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À La Une - Justice

Le leader de la contestation dans le Rif marocain devant un juge

Les manifestations ont quasiment cessé mais les militants restent mobilisés pour "la libération des prisonniers".

Nasser Zefzafi (au c.), leader de la contestation dans le Rif marocain,lors d'une manifestation le 18 mai 2017. REUTERS/Youssef Boudlal

Le leader de la contestation populaire dans le nord du Maroc, Nasser Zefzafi, passait lundi devant un juge d'instruction à Casablanca, étape préalable à son procès qui n'aura pas lieu avant la fin du mois.

Les avocats de Zefzafi, emprisonné depuis la fin mai, avaient initialement indiqué que le procès de leur client devait début lundi devant la chambre criminelle de la Cour d'appel de Casablanca. En fait, "Il est interrogé sur le fond par le juge d'instruction. Ce n'est donc pas le début du procès", a précisé à l'AFP Me Naïma Guellaf, une de ses avocates. Cette ultime étape de l'instruction avant le procès devrait se dérouler jusqu'au 27 juillet, selon la presse marocaine, qui cite un autre avocat, Me Abdessadak El Bouchattaoui.

Le chef du "hirak" (la mouvance, nom donné localement à la contestation), aux harangues enflammées dénonçant "l'Etat corrompu", fait face à de lourdes charges, notamment "atteinte à la sécurité intérieure".
Aucune mobilisation particulière n'était visible devant le tribunal lundi.

Depuis la mort atroce d'un vendeur de poisson, broyé accidentellement dans une benne à ordures fin octobre à Al-Hoceïma (nord), ce chômeur de 39 ans menait la fronde contre le "makhzen" (pouvoir), au nom de sa région natale du Rif. Pendant près de huit mois, la petite ville d'Al-Hoceïma et la localité voisine d'Imzouren ont vibré au rythme de manifestations pacifiques pour le développement d'une région historiquement frondeuse, qu'elles jugent marginalisée et négligée. La relance par l'Etat d'un vaste plan d'investissements et de chantiers d'infrastructures --avec des visites répétées de cohortes de ministres-- n'a toutefois pas suffit à désamorcer la colère.

Le mois de mai a été marqué par un net durcissement des autorités dans la gestion des manifestations, de plus en plus réprimées par des forces de l'ordre désormais omniprésentes dans la province. Dans la foulée de l'arrestation de Zefzafi, la totalité des leaders et figures connues du "hirak" ont été interpellés. Les heurts se sont également multipliés, les policiers tentant tous les soirs d'empêcher ou de disperser les rassemblements de soutien à ces prisonniers. Selon un dernier bilan officiel, 176 personnes ont été placées en détention préventive. Cent-vingt sont en cours de jugement, des peines allant jusqu'à 20 mois de prison ont été déjà prononcées.

 

(Lire aussi : Un siècle après, le gaz moutarde continue de hanter le Rif marocain)

 

'Dépression grave'
Sous la pression, les manifestations ont cessé début juillet et la tension est retombée d'un cran avec le retrait des policiers de lieux publics emblématiques à Al-Hoceïma et Imzouren, une mesure décidée par le roi Mohammed VI en signe d'apaisement, selon les autorités locales.

Mais le mouvement n'a toutefois pas totalement disparu, avec la poursuite d'attroupements improvisés de jeunes sur les plages, de concerts de casseroles ou de klaxons et une mobilisation qui perdure sur les réseaux sociaux.

La "libération des détenus" est devenue le nouveau leitmotiv des protestataires, qui s'inquiètent en particulier du sort de Sylia Ziani, figure féminine du "hirak", aujourd'hui en "dépression grave" selon ses avocats. Samedi soir, une manifestation de soutien à la jeune femme, de quelques dizaines de personnes, a été violemment dispersée à Rabat. Plusieurs personnalités de défense des droits de l'Homme et des manifestantes ont été frappées par les policiers, selon des images qui ont fait le tour des médias locaux. Les autorités ont justifié leur intervention par le "refus d'obtempérer" des manifestants, ainsi que leur intention "préméditée de provoquer et d'agresser (...) les forces publiques".

L'approche "sécuritaire" adoptée par les autorités reste très critiquée par les ONG et la société civile, mais également une partie de la classe politique, qui rappelle le caractère "pacifique" du mouvement et ses revendications "économiques et sociales".

Le débat fait toujours rage sur les suspicions de tortures et de mauvais traitements qu'auraient subis certains détenus, selon leurs proches. La semaine dernière, des fuites dans la presse d'un rapport du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), un organisme officiel, ont été transmises à la justice. Ces expertises médicales ont été catégoriquement démenties par la police. Dimanche, un "comité des familles des détenus" a demandé l'ouverture d'un enquête sur ces allégations de mauvais traitements et a de nouveau appelé à la libération des détenus, en premier lieu de Sylia Ziani "dont l'état de santé s'est détérioré".

 

 

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