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Belles à mourir

Il ne s'agit pas ici de rédiger un réquisitoire à charge contre le célèbre chirurgien plastique dans la clinique duquel est morte, il y a quelques jours, une jeune femme venue au Liban se « refaire une beauté ». On voudrait croire qu'une enquête sérieuse est en cours et que la justice agira en fonction des conclusions.

Mais ce drame jette une lumière particulièrement glauque sur les canons de beauté que cherchent à incarner depuis quelques années un certain nombre de Libanaises et de Moyen-Orientales en général. Il suffit de jeter un coup d'œil sur les innombrables vidéos et documentaires qui circulent sur YouTube pour mesurer l'étendue du phénomène et le succès dudit praticien qui en est le héros.

Depuis au moins cinq ans, il est sur toutes les télévisions locales, sans compter son interminable film publicitaire diffusé à bord des avions de la MEA ni, en guise d'apothéose, le bout de reportage récent et plutôt grinçant réalisé par M6 (66 Minutes, 15 mai 2017).

Quand Nader Saab y présente ses clientes, il ne chipote pas dans les superlatifs : « L'épouse de l'homme le plus riche, la femme la plus belle », etc. Dans un épisode tourné en 2012 de l'émission Khedni maak (Emmène-moi) produite par OTV, on relève une banalisation systématique de l'acte chirurgical, étayée par des critères de temps : dix minutes pour refaire les seins, tant de minutes pour le nez, tant pour la graisse abdominale. On relève aussi une petite phrase qui en dit long sur l'esprit qui domine ces pratiques : les maris sont invités à assister aux opérations et à donner leur avis sur la taille des prothèses mammaires « parce que ce sont eux, après tout, les principaux bénéficiaires du résultat ».

Dans ce documentaire auquel le présentateur prétend donner une dimension humoristique à force de mimiques ridicules et potentiellement dangereuses (il s'amuse entre autres à coudre au catgut sa blouse à celle de Nader Saab pendant que ce dernier, en plein bloc opératoire, recoud lui-même une patiente), le praticien souligne en substance que de nos jours, quand une personne ne répond pas à certains critères de beauté, sa vie est carrément vouée à l'échec. Dans sa clinique clinquante de faux luxe, envahie de meubles et d'objets ostentatoires, dominée par des tonalités de bois sombre et d'or, l'homme affirme que le premier coup de scalpel est « jouissif » et parle de ses « malades ».

Le mot interpelle. De quelle sorte de maladie souffrent ces femmes, sinon d'un manque de confiance tragique dû à une culture qui leur signale clairement que leur corps ne leur appartient pas ? Leur corps semble un trophée à la portée du premier mâle enrichi qui considère toute constitution soumise à la gravité et au passage du temps indigne de sa fortune. Voué à être le support d'une esthétique du déni, leur corps est un champ de bataille de plus contre la nature.

Ailleurs, des créateurs inspirés recherchent désormais, pour véhiculer une image intéressante de leur travail, des visages et des corps marqués par ces imperfections qui intriguent, révèlent un caractère, suggèrent une histoire. À l'heure où la mode célèbre la différence, notre seule ambition est de ressembler. Mais à quoi ?

Il ne s'agit pas ici de rédiger un réquisitoire à charge contre le célèbre chirurgien plastique dans la clinique duquel est morte, il y a quelques jours, une jeune femme venue au Liban se « refaire une beauté ». On voudrait croire qu'une enquête sérieuse est en cours et que la justice agira en fonction des conclusions.
Mais ce drame jette une lumière particulièrement glauque sur...

commentaires (8)

Medames les "refaites" vous savez quoi ? Je vais vous le dire tout de suite: Vous êtes ... moches !

Remy Martin

15 h 14, le 08 juin 2017

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Commentaires (8)

  • Medames les "refaites" vous savez quoi ? Je vais vous le dire tout de suite: Vous êtes ... moches !

    Remy Martin

    15 h 14, le 08 juin 2017

  • Un homme riche fort payant toutes les pubs pour la MEA et ayant des juges comme amis et parents sera innocenté . Et tant pis pour nos femmes qui veulent devenir des dragons sexy .

    Antoine Sabbagha

    12 h 57, le 08 juin 2017

  • "......De quelle sorte de maladie souffrent ces femmes, sinon d'un manque de confiance tragique dû à une culture qui leur signale clairement que leur corps ne leur appartient pas ? Leur corps semble un trophée à la portée du premier mâle enrichi qui considère toute constitution soumise à la gravité et au passage du temps indigne de sa fortune. Voué à être le support d'une esthétique du déni, leur corps est un champ de bataille de plus contre la nature..." Tout est dans ce passage ! On meurt au Liban pour se faire belle, alors que d’autres se pendent par désespoir (lire sans être atteint de grognonite, l’excellent article de AM El-Hage). Le désespoir dans les deux cas, et le fric. On ne parle pas assez de ces silhouettes anorexiques sur les podiums ou lors des défilés de haute couture. Les femmes par mimétisme, cherchent à plaire. A qui ? Aux hommes ou bien pour rivaliser de beauté avec d’autres femmes. Sont-elles à ce point mal-aimées pour se refaire, par le bistouri. Elles ne s’aiment pas, mais elles aiment une image d’elles…. Elles ont vu le "mâle", qu’il soit frère ou mari, et ses obsessions et tombent dans le piège de lui faire plaisir, et de n’exister que pour plaire. Question de désespoir et d’argent. D'où ce proverbe indien qui résume bien d’autres aspects de mentalité et de dot. "Elever une fille, c’est arroser le jardin du voisin". Là, on est loin de l’amour de la vie tout court, et de la magie de chaque instant. Triste !

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    11 h 17, le 08 juin 2017

  • QUAND TOUTES VEULENT ETRE DES VENUS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 00, le 08 juin 2017

  • Ressembler a quoi ? Ou plutôt a qui ? Toutes se font triturer et manipuler sans pitié leur visage a coup d injection d acide hyaluronique,de Botox etc.. Toutes sont désormais des gueunons qui se ressemblent Les mêmes yeux enfoncés dans l orbite et pour cause ces joues ridiculement gonflées , ce même nez fait et refait , ces lèvres ( effet de bec de canard) entrouvertes et beantes parce que farcies a l exces . Et pour couronner ces chef- oeuvres "effet clowns ", nos libanaises portent la meme coiffure a mille extensions , cheveux qui dégoulinent et se répandent sans vergogne sur les epaules. Apparemment le Liban souffre d'une pénurie de miroirs de qualité qui renvoient la réalité telle qu'elle ..

    Hitti arlette

    08 h 54, le 08 juin 2017

  • Ce dictat de la beauté et du jeunisme n'est pas limité au Moyen-Orient, loin s'en faut. Suffit de feuilleter Elle ou tout autre magazine "féminin" ou de regarder les fronts lisses des actrices toutes origines confondues. Sans parler des "tutos" beauté dès youtoubeuses et des cliniques spécialisées qui fleurissent et prospèrent aux quatre coins du monde.

    Marionet

    08 h 32, le 08 juin 2017

  • En effet, tant de mauvais goût, de vulgarité et de bling-bling me laissent abasourdie !! Quelle image piteuse de la femme libanaise ce reportage convoie... Des femmes, trop riches, oisives, genre poupées gonflables, atteintes de jeunisme aigu, narcissiques comme pas possible, crevant de peur de ne plus plaire en gardant leurs rides ... De un, une femme rafistolée reste une femme rafistolee et rien a voir avec la beauté et la fraîcheur de la vraie jeunesse. De deux un homme tout fier d'exhiber sa poupée gonflable ...... Bof laissez tomber Mesdames. Quand meme nous valons mieux que ca !!! Et heureusement il y a encore plein de libanaises charmantes, ridées, et extrêmement seduisantes !!!

    Atallah Mansour Simone

    07 h 59, le 08 juin 2017

  • " Trompeuse est la grâce, vaine la beauté: c'est la sagesse qu'il faut louer chez une femme" (Pr 31: 30)

    Yves Prevost

    07 h 27, le 08 juin 2017

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