L’homme à Paris, défilés sous canicule

Le secret de Balenciaga
Premier ténor à défiler au cours de la Semaine masculine de Paris, Balenciaga donnait sa présentation dans un lieu tenu secret, au bois de Boulogne. Annoncé par une vidéo où l'on ne voyait que des pneus de voiture, l'événement a fait trépigner les initiés qui ont fini par découvrir une collection tout en volumes, inscriptions populistes et matériaux inattendus. Demna Gvasalia, le directeur artistique de la marque, s'est une fois de plus inspiré de son enfance géorgienne derrière le rideau de fer. Dix enfants participaient au défilé dont la plupart des modèles étaient recouverts de plastique. Et les pneus ? Peut-être l'évocation d'un pique-nique en famille.

Pas de costumes chez Valentino
Pas de vestes, mais des parkas de marin en patchwork envahies de poches et de Velcro. Le logo de Valentino a changé pour l'occasion, se réduisant à ses consonnes : VLTN. Une collection très street et sports d'équipe, notamment le basket, vraisemblablement la tendance majeure de la prochaine belle saison, et qui tranchait avec les lambris de l'ancien manoir de Calouste Gulbenkian, milliardaire proustien du début du siècle dernier.

Miyake entre sarouels et cache-cœurs
Le directeur artistique d'Issey Miyake, Yusuke Takahashi, fasciné par le paysage de dunes à perte de vue découvert lors d'un voyage récent dans le désert, a voulu restituer dans sa prochaine collection estivale la forte impression que lui ont laissée ces images. Les tissus de ses modèles ont un aspect ondulé, comme les striures du vent sur le sable. La fluidité est maîtresse de ce jeu, entre sarouels amples et tops cache-cœurs. La palette suit dans la même note, déclinant des camaïeux de bleu et d'orange. Descendant lentement l'escalier pyramidal de l'Université Pierre et Marie Curie, les modèles semblaient parfaitement adaptés à la rudesse du climat, en l'occurrence la canicule parisienne de cette semaine masculine.

Van Noten, entre monochromes et motifs tribaux
De l'ocre et des couleurs terre pour commencer. Le créateur belge Dries Van Noten, l'un des fameux six d'Anvers qui ont révolutionné la perception contemporaine de la mode, montrait une collection en crescendo, allant d'une monochromie neutre à des imprimés flamboyants dont il a le secret. Dans les anciens locaux du quotidien Libération, à la Défense, il a fait de ses cachemires, jacquards et motifs floraux un véritable feu d'artifice.

Vuitton, organza contre plastique
C'est dans la cour intérieure du Palais-Royal, équipée de brumatiseurs, que Louis Vuitton a cru mettre ses invités à l'abri de la chaleur. La collection du malletier de luxe était surtout marquée par des tenues multifonctions, adaptées au confort des grands voyageurs et marquées par des allusions à l'univers du sport. Elle affichait surtout un nouveau logo, dessiné par Kim Jones, évoquant les hélices d'un avion. La réponse du designer britannique au plastique de Demna Gvasalia chez Balenciaga est venue sous forme de shorts en organza ultralarges à porter sur des bermudas en néoprène.

Dior, la magie d'une adresse
Blousons imprimés d'orchidées, queues-de-pie pour les nuits de fête, capuches et bijoux gothiques, Kris Van Assche, le directeur artistique de Dior homme, a plaqué sur presque toutes les tenues de sa prochaine collection printemps-été 2018 de larges bolducs à l'adresse de son atelier, 3, rue de Marignan. Les chaussures Dior seront sans aucun doute le must have de cette saison en préparation, géniale hybridation entre l'univers de la boxe et celui du rock. Pour le 70e anniversaire de Dior, le créateur a voulu ainsi célébrer, sous la verrière du Grand Palais transformé en discothèque, l'impression de liberté d'une première nuit de fête.

Hermès en grand H
Véronique Nichanian est décidément la femme qui habille le mieux les hommes. La directrice artistique de l'homme chez Hermès a imaginé pour le printemps-été 2018 une collection tout en raffinement, revisitant certains classiques du streetwear, comme le chino, avec de nouveaux volumes (décidément la tendance large est le dernier symbole du luxe), des zips de couleur et des motifs géométriques très arty.