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À La Une - Reportage

Cinquante ans après à Montréal, l'ombre du général de Gaulle au balcon

C'est depuis le haut balcon de pierre grise à six colonnes frontales au centre de la façade de l'hôtel de ville de Montréal, qu'il y a tout juste 50 ans, Charles de Gaulle, alors président de la République française, clamait "Vive le Québec libre!" devant l'enthousiasme de 15.000 Québécois rêvant d'indépendance. Photo d'archives AFP

"C'est le balcon où était de Gaulle ?" Une famille de Français, en tenue estivale et appareil photo en main, interroge ses voisins avant d'immortaliser l'imposant balcon au centre de la façade de l'hôtel de ville de Montréal.

C'est depuis ce haut balcon de pierre grise à six colonnes frontales qu'il y a tout juste 50 ans, Charles de Gaulle, alors président de la République française, clamait "Vive le Québec libre!" devant l'enthousiasme de 15.000 Québécois rêvant d'indépendance.
"La foule était rassemblée en grand nombre" sur le parvis de l'hôtel de ville le lundi 24 juillet 1967 pour accueillir le général de Gaulle qui, spontanément, s'est saisi des micros pour "prononcer son discours qui a marqué l'histoire, le Québec et la France", raconte Marie-Eve Bonneau, responsable des activités de l'hôtel de ville de Montréal.

Le balcon, qui n'a plus été ouvert au public depuis près de 20 ans, est accessible pendant les six jours de l'exposition consacrée à partir de samedi à la visite historique que de Gaulle, en grande tenue de général de brigade, a effectuée en 1967 à l'occasion de l'exposition universelle de Montréal.

Véritable baume au coeur des souverainistes québécois, la petite phrase a en revanche été un camouflet diplomatique, et le gouvernement canadien n'a pas été fâché de voir le général regagner rapidement Paris sans passer par la capitale fédérale Ottawa.

"L'affaire du Canada", titrait l'exemplaire daté du 5 août 1967 du magazine français Paris Match avec en pleine page le général de Gaulle, attirant la curiosité des visiteurs de l'exposition.
"Je revis ces moments (...) avec beaucoup d'émotion", confie à l'AFP Marthe Oliver après avoir revu les 30 minutes consacrées à l'époque à la visite du président français et diffusées sur la principale chaîne francophone canadienne.

 

'Le Québec sur la carte'
"Je me souviens de sa déclaration, surtout au balcon et ce +Vive le Québec libre+, et ça me rappelle de bons souvenirs, étant moi-même de tendance plutôt séparatiste", ajoute l'élégante retraitée, venue spécialement d'Ottawa pour visiter l'exposition.

De nombreuses photos retracent l'arrivée de Charles de Gaulle, debout et saluant la foule à bord d'une limousine décapotable, ou le général au balcon en compagnie du maire de Montréal de l'époque, Jean Drapeau.

A chacune de ses trois visites, le général De Gaulle a signé le livre d'or de la ville québécoise comme en 1960 où sa signature apparaît à gauche d'un dessin en couleur du drapeau tricolore et sous la croix de Lorraine, symbole de la France libre dès 1940.

D'autres objets sont aussi exposés comme un carton d'invitation en lettres cursives et le menu du dîner officiel donné le 25 juillet à l'issue de l'inauguration du pavillon français de l'exposition universelle. Saumon de Gaspésie, région à l'est de la province francophone canadienne, faisan et "délices du Québec" ont été servis aux convives.

Mais un demi-siècle plus tard, le balcon reste le symbole d'une visite qui a braqué les projecteurs sur la Belle province et ses velléités de devenir un pays.

"Vive Montréal, vive le Québec, vive le Québec libre, vive le Canada français, vive la France!". Des paroles dont "tout le monde parlait" à l'époque, se rappelle Marthe Oliver.
"Je me souviens très, très bien (...) on était très, très fiers".

Pour elle, "le général de Gaulle a mis le Québec sur la carte mondiale, nous a fait connaître, a fait connaître notre existence et notre besoin de liberté, de renouveau".
Cette soif d'indépendance a cependant été balayée lors de deux référendums, en 1980 et en 1995, avec pour ce dernier scrutin une défaite de quelques milliers de voix.

"C'est le balcon où était de Gaulle ?" Une famille de Français, en tenue estivale et appareil photo en main, interroge ses voisins avant d'immortaliser l'imposant balcon au centre de la façade de l'hôtel de ville de Montréal.
C'est depuis ce haut balcon de pierre grise à six colonnes frontales qu'il y a tout juste 50 ans, Charles de Gaulle, alors président de la République française,...

commentaires (3)

Correction historique: La France avait abandonné ces pauvres français miséreux, paysans, fermiers, coureurs des bois, suite à sa défaite aux mains des anglais, avec toute la noblesse et aristocratie française fuyant les lieux. Les ancêtres des québécois étaient complètement asservis, exploités, et sont très fiers d'avoir survécu ainsi que leur langue et culture dans un océan anglophone d'Amérique du Nord.... Ce n'est que suite à leur "révolution tranquille " dans les années 50 qu'ils se sont affirmés comme nation distincte avec développement économique accéléré et c'est alors que les Français se sont rappelés de leurs cousins québécois et leur accent au relent de vieux français amusant... C'est dans ce contexte qu'il faut mettre alors la portée historique de la venue de De Gaule en 67 et ce qui a suivi: les québécois ne portaient pas nécessairement beaucoup leurs cousins français au coeur et les trouvaient des opportunistes hypocrites, ce qui n'est pas très loin de la vérité!

Saliba Nouhad

17 h 45, le 23 juillet 2017

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Commentaires (3)

  • Correction historique: La France avait abandonné ces pauvres français miséreux, paysans, fermiers, coureurs des bois, suite à sa défaite aux mains des anglais, avec toute la noblesse et aristocratie française fuyant les lieux. Les ancêtres des québécois étaient complètement asservis, exploités, et sont très fiers d'avoir survécu ainsi que leur langue et culture dans un océan anglophone d'Amérique du Nord.... Ce n'est que suite à leur "révolution tranquille " dans les années 50 qu'ils se sont affirmés comme nation distincte avec développement économique accéléré et c'est alors que les Français se sont rappelés de leurs cousins québécois et leur accent au relent de vieux français amusant... C'est dans ce contexte qu'il faut mettre alors la portée historique de la venue de De Gaule en 67 et ce qui a suivi: les québécois ne portaient pas nécessairement beaucoup leurs cousins français au coeur et les trouvaient des opportunistes hypocrites, ce qui n'est pas très loin de la vérité!

    Saliba Nouhad

    17 h 45, le 23 juillet 2017

  • Lorsque la France avait quitté le Canada vers 1760, les Français du Canada étaient 60.000 essentiellement au Québec, ils sont aujourd'hui 8.500.000. La France ne les avait jamais oubliés et eux aussi, ils se sentent toujours des Français en Amérique.

    Un Libanais

    13 h 15, le 23 juillet 2017

  • Quand on a une âme de résistant de la 1ère heure , on ne la perd jamais . De Gaulle aujourd'hui , face au bordel mondial , aurait su gérer mieux que ça la politique française , c'est sûr .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 10, le 23 juillet 2017

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