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Économie - Sanctions américaines

« Nous dansons avec les loups », s’inquiète Salamé

Le gouverneur de la BDL a déclaré espérer que les projets de durcissement des sanctions contre le Hezbollah seront assouplis.

« Les amendements incluent plus de cibles (que les sanctions précédentes), ce qui peut être un problème pour nous au Liban, et pour notre secteur bancaire », estime le gouverneur de la BDL, Riad Salamé. Photo ANI

Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, souhaite que les autorités libanaises et américaines discutent du durcissement attendu des sanctions américaines à l'encontre du Hezbollah, dont il craint les conséquences sur le secteur bancaire.

« Nous sommes inquiets. Aujourd'hui, nous n'avons que la connaissance d'une proposition », a déclaré lundi Riad Salamé au cours d'un entretien avec la chaîne de télévision américaine CNBC. Il se référait à la proposition de loi intitulée Hezbollah International Financing Prevention Amendments Act of 2017 (Hifpa 2017), visant à éliminer toute forme de soutien financier au parti chiite, considéré comme une organisation terroriste par Washington. Le texte met à jour et durcit les sanctions votées par le Congrès fin 2015 et prévoit notamment un élargissement des sanctions à toutes les personnes physiques et morales liées directement au Hezbollah et ses institutions affiliées. Le projet de loi prévoit aussi l'élaboration de rapports sur le patrimoine des dirigeants du Hezbollah et ceux du mouvement Amal, jusque-là épargné par les textes américains.

 

(Lire aussi : Vers une reconduction de Salamé à la tête de la BDL ?)

 

« Problème pour le secteur bancaire »
« Les amendements incluent plus de cibles (que les sanctions précédentes), ce qui peut être un problème pour nous au Liban, et pour notre secteur bancaire », a souligné Riad Salamé. « Donc le gouvernement libanais va mettre en place une stratégie pour pouvoir communiquer avec les Américains et essayer d'expliquer à quel point une telle loi peut être sensible. Mais comme elle est encore au stade de la proposition, nous attendons » les résultats des visites entreprises cette semaine par des responsables libanais. Lundi, une délégation de dirigeants de banque, avec à sa tête le président de l'Association des banques du Liban, Joseph Torbey, a entamé un voyage de cinq jours aux États-Unis pour discuter de ces sanctions avec des banques correspondantes américaines, des responsables de l'exécutif et des membres du Congrès. Elle a été rejointe par une délégation parlementaire, tandis que M. Salamé, dont le mandat pourrait être prolongé cette semaine (voir encadré), ne fait pas partie du voyage. Le gouverneur a souligné dans son entretien avec CNBC qu'il espérait que les dispositions prévues par Hifpa 2017 « pourront être assouplies » grâce à cette visite.

Pour Riad Salamé, il est crucial que le Liban se conforme aux sanctions américaines afin que « le secteur bancaire libanais reste intégré aux marchés financiers mondiaux » et qu'il maintienne « une bonne relation avec les banques correspondantes ». « La base de la stabilité monétaire et économique provient des transferts de la diaspora libanaise, qui représentent 15 % de notre PIB et aident le Liban à acquérir des devises étrangères, notamment des dollars, afin de financer ses besoins », a-t-il dit.

Il a cependant rappelé que l'application des sanctions américaines précédentes a rencontré « de la résistance interne », malgré le fait que la BDL ait fait « beaucoup d'efforts ». Pour rappel, l'adoption du Hifpa 2015 par le Congrès américain avait suscité de vives tensions entre le Hezbollah et le secteur bancaire libanais. La BDL avait alors émis en mai 2016 une circulaire (n° 137) régissant son application, afin notamment d'éviter que les banques locales excluent une partie de la population libanaise en tentant de réduire les risques encourus en cas de non-respect des injonctions américaines. Si les comptes des 99 personnes ou institutions présentes sur la liste noire mise à jour en avril par le Trésor américain sont automatiquement clôturés, la circulaire n° 137 soumet néanmoins la fermeture par les banques des autres comptes suspects à un quitus préalable de la Commission d'enquête spéciale, afin de limiter les mesures abusives.

« Nous implémentons des lois et des circulaires pour que le Liban soit en conformité avec des lois votées en dehors du Liban, en particulier aux États-Unis. Nous espérons que cela peut être compris et que les prochaines mesures ne nuiront pas au secteur bancaire libanais », a insisté M. Salamé auprès de CNBC, avant d'ajouter : « Nous dansons avec les loups. »

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commentaires (4)

Il faut être 2 pour un tango. Qui est donc le loup ? Et la piste de danse est au bord d'un volcan.

FRIK-A-FRAK

10 h 37, le 17 mai 2017

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Commentaires (4)

  • Il faut être 2 pour un tango. Qui est donc le loup ? Et la piste de danse est au bord d'un volcan.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 37, le 17 mai 2017

  • "You have to be two to tango"...

    Gros Gnon

    10 h 29, le 17 mai 2017

  • QUI FAIT DANSER LE PAYS ET SES SECTEURS ECONOMIQUES AVEC LES LOUPS ? LES LOUPS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 49, le 17 mai 2017

  • Espérons que M.Salamé restera à sa place pour gérer la BDL et les jours noirs qui attendent le Liban.

    Antoine Sabbagha

    08 h 12, le 17 mai 2017

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