Le ministre italien accueilli par le chef de l’État.
Avons-nous laissé passer l'occasion de chercher – et de trouver – à tête reposée une nouvelle loi électorale ? Peut-être. Après quelques mois de stagnation, la situation régionale risque en effet de rendre cette recherche moins facile, pour trois raisons : l'élection présidentielle iranienne aujourd'hui, la tournée régionale du président américain Donald Trump, samedi et dimanche, et le vote prévu de nouvelles sanctions financières américaines contre le Hezbollah.
Sans remettre en cause l'accord sur le nucléaire, l'élection du conservateur Ebrahim Raïssi en Iran pourrait signifier un durcissement de la politique iranienne et des turbulences inédites au Liban.
Un durcissement de la politique de containment de l'expansion iranienne serait, lui, l'un des principaux objectifs des trois sommets que tiendra le président Trump à Riyad (21-22 mai) avec l'Arabie saoudite, les pays du Conseil de coopération du Golfe et divers États arabo-islamiques, dont le Liban. Bien entendu, relève notre correspondant diplomatique Khalil Fleyhan, ce n'est pas du jour au lendemain que les choses vont changer. Il faudra attendre en particulier de voir les « concessions » que le chef de la plus grande puissance au monde pourra obtenir de son allié israélien, aptes à donner plus de crédibilité à sa parole...
La délégation libanaise au sommet de dimanche, à Riyad, sera présidée par le premier ministre Saad Hariri, et comprendra les ministres Gebran Bassil (AE), Nouhad Machnouk (Intérieur) et Melhem Riachi (Information). Elle devra certainement faire front commun face aux pays décidés à stigmatiser le Hezbollah comme organisation terroriste, à commencer par les pays du CCG.
En attendant, une chose est sûre : la frappe aérienne américaine d'hier en Syrie, près de la frontière jordanienne, signifie qu'au détriment des forces régulières syriennes, les forces alliées dans la lutte contre Daech entendent se réserver le contrôle de cette zone limitrophe d'Israël, qui assure une continuité territoriale entre l'Iran et Israël, via l'Irak et la Syrie. Autant dire que l'avenir de la Syrie sera au centre du sommet de Riyad, qui en évoquera tous les cas de figure.
Troisième facteur d'incertitude, les nouvelles sanctions américaines qui se préparent. De Washington, où se trouvent deux délégations libanaises indépendantes, l'une conduite par le président de l'Association des banques, Joseph Torbey, l'autre composée des députés Yassine Jaber (chiite), Mohammad Kabbani (sunnite), l'ambassadeur Antoine Chédid (maronite) et le conseiller de M. Berry, Ali Hamdan.
Selon notre correspondante Hoda Chédid, les nouvelles sanctions – qui pourraient s'élargir à des membres du mouvement Amal et du CPL – ne tarderont pas, malgré les mises en garde libanaises contre l'impact négatif qu'elles pourraient avoir non pas sur le Hezbollah seul, mais sur tout le Liban, y compris sur les forces armées. Un effet indésirable, si l'on sait la priorité accordée par les États-Unis à l'armée et à son moral au combat.
Sensibles individuellement aux arguments développés par les délégations libanaises, et notamment au caractère pluraliste de la société libanaise, les responsables américains n'en invoquent pas moins la raison d'État et la nécessité de lutter contre ce qu'ils considèrent comme une organisation terroriste, relève Hoda Chédid.
(Lire aussi : Samy Gemayel déterminé à mener « la bataille de la résistance »)
Affairisme et corruption
C'est dans ce contexte que le Liban continue de chercher une solution à la quadrature du cercle, sur fond d'affairisme effréné, de criminalité impunie et de corruption rampante. Le pays est « aux soins intensifs », a affirmé hier la seule ministre femme du gouvernement, Inaya Ezzedine (Amal). Il n'est pas difficile de le croire. Il est en particulier difficile de faire justice aux centaines d'islamistes jetés en prison pour simple délit d'opinion, sans véritable charge autre que d'être assimilés à la mouvance jihadiste. « Pour les amnistier, il y faut un climat politique qui n'existe pas pour le moment », a tranché sèchement hier le ministre de l'Intérieur, à partir de Dar el-Fatwa. Mais peut-on invoquer la raison d'État pour justifier un déni de justice ?
Que va-t-on faire, alors que s'égrènent les jours qui nous séparent de la fin du mandat de la Chambre? Le chef de l'État affiche, pour sa part, un optimisme à toute épreuve et à faire « comme si de rien n'était ». Il a même reçu hier une invitation officielle des autorités italiennes. Le CPL croit toujours, lui, à « la solution du dernier quart d'heure ». Des voix s'élèvent pour révéler qu'à l'expiration du mandat de la Chambre, c'est la loi en vigueur, ouvertement combattue, secrètement appuyée, qui s'imposera à tous. Les proches du chef de l'État, eux, continuent d'entretenir le suspense en affirmant qu'il « usera de ses prérogatives », sans plus de précisions.
La seule bonne nouvelle de cette fin de semaine : la nomination d'Emmanuel Bonne au Quai d'Orsay. Le Liban a un ami au cœur de la diplomatie française...
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IL Y A LE DOUTE OU PLUTOT LA CERTITUDE QUE CERTAINS NE VEULENT D,AUCUNE LOI FUT-CE CELLE EN VIGUEUR PREFERANT ET DE LOIN LE VIDE QUI FAIT LEUR AFFAIRE ET CELLE DE LEURS SPONSORS PERSIQUES...
11 h 39, le 19 mai 2017