Les combats dans le jurd de Ersal continuent à profondément diviser la classe politique, les uns considérant qu'il s'agit là d'une bataille légitime contre le terrorisme, identifié comme étant l'ennemi du Liban au même titre qu'Israël, les autres contestant au Hezbollah sa décision unilatérale d'engager le combat.
« L'offensive du Hezbollah n'a aucune légitimité politique ou nationale ; ce parti contribue à porter un coup au prestige de l'État libanais et à son pouvoir », a ainsi affirmé hier le bloc du Futur dans un communiqué publié à l'issue de sa réunion hebdomadaire. Le Futur a en outre exigé que ce soit l'armée qui « se positionne dans les régions desquelles se sont retirés les éléments armés afin de protéger la frontière libanaise ». Enfin, le bloc a demandé au gouvernement d'envisager la possibilité d'invoquer la résolution 1701 et de demander au Conseil de sécurité de l'ONU d'élargir les prérogatives des Casques bleus afin qu'ils se déploient à la frontière orientale du pays.
Répliquant au courant du Futur, dont la réunion était présidée par l'ancien Premier ministre Fouad Siniora, l'ancien ministre Wi'am Wahhab a affirmé : « Le bloc du Futur présidé par Fouad Siniora est l'aile politique de Daech et Nosra. » La cible de cette attaque virulente, Fouad Siniora, a riposté par des vers assassins de l'imam Chaféi, juriste et savant musulman, dans lesquels ce dernier exprime son embarras face aux propos d'une personne « méprisable ».
Nadim Gemayel et le « coma politique »
Commentant les combats menés par le Hezbollah dans le jurd de Ersal, qui en étaient hier à leur cinquième jour, le député Nadim Gemayel a affirmé : « Ces cinq jours confirment qu'il n'y a au Liban ni chef de l'État, ni président du Conseil, ni gouvernement. » S'exprimant sur le réseau social Twitter, M. Gemayel a ajouté : « Les gens du pouvoir semblent avoir le droit de pratiquer le coma politique ; mais nous n'accepterons jamais que le Hezbollah règne en maître au Liban. » Et de s'interroger encore : « Des officiers ayant récemment fait valoir leurs droits à la retraite nous assurent que l'armée est en mesure d'éliminer militairement le Front al-Nosra et Daech ! Qui donc en a empêché l'armée ? Pourquoi cette insistance à vouloir en minimiser le rôle et à exalter celui des autres ? »
Pour sa part, l'ancien député Farès Souhaid a considéré que le Hezbollah « abolit l'État et se substitue à l'armée, déchaînant ses organes d'information et ceux qui gravitent dans son orbite pour lancer des attaques sans fondements contre certaines personnalités qui ne partagent pas son avis ». Et de réclamer à nouveau que la justice se saisisse d'un article publié par le journal al-Akhbar contenant des menaces de mort adressées à certaines personnalités politiques.
En revanche, Myriam Skaff, présidente du « Bloc populaire » de Zahlé, a jugé que « toute controverse au sujet du droit de recouvrer une terre spoliée par le terrorisme et l'occupation est de nature à encourager le terrorisme ». Et d'ajouter : « La population de la Békaa et du jurd de Ersal ont vécu des journées difficiles et il est de leur droit de jouir de la stabilité et de pouvoir visiter leurs champs et de procéder en toute sécurité à leurs récoltes. »
commentaires (5)
l'armée libanaise n'a pas les moyens de passer à l'offensive, c'est le Hezbollah qui fait encore une fois le sale boulot ! le Courant du Futur protège TOUT les sunnites, même les terroristes
Talaat Dominique
18 h 37, le 26 juillet 2017