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Idées - France

L’élection d’un président, ou la mutation du spectacle

AFP / STEPHANE DE SAKUTIN

L'avènement du président Emmanuel Macron à la tête de la République française reflète incontestablement une révolution dans la configuration politico-électorale française, et ce pour des raisons d'ordre structurel que nous trouvons nécessaire d'analyser. Il est clair qu'un changement du profil classique du dirigeant s'est imposé et provoquera une dynamique évolutive à laquelle le système en place devrait s'adapter. Le nouveau président, au-delà de l'apparence jeune et alerte, est le représentant d'une génération bien établie dans ses convictions et idéologie strictement économico-libérale, et dans son engagement sur la voie d'une mutation vers un nouveau concept de citoyenneté nationale généralisée qui transcende toute autre appartenance identitaire religieuse ou culturelle.
Cet événement majeur dans la conjoncture actuelle symbolise principalement la totale négation de tout préjugé ou complexe historique entravant l'acheminement vers un communautarisme socio-économique, et une intégration exempte de réticences rebelles à la laïcité ou aux valeurs républicaines. Sans, toutefois, verser dans un mercantilisme individualiste, la tendance principale de son programme repose sur des stratégies de performance économique sans rupture aiguë de politique socio-financière antérieure. La France ne changera pas d'attitudes et, certes, de positionnement tant sur le plan international, et particulièrement proche-oriental, que sur le plan européen et son comportement relationnel avec les États-Unis. Les Français ont voté pour la stabilité, voire le pragmatisme idéologique et factuel, puisque son programme ne se fonde pas sur des repères rigides et des microciblages à forte connotation dirigiste.
C'est un homme du terrain qui jusqu'à là a su provoquer des synergies positives durant sa carrière dans le secteur privé et même durant son mandat de ministre.
Las du spectacle classique – droite, gauche, centre –, l'électorat français a opté pour un profil régénérateur de la caste politique mais imprégné par des modèles anglo-saxons, tant sur le plan de l'apparence physique, du style de communication, que sur le plan des concepts scientifiques adoptés par les grandes écoles de gestion et management, les théories néoclassiques économiques et par conséquent dans le domaine entrepreneurial ou « corporate ». Facteur d'autant plus important qu'il peut être facilement transposable sur le plan de la gestion étatique et publique, d'où une éventuelle prévisibilité de son action future.
Déjà la mutation est opérée au niveau de l'individualisme du vote majoritaire en dépit de tout alignement partisan ou droite-gauche-centre. L'adaptabilité du programme proposé satisfait éventuellement tout citoyen non engagé dans un activisme ou cloisonné dans une segmentation de quelque nature soit-elle. Le constructivisme doublé d'un désengagement patent du discours dénote des orientations modérées qui ne versent pas dans des tendances gauchisantes syndicales et corporatives ni dans des mesures restrictives au niveau migratoire ou européen. Le concept nouveau d'un capitalisme social libéral devrait prendre, au fur et à mesure, forme comme vecteur et inducteur d'évolution, selon les variations conjoncturelles.
Le nouveau style de pouvoir semble s'accommoder de toute liberté et hétérogénéité face aux enjeux nationaux, européens et même internationaux.
Le repérage systématique des foyers de congestion sociaux, économiques, fiscaux, publics et privés fera l'objet de microthérapies avec des spécificités de traitements qualitatifs. La maîtrise de certains traitements dépendra de l'applicabilité des procédés et techniques du domaine privé entrepreneurial, où le nouveau président a déjà fait ses preuves, dans le domaine public et au niveau structurel national. L'accessibilité de sa politique pourrait rallier éventuellement une équipe gérante variée mais performante. Mais l'appréhension majeure serait incontestablement une convergence hostile de la classe politique partisane tant à droite qu'à gauche contre l'éventuel succès d'un indépendantiste, ce qui constituerait un précédent déstabilisateur pour les structures partisanes, toutes tendances confondues.
Cette nouvelle expérience nationale rompt indiscutablement avec le cours habituel de la vie constitutionnelle française et pourrait, par conséquent, déclencher un processus international positiviste face à la réaction nationaliste contre l'extrémisme islamiste. Il est clair qu'une onde d'inspiration pluraliste est lancée à partir de ce fait majeur puisque l'expérience française a toujours, historiquement, influencé le cours des événements dans le monde.
L'avenir proche dévoilera l'impact réel de cette élection atypique sur le devenir des idéologies économico-politiques en France, en Europe et dans le monde.

Ancien député et ministre
Professeur à l'Université Saint-Joseph.

L'avènement du président Emmanuel Macron à la tête de la République française reflète incontestablement une révolution dans la configuration politico-électorale française, et ce pour des raisons d'ordre structurel que nous trouvons nécessaire d'analyser. Il est clair qu'un changement du profil classique du dirigeant s'est imposé et provoquera une dynamique évolutive à laquelle le...

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