Ce ne sont ni des considérations humanitaires ni une volonté de protéger le Liban contre une éventuelle menace terroriste jihadiste qui poussent le Hezbollah à militer pour un dialogue direct avec le régime de Bachar el-Assad en prévision d'un retour des réfugiés syriens chez eux. Et cela, le 14 Mars en est parfaitement conscient, d'où la querelle qui a éclaté jeudi, en Conseil des ministres, et qui a poussé les présidents de la République et du Conseil à couper court à un débat qui menaçait de dégénérer, à partir du moment où le ministre Ali Kanso a asséné à ses collègues un « pas de dialogue avec Bachar, pas de retour des réfugiés ».
La querelle qui s'en est suivie a ravivé les clivages 14 Mars-8 Mars et poussé le président à intervenir. Michel Aoun s'est engagé à plancher en personne sur le dossier en coordination avec Saad Hariri, en priant les ministres de ne plus l'aborder dans les médias. Mais c'était sans compter sur l'intervention de l'ambassadeur de Syrie, Ali Abdel Karim Ali, qui a déclaré, dans une interview parue hier dans le quotidien al-Akhbar, que son pays n'accepterait que les contacts « officiels » pour un retour des réfugiés. Un mot de trop qui a mis le feu aux poudres.
Il est évident, pour le 14 Mars, que le but de la campagne huit-marsiste est principalement de renflouer le régime syrien, parce qu'il y va, en définitive, de l'avenir même du Hezbollah. Des sources de cette coalition révèlent que des ministres du gouvernement Hariri se rendent chaque semaine, depuis quelque temps, à Damas et démentent, dans le même temps, les informations de presse selon lesquelles le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, serait dépêché à Damas en tant qu'émissaire présidentiel pour discuter avec les autorités syriennes du processus de retour des réfugiés.
Plusieurs facteurs se cachent, selon les mêmes sources, derrière l'insistance du Hezbollah à ouvrir un dialogue avec Damas. Une des explications avancées est que le régime de Bachar el-Assad assure au Hezb une couverture extérieure à ses activités et représente, dans le même temps, un trait d'union géographique avec l'Iran. Si le régime tombe, le Hezbollah et l'Iran perdront tous les deux une couverture « légitime » à leur présence en Syrie ainsi que l'entité qui leur assurait la liaison via l'Irak et qui maintenait ouvertes les voies de passage des aides militaires, logistiques et même humanitaires entre le Liban et l'Iran. Le maintien du régime syrien est fondamental, pour l'Iran et le Hezbollah, mais aussi pour la Russie qui souhaite préserver son rôle d'interlocuteur incontournable dans la région.
Une autre explication fournie est que le parti de Hassan Nasrallah souhaite se refaire une bonne réputation en assumant, après avoir combattu aux côtés du régime, le rôle d'intermédiaire œuvrant pour le retour des réfugiés syriens, ce qui lui permet dans le même temps de s'imposer comme une force régionalo-arabe non confessionnelle. Sauf que sa première tentative à ce niveau avait lamentablement échoué. On sait que le Hezb avait pris contact avec l'ex-Front al-Nosra et d'autres factions de l'opposition pour assurer le retour de près de 300 familles dans le Qalamoun, suivant un mécanisme qui était supposé garantir leur sécurité, sans qu'ils ne soient inquiétés par le régime. Or l'accord conclu n'a pas été respecté et les hommes qui étaient rentrés au Qalamoun avec leurs familles respectives ont été interpellés par les forces du régime, soumis à des interrogatoires puis enrôlés dans leurs rangs. Ils devaient plus tard fuir de nouveau vers le Liban.
Face à cet échec, c'est aujourd'hui à travers les autorités libanaises que le Hezbollah, l'Iran et la Syrie souhaitent réaliser leur plan.
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commentaires (8)
Pauvre Liban...tant que les troupeaux de moutons-suiveurs-bêleurs et obtus brouteront ton herbe...tu resteras ce pays qui recule, recule, recule...jusqu'à tomber dans le néant ! Irène Saïd
Irene Said
17 h 14, le 07 juillet 2017