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Santé - Pédiatrie

Le retard de croissance, un problème qui touche 10 % des enfants

L'hormone de croissance ne bénéficie pas à tous les enfants de petite taille, et l'usage de ce traitement obéit à des indications très strictes.

Le retard de croissance n’est pas une fatalité, à condition qu’il soit dépisté le plus tôt possible. Photo Bigstock

Lionel Messi, icône du football mondial, n'a pas toujours été bien dans sa peau. Petit, il souffrait d'un important retard de croissance, dû à un déficit en hormone de croissance, qui lui a valu le surnom de « nain ». Un traitement de plusieurs années lui a permis de retrouver une taille normale.

Le retard de croissance n'est pas une fatalité, à condition qu'il soit dépisté le plus tôt possible. Un traitement adéquat pourra alors être entamé en fonction de la maladie à l'origine du problème. « D'où le rôle du pédiatre à qui incombe la tâche de dépister le retard de croissance et sa cause », insiste le Dr Wissam Fayad, endocrinologue pédiatre.

La croissance est définie par la taille de l'enfant et la vitesse à laquelle il grandit selon des normes internationales définies par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Appelées courbes de croissances, ces normes ont été fixées en étudiant le poids et la taille de milliers d'enfants plusieurs années durant. Ainsi, un enfant est considéré petit si son poids et sa taille sont inférieurs à la courbe minimale. « C'est toutefois la vitesse de croissance qui doit alarmer le plus le pédiatre », souligne le Dr Fayad.

Il existe en fait trois phases de croissance. La première, rapide, concerne les deux premières années de la vie, au cours desquelles l'enfant gagne respectivement 25 cm et 12 cm. La deuxième phase s'étend de l'âge de 3 ans jusqu'à la puberté. Durant cette période, l'enfant doit grandir en moyenne 5 à 6 cm par an. La troisième phase de croissance est rapide et se déroule pendant la puberté. Chez la fille, celle-ci commence plus tôt que chez le garçon, alors que chez ce dernier la croissance est plus rapide que chez la fille. Un retard de croissance est diagnostiqué si, au cours de la deuxième phase, l'enfant grandit moins de 5 cm par an.

Causes multiples

Selon l'OMS, le retard de croissance touche 10 % des enfants dans le monde. Les causes à l'origine de ce problème sont multiples. Elles peuvent être primitives liées à une anomalie du développement de l'enfant, comme le syndrome de Turner (absence chez la fille du chromosome X), à des maladies génétiques ou osseuses (nanisme), ou encore à un retard de croissance intra-utérin. Dans ce dernier cas, l'enfant naît à terme avec un poids inférieur à 2,5 kg et une taille ne dépassant pas les 47 cm. « Dans 90 % des cas, l'enfant fera une croissance de rattrapage au cours des deux premières années de sa vie et retrouvera une taille normale », précise le Dr Fayad.

Le retard de croissance peut aussi cacher une autre maladie sous-jacente, comme les maladies cardiaques, pulmonaires ou digestives (comme la maladie céliaque qui est assez fréquente au Liban). La dénutrition est aussi une importante cause du retard de croissance. D'ailleurs, à l'échelle internationale, elle constitue selon l'OMS la principale cause à l'origine du problème.

À cela s'ajoutent les problèmes endocriniens, notamment de thyroïde et le déficit en hormone de croissance, ainsi que le retard constitutionnel simple (dans ces cas, les enfants font en général un pic de croissance à la puberté), les facteurs génétiques et les cas idiopathiques dont on ignore la cause.

Selon la cause à l'origine du retard de croissance chez l'enfant, celui-ci est référé au spécialiste adéquat : cardiologue, pneumologue, gastro-entérologue, endocrinologue... Une série d'examens est alors effectuée pour mieux cerner le problème. « Il y a quelques années, le groupe d'endocrinologues pédiatres au sein de la Société libanaise de pédiatrie a mené une campagne de sensibilisation au retard de croissance et à la nécessité de le traiter le plus tôt possible, explique le Dr Fayad. La campagne a malheureusement un peu dépassé son but, parce qu'il y a eu un abus dans les examens demandés. Récemment, le groupe a mené une nouvelle campagne dans le même sens, en tempérant toutefois son discours, dans le sens où il a appelé à être raisonnable et logique dans les examens demandés. Avant tout, c'est au pédiatre de dépister la maladie et d'orienter le patient. »

Indications strictes

Quid du traitement ? « Il dépend de la cause à l'origine du problème, précise le Dr Fayad. On ne peut pas donner l'hormone de croissance à tous les enfants qui affichent un retard de poussée. Celles-ci obéissant à des indications très strictes et bien codifiées. Ainsi, ce traitement est indiqué chez les enfants qui ont un déficit en hormone de croissance, chez ceux qui ont un retard de croissance intra-utérin et qui n'ont pas rattrapé une vitesse de croissance normale, chez les filles souffrant du syndrome de Turner, chez les enfants souffrant d'une insuffisance rénale chronique et qui sont mis sous dialyse, ainsi que dans le cas de certaines maladies rares. En ce qui concerne les causes idiopathiques, les avis sont partagés. En Europe, le traitement à l'hormone de croissance n'est pas autorisé pour ces cas, contrairement aux États-Unis. Au Liban, les tiers payants publics ne couvrent pas les frais du traitement pour les causes idiopathiques. Ce qui est logique, parce qu'on n'est pas sûr que l'enfant va bénéficier du traitement, qui est par ailleurs très coûteux, frôlant les 10 000 dollars par an. Et c'est un traitement qui est donné sur plusieurs années. Néanmoins, on continue de constater au Liban un certain abus dans le traitement à l'hormone de croissance. »

Et le Dr Fayad d'insister : « Les hormones de croissance ne sont pas un traitement cosmétique. Elles n'ont pas non plus l'effet d'une baguette magique. Elles ne sont efficaces que dans des cas bien précis. Malheureusement, nous avons du mal à faire parvenir ce message au grand public. »


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