Rechercher
Rechercher

Économie - Industrie

Roches ornementales : la filière libanaise réclame plus de protection commerciale

Dénonçant une hausse des importations illégales depuis 2012, les producteurs de marbre, de granit et de ciment moulé demandent au gouvernement d'intervenir.

Selon les douanes, les importations et les exportations de granit et de marbre se sont effondrées entre 2012 et 2016. Photo StudioDin/Bigstock


Depuis le début du mois, les producteurs de marbre, de granit et de ciment moulé multiplient les déclarations et les rencontres avec les membres du gouvernement pour attirer l'attention sur les difficultés de leur filière. C'est d'ailleurs le sujet qui était à l'ordre du jour d'une réunion organisée lundi entre le Premier ministre, Saad Hariri, et une délégation du syndicat des producteurs de marbre, de granit et de ciment moulé. Menée par le président du syndicat, Nazih Najem, cette délégation avait été reçue, une semaine plus tôt et pour les mêmes raisons, par le ministre de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan.
Dans le cadre de ces rencontres, le syndicat a notamment présenté une étude listant les difficultés du secteur. « Ce document, qui a été approuvé par le ministère des Finances, celui de l'Industrie ainsi que celui de l'Économie et du Commerce, est aujourd'hui entre les mains des douanes », affirme M. Najem à L'Orient-Le Jour. Selon cette étude – que L'Orient-Le Jour a pu consulter – les « quelque 1 070 usines » libanaises du secteur, dans lesquelles sont employés « plus de 30 000 travailleurs », font face à de sérieuses difficultés depuis 2012 et « fonctionnent à moins de 25 % de leurs capacités ».

Explosion de la contrebande
Le syndicat ne confie aucune donnée permettant d'appuyer ce constat. Mais les chiffres des douanes permettent cependant d'observer un effondrement – en volume comme en valeur – des exportations et des importations de marbre et de granit (et des pierres de mêmes catégories comme le basalte ou le travertin) entre 2012 et 2016. Ainsi, le Liban a exporté en 2016 quelque 8 942 tonnes de marbre et de granit pour 1,1 million de dollars, soit une baisse de 61,6 % en volume et de 67,7 % en valeur par rapport à 2012. En parallèle, le Liban a importé 93 007 tonnes de roches en 2016 pour une valeur totale de 15,4 millions de dollars, des chiffres respectivement en baisse de 48,8 % et 46,1 % par rapport à 2012.
Une baisse qui pourrait être en partie liée à celle de l'activité immobilière sur cette période, marquée par un recul du nombre de permis de construire délivrés par l'ordre des ingénieurs et des architectes de Beyrouth et de Tripoli. Ces derniers sont en effet passés de 18 193 en 2012 à 17 295 en 2016 (-10,4 %), pour une surface constructible qui s'est également réduite sur la même période, de 14,7 millions à 12,2 millions de m² (-17 %). Mais pour M. Najem, « les producteurs de roches sont surtout plombés par les importations illégales qui tirent les prix à la baisse ». Selon lui, « des roches dont le prix de revient pour les producteurs locaux peut atteindre 25 dollars le m² sont vendues à 8 dollars sur le territoire, pour une qualité médiocre dans le meilleur des cas ». « La filière est victime de l'explosion de la contrebande », martèle de son côté le président de l'Association des industriels libanais (AIL) Fadi Gemayel. Il évoque notamment « une grande quantité de marbre importée de Syrie par voie terrestre ou d'Égypte, et qui se négocie sur le marché local à des prix très bas et en grandes quantités ».

Standards de qualité
M. Najem se félicite toutefois des engagements pris par le gouvernement pour soutenir les producteurs de roche locaux. « Le Premier ministre a affirmé son intention de protéger l'industrie en général et notre filière en particulier. Il a également souligné que le gouvernement allait s'entendre sur les mesures à mettre en œuvre pour empêcher les roches produites à l'étranger d'inonder le marché local », raconte-t-il.
Parmi les pistes explorées par les parties concernées figure notamment la mise en place d'autorisations préalables encadrant les importations. Elles seraient applicables sur la base de la réciprocité avec les pays qui imposent ce type de mesure pour les importations de roches libanaises. Autres mesures envisagées : la taxation ponctuelle des importations de ce type de produits – même lorsqu'ils proviennent des pays avec lesquels le Liban a signé des accords de libre-échange –, la mise en place de standards de qualité ou encore l'interdiction totale de l'importation de certains produits.
Selon M. Najem, « le ministre de l'Industrie pourrait présenter dès la prochaine réunion du Conseil des ministres (qui doit se dérouler aujourd'hui) les propositions contenues dans une étude réalisée par le syndicat sur les mesures à prendre pour mettre fin au dumping commercial ». Contacté par L'Orient-Le Jour, M. Hajj Hassan a, lui, confirmé « être d'accord avec les orientations proposées par le syndicat », mais ne s'est pas engagé sur un calendrier. Au moment de passer sous presse, ce dossier n'était pas inscrit à l'ordre du jour de la réunion du Conseil des ministres prévue aujourd'hui.

Depuis le début du mois, les producteurs de marbre, de granit et de ciment moulé multiplient les déclarations et les rencontres avec les membres du gouvernement pour attirer l'attention sur les difficultés de leur filière. C'est d'ailleurs le sujet qui était à l'ordre du jour d'une réunion organisée lundi entre le Premier ministre, Saad Hariri, et une délégation du syndicat des...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut