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Culture - Festival de Baalbeck / e-terview

Angélique Kidjo : Personne n’a envie d’entendre une nouvelle Beyoncé ou un nouveau Jay-Z

De l'allure, boule rasée ou avec turban africain, de l'énergie à revendre, une présence sur scène époustouflante et une voix de tonnerre entre lionne rugissante ou gazelle bondissante. La diva béninoise, portée par tous les tam-tams des savanes et des forêts profondes des pays du soleil, officie ce dimanche 16 juillet au temple du... soleil.

Angélique Kidjo : « Déjà bébé, je chantais avant de parler. » Photo Gilles-Marie Zimmermann

Entre fuseaux horaires complexes et voyages incessants, la modernité technologique offre le loisir de communiquer à travers une e-terview. Échange de questions-réponses pour un tour de chant pas comme les autres. Et la cantatrice, qui manipule aussi bien la plume que le micro, a la réplique vive, pertinente et chargée d'humour.

Dans quel état d'esprit êtes-vous avant de venir à Baalbeck, la cité du Soleil ?
C'est la première fois que je viens au Liban. Je suis très impatiente de découvrir ce pays et son public car j'ai rencontré tellement de Libanais à travers le monde qui m'ont dit que la culture libanaise adore la musique. Il y a une forte connexion historique entre l'Afrique et le Liban !

Quel a été, dans votre vie, l'élément déclencheur de cette passion de la musique ?
La légende familiale prétend que, déjà bébé, je chantais avant de parler ! Donc la musique a toujours été une part importante dans ma vie. Le premier déclic fut lorsque je suis montée sur scène à l'âge de six ans pour remplacer une jeune actrice qui était malade. J'avais tellement peur. Mais en me voyant si petite, le public s'est mis à rire et cela m'a mise à l'aise et depuis ce jour, je n'ai plus quitté la scène.

 

(Pour mémoire : Le revival des Nuits libanaises à Baalbeck)

 

Vous qui avez obtenu plusieurs prix et Grammys, quel est le souvenir marquant de votre carrière ?
Quand j'étais encore étudiante à Paris, il y avait un club célèbre, rue des Lombards, qui s'appelait le Baiser salé. Tous les grands musiciens y jouaient le soir. Un jour, j'ai auditionné et la patronne m'a engagée ! Quelle excitation. C'était une première porte qui s'ouvrait. Et les premières portes sont souvent les plus belles. Et ne s'oublient pas.
Vous êtes qualifiée comme une des femmes les plus influentes au monde. Que voulez-vous changer exactement dans le système et la vie ?
L'Afrique m'a tellement apporté sur le plan culturel et humain. C'est un continent magnifique que l'histoire officielle ne reconnaît pas à sa juste valeur. J'ai eu la chance de recevoir une éducation qui a transformé ma vie. Je rêve d'une Afrique où toutes les jeunes filles auraient accès à l'éducation et pourraient transformer le futur du continent.

Quel est votre personnage historique (ou musical) idéal ? Pour quelles qualités ou quels défauts ?
Il y en a tellement ! Comme beaucoup de gens, je pourrais citer Mandela. Son influence et le symbole qu'il représente est crucial dans le monde si violent et sans pitié dans lequel nous vivons. Musicalement, je pourrais citer Bob Marley, car il arrive à faire passer des messages politiques et sociaux si puissants mais qui ne sacrifient jamais la poésie et la musicalité. Permettez-moi de vous dire que cela n'est pas facile.

 

Si vous aviez un conseil à donner aux chanteurs qui montent, ce serait quoi ?
D'apprendre à connaître leur propre culture. C'est souvent là qu'ils pourront trouver leur originalité. Personne n'a envie d'entendre une nouvelle Beyoncé ou un nouveau Jay-Z. Il faut utiliser la profondeur de la culture traditionnelle pour amener quelque chose de nouveau musicalement dans notre monde saturé.

Comment qualifiez-vous votre voix ?
C'est à vous de me le dire !

On vous nomme la première diva africaine. Êtes-vous d'accord ?
Si le mot « diva » sous-entend que je suis capricieuse, dotée d'un ego surdimensionné et insupportable comme la Castafiore de Tintin, dans ce cas-là, j'espère ne pas être une diva !

 

(Lire aussi : Quand la citadelle au grand cœur enlace son passé et son présent)

 

D'habitude, c'est l'Orchestre du Luxembourg qui vous accompagne. Sera-t-il aussi au Liban avec vous ?
Au Liban, je serai avec le groupe de musiciens qui m'accompagne partout dans le monde. Un percussionniste du Sénégal, un bassiste français, un guitariste de New York et un batteur chilien. Nous avons fait tellement de concerts ensemble que nous avons une vraie complicité.

Vous êtes une artiste aux multiples facettes : activiste, femme de lettres, militante, ambassadrice de bonne volonté de l'Unicef et chanteuse. Comment conciliez-vous tout cela ? Et quelle est votre cause au juste ?
Ma musique et mon engagement sont intimement liés. Ils se nourrissent l'un de l'autre. Je ne pourrais pas faire de musique sans les voyages que je fais avec l'Unicef. Ils sont ma principale source d'inspiration. J'essaye aussi de ne pas trop me disperser et je concentre mes efforts sur l'éducation secondaire des jeunes filles en Afrique. Beaucoup d'efforts ont été faits pour le primaire mais peu de jeunes filles ont accès à une éducation poussée. N'oublions pas que ces jeunes filles seront les mères de demain et qu'elles éduqueront à leur tour filles et... garçons !

Quel lieu vous fait rêver pour y chanter ?
Un lieu que je ne connais pas encore : aujourd'hui (dimanche 16 juillet), c'est Baalbeck. Tout le monde m'a dit que le cadre était très beau...

Que préparez-vous au public libanais comme menu pour ce concert attendu ?
Il s'agit d'un hommage aux trois grandes « divas » qui m'ont influencée par leur voix, leur musique ou leur message : Nina Simone, Miriam Makeba et Celia Cruz. Je chante quelques-uns de leurs morceaux les plus célèbres, mais toujours à la sauce Kidjo ! Je rajoute aussi quelques-uns de mes morceaux.

Qu'avez-vous à dire au public des festivaliers qui se prépare à vous applaudir ?
Dormez bien la veille et ne mangez pas trop avant le concert car je compte sur vous pour danser avec moi sur les rythmes africains. Qui ne sont pas si différents des rythmes libanais, d'ailleurs.

 

 

 

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