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Liban - Sécurité

À Baalbeck, les citoyens attendent que les services de sécurité interviennent

« Ici, les gens font ce qu'ils veulent parce qu'ils savent qu'il n'y aura pas de sanction », explique le président de la municipalité.

La délégation de Baalbeck en visite hier chez le président de la République, Michel Aoun. Photo Dalati et Nohra

Le scénario se perpétue depuis des années. Baalbeck, ville du soleil et cœur de la Békaa, souffre d'une insécurité grandissante et appelle sans cesse l'État à intervenir pour rétablir l'ordre. Les habitants de la région disent être pris en otage par des malfrats dont l'identité serait connue des services de sécurité, mais ces derniers hésiteraient à intervenir par peur des représailles. La population demande la protection de l'armée et des Forces de sécurité intérieure, sans toutefois ignorer que les services de sécurité attendent un feu vert politique.
C'est dans ce cadre qu'une délégation de Baalbeck, présidée par le président de la municipalité, Hussein Lakkis, s'est rendue hier à Baabda, où elle s'est réunie avec le président de la République, Michel Aoun. Elle en est sortie avec l'assurance que la sécurité à Baalbeck-Hermel allait être rétablie. Le président Aoun a assuré à ses visiteurs qu'il suivait les derniers développements à Baalbeck et que les services de sécurité avaient reçu l'ordre de veiller à la stabilité de la région.
« Ce n'est pas d'un plan sécuritaire de quelques semaines dont nous avons besoin mais de mesures susceptibles de créer le climat sécuritaire nécessaire », indique Hussein Lakkis à L'Orient-Le Jour. Selon lui, l'hésitation des services de sécurité à intervenir s'explique par une série d'incidents survenus ces dernières années et au cours desquels les familles de malfaiteurs abattus se sont vengées des militaires ou de leurs familles.
« Les militaires ont l'impression qu'ils vont payer de leur personne s'ils appliquent la loi. Il est inadmissible de les laisser sans protection et avec le moral en berne », souligne M. Lakkis. «Aujourd'hui, ce sont plusieurs familles qui sèment la pagaille dans la région. Les gens font ce qu'ils veulent parce qu'ils savent qu'il n'y aura pas de sanction. Il faut que les services de sécurité, et en particulier le commandant de l'armée, prennent la décision d'intervenir à Baalbeck », estime M. Lakkis.

Besoin de décision politique « sérieuse »
Pour Hassane Rifaï, avocat originaire de Baalbeck, il n'y aura pas de plan sécuritaire « avant le retour du Hezbollah de Syrie ». M. Rifaï dénonce le « laxisme de l'autorité politique devant le Hezbollah » et évoque « la nécessité d'une décision politique sérieuse une fois pour toutes, décision qui ne réussira que si elle est avalisée par le Hezbollah ». « Nous avions le Fatehland du temps de la guerre civile, maintenant nous avons le Hezbollah Land », lance-t-il.
M. Rifaï estime par ailleurs que l'amnistie demandée pour les détenus islamistes (sunnites) pourrait être étendue à des hors-la-loi qui courent toujours et encourager par là le sentiment d'impunité de certains, notamment dans la région de Baalbeck. Il indique que ce dossier est lié à des calculs relatifs aux élections législatives. « Les sunnites et les chiites de Baalbeck ne veulent pas de cette amnistie parce que, si elle est adoptée, les malfrats sauront qu'ils pourront s'en tirer immédiatement », dit-il.
Ghaleb Yaghi, ancien président de la municipalité de Baalbeck (1992-2004), dénonce pour sa part les « îlots sécuritaires qui s'étendent jusqu'à Qousseir, en Syrie (région frontalière dans le Qalamoun contrôlée par le Hezbollah) ». « Quand on annonce un plan sécuritaire, on donne le temps aux malfaiteurs de s'enfuir en Syrie, à Qousseir la plupart du temps, souligne-t-il. Le Hezbollah critique l'État alors qu'il fait partie du pouvoir », souligne-t-il.

Le scénario se perpétue depuis des années. Baalbeck, ville du soleil et cœur de la Békaa, souffre d'une insécurité grandissante et appelle sans cesse l'État à intervenir pour rétablir l'ordre. Les habitants de la région disent être pris en otage par des malfrats dont l'identité serait connue des services de sécurité, mais ces derniers hésiteraient à intervenir par peur des...

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