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À La Une - Royaume-Uni

Incendie de Londres : des manifestants en colère envahissent la mairie de quartier

Theresa May fortement critiquée.

Des manifestants entrent de force dans les locaux de la mairie de Kensington, à Londres, le 16 juin 2017. AFP / Daniel LEAL-OLIVAS

L'atmosphère est tendue, des coups sont échangés: des manifestants ont laissé éclater leur colère après l'incendie de Londres qui a fait au moins 30 morts en envahissant vendredi la mairie du quartier dont dépend la tour ravagée par les flammes.

Ce devait être au départ un rassemblement pacifiste. Mais le sentiment de désespoir et de rage qui couvait depuis le sinistre qui a dévasté dans la nuit de mardi à mercredi la tour Grenfell, un immeuble de logements sociaux, a fini par emporter la foule.

Il est environ 16H30 (15H30 GMT) quand des dizaines de personnes s'engouffrent dans le hall de la mairie de Kensington et Chelsea, cognant violemment contre les portes en verre. A l'intérieur, l'accès aux étages est barré par des agents d'une société privée de sécurité, gilets jaunes sur le dos. Le face-à-face est tendu, des coups sont échangés. Un policier est frappé aux testicules.

"Nous réclamons justice", "Honte à vous", "Tueurs", crient des manifestants, parmi lesquels se trouvent de nombreux jeunes. Certains brandissent des pancartes "Justice pour Grenfell", réclament la vérité pour "les amis et les familles (des victimes)".

L'un d'entre eux crie "Cet homme doit être arrêté" en brandissant une petite affiche "Wanted" montrant la photo du patron de la Kensington and Chelsea Tenant Management Organisation (KCTMO), l'organisme public qui administre le parc de logements sociaux pour la municipalité de ce quartier londonien.

Depuis l'incendie, de nombreuses personnes ont sévèrement critiqué la gestion de l'immeuble, jugée défaillante, beaucoup estimant qu'elle était due au fait qu'il s'agissait de logements sociaux. Des mises en garde contre le danger d'incendie ont été ignorées pendant des années, soulignent-ils.

Le revêtement installé l'an dernier sur la façade aurait en outre favorisé la propagation de l'incendie. Selon le Times, le recours à ce revêtement est proscrit aux États-Unis pour les immeubles dépassant 12 mètres de haut.

 

(Repère : Incendie de Londres: une victime nommée, de nombreux disparus)

 

'Piège mortel'
"C'était un piège mortel et ils le savaient", entend-on également.

Un des manifestants, courte barbe blanche, tente péniblement de calmer les esprits, appelle ses compagnons à faire attention, à réaliser ce qu'ils font, les prévenant qu'ils risquent de "finir en prison". Mais la colère a du mal à retomber et la situation n'est pas loin de dégénérer.

Macabre rappel de la tragédie, on peut voir dans le hall des livres de condoléances ouverts pour rendre hommage aux victimes de l'incendie, un des plus meurtriers de ces dernières années dans un immeuble d'habitation.

Des renforts de police finissent par sécuriser en partie l'accès à la mairie et les manifestants sortent progressivement. A l'extérieur, l'atmosphère est tout aussi électrique. Plusieurs centaines de personnes, des jeunes, des enfants ou des personnes âgées, sont rassemblées, cernant presque totalement le grand bâtiment de la mairie, située dans un quartier cossu de l'ouest de la capitale britannique, entourée de beaux immeubles victoriens.

Certains montrent aux médias des affiches avec les photos de personnes toujours portées disparues, et accusent les autorités de cacher la vérité sur le nombre de morts. "Le fait qu'ils ne disent rien aux gens est horriblement frustrant", s'emporte Karen Brown, 36 ans, en expliquant que la fille d'un ami, âgée de 12 ans, est portée disparue. "On n'est pas complètement stupides, on sait bien que des gens sont morts! Mais dites-le nous enfin!", lâche-t-elle.

En fin d'après-midi, quelques milliers de manifestants entament une marche vers la tour, sous les regards effarés de clients de brasseries et boutiques chics, soutenus par les klaxons de certains conducteurs solidaires. Dans le cortège, la Première ministre conservatrice est prise pour cible: "Theresa May, il est temps de partir", "Tories dehors", crie la foule.

 

 

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