Houda Kassatly, « Tout arbre est un chant », 2017.
Des tâches de couleur, de la poésie et des arbres : voilà ce qu'on peut s'attendre à trouver en franchissant la porte de la galerie Alice Mogabgab. Jusqu'au 29 juillet, l'espace accueille deux expositions : « Léopoldine Roux : Color Escape » et « Correspondances III : tout arbre est un chant ». À l'occasion d'une commande de quarante peintures de Léopoldine Roux par le célèbre Hôtel de Crillon, la galerie, qui représente l'artiste franco-belge depuis 2015, propose un retour sur son œuvre. On y découvre ses sculptures en forme de coulées de peinture, ses paysages champêtres aux allures pointillistes, ses compositions abstraites aux couleurs chatoyantes. Certaines des œuvres exposées témoignent du travail de l'artiste sur la réactualisation du passé : une carte postale d'époque, rehaussée de points de vernis colorés, devient ainsi une « forêt de sucettes ». « Léopoldine Roux interroge la tache de couleur dans l'espace, la vie, le temps », explique Alice Mogabgab.
Changement de décor dans la pièce adjacente. L'exposition « Tout arbre est un chant », née de la collaboration entre la photographe et ethnologue Houda Kassatly et l'écrivain et peintre Etel Adnan, interroge, quant à elle, la destruction du patrimoine environnemental libanais. Il s'agit de la troisième édition de la série d'exposition « Correspondances », dialogue entre poètes et artistes visuels initié par la galeriste afin de maintenir la place de la poésie dans la société. Et tout comme la poésie se meurt, les arbres libanais disparaissent progressivement. À travers des photographies, des peintures et des poèmes, les deux artistes alertent sur l'expansion du chaos urbain sur le paysage forestier. Immenses ou tordus, solitaires ou groupés, verdoyants ou effeuillés, les arbres brillamment photographiés par Houda Kassatly font office de sonnette d'alarme face à une biodiversité en péril. Et comme l'écrit si bien Etel Adnan, « on voudrait partager avec ces arbres leur secret, le rythme de leur beauté, leur être absolu ».
GALERIE ALICE MOGABGAB
Place Sassine, Achrafieh.
Jusqu'au 29 juillet.
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