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Liban - Francophonie

Francophonie : Aux Jeux d’Abidjan, des réponses aux identitaires

Sabine Choucair (catégorie conte) racontant son voyage auprès des réfugiés syriens de Lesbos.

À Abidjan, la francophonie est avant tout une célébration, une communion d'amabilité. Pas un pas n'est franchi sur les sites d'activités, d'expositions ou d'hébergement sans qu'un sourire, doublé d'un « comment va la journée », pétri de joie de vivre et défiant la fatigue, n'émane d'un Abidjanais fidèle à sa réputation d'hospitalité.

Presque personnalisée, cette promenade est ponctuée de scènes de danse ou de musique qui semblent ne jamais devoir s'interrompre, leurs échos demeurant comme suspendus dans l'air clément de la ville.
Le jardin de la Bibliothèque nationale située dans le Plateau, fameux quartier des affaires, est encore imbibé de la pluie éparse du matin. Quelques jours auparavant, une figuration tribale sur une musique cadencée avait accompagné le vernissage de peintures, photographies, sculptures et nouvelles des candidats qui concourent sur ce site.

La secrétaire générale de la Francophonie, Mikhael Jean, s'était jointe à la danse –un élan spontané qu'elle aura aussi à d'autres occasions – et avant elle, représentant le chef de l'État libanais Michel Aoun aux Jeux, le ministre de la Culture Ghattas Khoury avait fait le tour de l'exposition et échangé des propos avec les candidats libanais au sujet de leurs ouvrages respectifs, au même moment que la Première dame ivoirienne.

Vu depuis la cour, à travers un cadre de colonnes, le jardin apparaît d'un vert profond, presque uniforme, comme s'il s'offrait en toile vierge à qui veut bien y incorporer ses touches de couleurs. Au premier jour des compétitions, les candidats à la catégorie sculpture semblent avoir répondu à l'appel. Dispersés sur la pelouse, ils s'attellent à remodeler du matériel ramassé dans les rues en attendant de remédier à un problème de logistique : bouteilles en plastique, amas de bois, brindilles, restes de bancs anciens, tissu acheté au marché... Les sculpteurs vont et viennent d'un ouvrage à l'autre : les méthodes de sculpture s'emmêlent et les imaginations aussi, dans des déclinaisons de matériaux.

 

(Lire aussi : L’ode colorée à la jeunesse aux Jeux de la francophonie)

 

Racines et universalité
Ayant reçu une consigne libre du jury, les candidats ambitionnent de mettre ensemble ces sculptures dans un ouvrage commun, comme l'explique le candidat cambodgien. Ce serait préférer l'expérimentation artistique à la compétition, l'exploration du brassage à l'ambition des médailles. Le candidat libanais, Giorgio Bassil, se prête au jeu. Graphiste de profession, porté sur la sculpture interactive, il tente aussi de consacrer du temps à un ouvrage individuel qu'il aimerait produire sur le thème de la langue maternelle, à partir de rubans de satin rouge et des tiges d'acier. L'installation qu'il expose déjà, et qui lui avait permis d'être sélectionné, dépasse la question des origines pour toucher à la thématique existentialiste du temps. Sur une colonne de marbre blanc, un cadran du même matériau sur lequel de fins ciseaux métalliques tiennent lieu d'aiguilles. Une inscription invite le passant à les manier de manière à indiquer l'heure au moment de son passage. « Cette installation interroge notre rapport au temps. Les secondes, si fugitives, sont-elles réelles ? Ou bien sont-elles la transfiguration de ces instants de nos vies où le temps est suspendu, où il revêt une autre dimension ? » s'interroge Giorgio Bassil.
Dans le hall d'entrée où les sculptures sont exposées en plein air, la Pendule, qu'il baptise Le rappel (Clock Tower, The Reminder) côtoie des sculptures plus prosaïques d'argile ou de métal.

Aux Jeux culturels de la Francophonie, l'expression paraît soit un reflet de l'environnement originel de l'artiste, soit une résonance de l'humanisme universel, l'un ne pouvant exister sans l'autre. Ce rapport entre racines et universalité est amplifié dans l'environnement africain, qui n'a pas encore tout à fait réussi à exporter sa culture.
Mais entre les deux thématiques, une troisième, intermédiaire, sur laquelle insiste Mme Jean dans ses tournées auprès des participants : la mobilité, ou la liberté de se déplacer, de se côtoyer et d'être heureux ensemble.

Le périple des réfugiés clandestins
Ce n'est pas par hasard que le périple des réfugiés clandestins, notamment syriens, soit un sujet récurrent dans toutes les catégories culturelles, exploité par des candidats européens notamment, comme la France et le Luxembourg, africains, sous l'angle du déplacement clandestin de leurs compatriotes rêvant d'ailleurs, mais aussi libanais. Hier soir au Palais de la Culture, Sabine Choucair, représentant le Liban au concours des conteurs, a relaté son expérience auprès d'enfants syriens réfugiés à Lesbos qu'elle a tenté de faire rire dans le cadre de son travail avec l'association Clowns sans frontières. Munie de ses accessoires ludiques (nez de clown, sifflet et machine à bulles de savon), elle conclut son conte sur le portrait de Omar, un enfant de trois ans : contrairement à d'autres, son petit corps n'a pas été avalé par la mer, et « c'est lui l'Europe de demain, n'en déplaise à tous ceux qui lui ferment leurs bras ».

 

 

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