Les sanctions américaines contre le Hezbollah ne devraient pas porter atteinte à la stabilité

De retour samedi de Washington où il se trouvait avec les membres de la délégation officielle dépêchée auprès des responsables US pour plaider la cause libanaise suite aux « rumeurs » relatives aux menaces de sanctions américaines contre les banques libanaises, le député d'Amal, Yassine Jaber, a tenu à rassurer les Libanais dès son arrivée à Beyrouth. « Il ne faut pas prendre ces informations au sérieux et aucune mesure concrète n'a été prise par l'administration américaine » (contre les banques), a déclaré le député.

L'inquiétude des responsables libanais avait été notamment exacerbée par le durcissement à l'égard du Hezbollah, exprimé à Riyad lors du sommet islamo-américain qui s'est tenu dans la capitale saoudienne, il y a une semaine, mais aussi après des fuites dans la presse portant sur un élargissement des sanctions américaines contre le Hezbollah et ses alliés.

Devant les responsables US, les membres de la délégation, qui ont rencontré tour à tour des élus du Congrès et des responsables du Conseil national de sécurité, ont fait valoir le rôle vital que joue le secteur bancaire ainsi que l'armée, les deux piliers qui continuent d'assurer la survie du système en place, assure en substance à L'OLJ une source proche du dossier. Une situation dont les officiels américains sont d'ailleurs bien conscients.

Après avoir démenti une première fois, à partir de Washington, le bien-fondé des « fuites » affirmant que « la loi sur les sanctions américaines contre le Hezbollah n'a pas été adoptée », M. Jaber est revenu à la charge pour déclarer, dès son arrivée à l'aéroport, que le texte de loi américain présumé « n'est qu'un avant-projet qui a filtré à la presse et dont la teneur a été amplifiée au Liban ». Et d'ajouter que les États-Unis « peuvent imposer des sanctions contre le Liban dès qu'ils le souhaitent sans avoir besoin d'adopter une loi à cette fin ».

Interrogé par L'Orient-Le Jour, le député Mohammad Kabbani, également présent aux rencontres avec les officiels américains, a assuré que l'impression avec laquelle la délégation est revenue est toute autre que celle du départ. « Nous sommes aujourd'hui plus rassurés », a-t-il dit. Selon lui, les responsables américains ont formellement démenti la teneur initiale du « brouillon » qui devait toucher un spectre plus large de personnalités libanaises soupçonnées d'avoir des liens avec le terrorisme ou le Hezbollah. M. Kabbani a souligné que ses interlocuteurs américains ont tenu compte des doléances et des inquiétudes libanaises concernant la fragilité de la situation dans le pays. D'après lui, l'administration US « n'a pas renoncé » au principe général des sanctions en tant que tel, mais envisage de revoir certains détails initialement prévus dans le texte de l'avant-projet et d'adopter, en cas de nécessité, des sanctions plus ciblées.

Une information que confirme notre correspondante à Washington Hoda Chedid, qui précise, citant des sources proches du dossier, que « si des sanctions sont prononcées, elles ne seront certainement pas imposées aux dépens de la stabilité du Liban ».

Une chose est certaine, souligne une source informée : « L'Iran et son allié libanais, le Hezbollah, sont aujourd'hui plus que jamais dans le point de mire de l'administration de Donald Trump. » Cependant, poursuit-elle, la visite de la délégation libanaise a réussi à sensibiliser les officiels américains sur « la spécificité de la situation libanaise, et sur les composantes de la stabilité dans ce pays, avec à leur tête le secteur bancaire ».