un QG qui reste en relation avec les conseillers militaires russes et iraniens. Combinée aux succès militaires des forces de Mobilisation populaire d’Irak qui ont largement contribué à la reprise de Mossoul, cette victoire prouve une chose : l’Occident ne peut plus ignorer le Hezb au cours des pourparlers politiques à venir. Tout État ayant le désir de se battre réellement contre le terrorisme se devra de composer avec la Résistance du hezb . Mais il existe une autre partie qui a tout intérêt à tirer leçon qui s’impose de la libération d’Ersal : israël. Avant de vouloir se lancer dans une nouvelle aventure militaire contre le Liban, l'usurpie devra y réfléchir à deux fois : le Hezb de 2017 n’est pas le Hezbollah de 2000 ou de 2006 ou 2008. Corps paramilitaire à l’origine, le Hezb s’est réellement érigé au rang d’une armée qui ne perd pas de vue le nord de la Palestine surpée .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 57, le 27 juillet 2017

Retour en haut