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À La Une - Syrie

Sur le front de Raqqa, plats faits maison et glaces pour les combattants

"Nous nous sommes lassés de la nourriture qu'on nous sert tous les jours. Ce n'est pas que c'est pas bon, mais nous en avons assez des aubergines, du kebab et de la viande grillée".

Des membres des Forces démocratiques chargent des bouteilles d'eau sur un camion à Raqqa, le 19 juillet 2017. Photo AFP / BULENT KILIC

D'habitude, le Syrien Iskandar combat les jihadistes dans la ville de Raqqa. Mais profitant d'un jour de congé, il prépare de la mouloukhia pour ses compagnons d'armes, lassés de manger toujours le même plat sur le front.

En treillis, ce grand gaillard au visage souriant mélange corète potagère, ail, jus de citron et poulet dans une grande casserole dans une maison abandonnée de Jazra, banlieue ouest de Raqqa.

"J'aimais être à la cuisine quand ma mère y travaillait, elle m'a beaucoup appris. C'est le premier repas que je cuisine sur le front", explique ce combattant de 28 ans engagé avec les Forces démocratiques syriennes (FDS).

Cette coalition arabo-kurde soutenue par les Etats-Unis combat le groupe Etat islamique (EI) en Syrie depuis 2014 et cherche actuellement à chasser les jihadistes de leur principal fief de Raqqa.

Le temps d'une pause, les camarades d'Iskandar sont suspendus à ses gestes, impatients de déguster la mouloukhiya, plat très populaire à travers le monde arabe.
"N'oublie pas d'ajouter le jus de citron pour que ça ne soit pas trop sec", conseille un combattant au "chef" Iskandar.
"Nous nous sommes lassés de la nourriture qu'on nous sert tous les jours. Ce n'est pas que c'est pas bon, mais nous en avons assez des aubergines, du kebab et de la viande grillée", explique Iskandar à l'AFP.
Il a trouvé de la corète potagère dans cette maison abandonnée de Jazra, et s'est procuré les autres ingrédients dans des magasins alentours.

 

(Lire aussi : Vendues par l'EI à Raqqa, des combattantes yazidies de retour pour se venger)

 

10.000 repas par jour
"S'ils veulent un autre plat, je suis prêt: légumes farcis, poulet rôti au four, haricots", lance le jeune homme avec fierté, une serviette autour du cou pour éponger sa sueur.

Certains combattants attendent à l'ombre d'une vigne, d'autres à l'intérieur devant un ventilateur.
Dans un réfrigérateur sont empilés des bouteilles d'eau, des glaçons et une assiette de concombres coupés en petits morceaux qu'Iskandar mélange à du yaourt.

Généralement, les repas sur le front ouest sont préparés dans le village de Hawi al-Hawa, à moins de deux kilomètres de Raqqa. Une équipe de cuisiniers les préparent la veille afin qu'ils puissent être livrés rapidement.
"Chaque jour, nous livrons 5.000 déjeuners et 5.000 dîners", souligne Hoghar, en charge de la logistique de la cuisine.

A l'extérieur, des membres des FDS ont rempli des sacs en plastique de pain et de fromage, posés près de rangées de casseroles qui sèchent au soleil.
"Nous recevons des demandes des combattants et nous essayons de les satisfaire dans la mesure du possible. Ils demandent surtout des légumes et des fruits", détaille Hoghar.
Dernièrement, les combattants ont eu envie de "lahm baajine", des galettes recouvertes de viande hachée, un plat également très répandu au Moyen-Orient.

Les cuisiniers prévoient de les préparer à Kobané, à trois heures de route, Hawi al-Hawa n'ayant pas de boulangerie.
"Nous les transporterons dans des camions frigorifiques, puis nous les distribuerons ici", explique Hoghar.

 

"Échapper à la chaleur"
Outre la nourriture, un autre produit est devenu vital pour les combattants: de la glace pour refroidir l'eau, souvent très chaude en raison des températures supérieures à 45°C dans le nord de la Syrie.

Les FDS ont conclu un accord avec le propriétaire d'une petite usine de glaçons à la périphérie de Hawi al-Hawa, qui leur permet de faire geler de l'eau s'ils paient pour le matériel et le gazole.
"Nos forces sont épuisées et elles avaient besoin de quelque chose pour les rafraîchir", affirme Mohiyddin Mohammad, 38 ans, alors que la machine produit des blocs de glace.
"Avec cette chaleur, il ne suffit pas d'être à l'ombre", explique Matay, 22 ans.

Près de l'usine, des combattants savourent aussi des glaces à la vanille, distribuées par un camion, autre façon de se rafraîchir.
On profite aussi des périodes d'accalmie dans les combats pour piquer une tête dans un petit ruisseau au nord du village.
"Nous pouvons nager, nous laver et même nettoyer nos vêtements. C'est un moyen d'échapper à la chaleur", dit Matay.

 

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