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Trump s'enferre et alimente les comparaisons avec Nixon

Le limogeage brutal du patron des FBI, mais aussi l'entrelacs d'explications brouillonnes et contradictoires qui a accompagné cette décision majeure a alimenté les suspicions sur la portée réelle - et l'issue - de l'enquête sur les liens entre l'équipe de campagne du président et Moscou.

Donald Trump a connu des semaines difficiles depuis son arrivée au pouvoir. Celle qui s'achève restera comme l'une des plus rudes de sa présidence naissante. Chip Somodevilla/Getty Images/AFP

Donald Trump a connu des semaines difficiles depuis son arrivée au pouvoir. Celle qui s'achève restera comme l'une des plus rudes de sa présidence naissante. Le limogeage brutal du patron des FBI, mais aussi l'entrelacs d'explications brouillonnes et contradictoires qui a accompagné cette décision majeure a alimenté les suspicions sur la portée réelle - et l'issue - de l'enquête sur les liens entre son équipe de campagne et Moscou.

S'employant à souffler sur les braises à coups de tweets vengeurs et d'interviews fracassantes, le magnat de l'immobilier a aussi suscité des interrogations sur son rapport à la fonction présidentielle.
Et, de fait, imposé avec chaque jour un peu plus de force une comparaison avec l'un de ses prédécesseurs dont il se serait volontiers passé : Richard Nixon, qui, empêtré dans l'affaire du Watergate, fut contraint à la démission il y a plus de 40 ans, le 8 août 1974.

Washington s'est frotté les yeux vendredi au réveil lorsque le président américain, d'un tweet menaçant dans lequel il évoquait de mystérieux "enregistrements", a intimé à James Comey, ex-premier flic des Etats-Unis qu'il venait de remercier, de garder le silence.

S'il est trop tôt pour évaluer l'impact cet épisode sur sa base, les réactions outrées ont fusé dans le camp adverse, et le malaise au sein du "Grand Old Party" était palpable.
La hiérarchie républicaine au Congrès a certes fait bloc derrière lui. A peine 100 jours après la prise de fonction de Donald Trump, aucun des responsables du Congrès n'a politiquement intérêt à faire tanguer la barque encore un peu plus. Coupant court aux spéculations, les ténors républicains ont opposé une fin de non-recevoir à la principale revendication du camp démocrate: la nomination d'un procureur spécial pour enquêter sur les liens présumés entre des membres de l'équipe de campagne Trump et la Russie. Ils ont aussi rappelé, à juste titre, que la Commission du renseignement du sénat poursuivait ses investigations et que le Congrès aurait une voix déterminante au moment de la confirmation du successeur de M. Comey.

(Lire aussi : « Le massacre du mardi soir » de Trump)

 

"Commandant en chef nixonien"
Mais nombre d'élus ont aussi exprimé publiquement leur surprise, voire leur effarement.
Le sénateur républicain du Nebraska Ben Sasse, qui a jugé le timing de ce renvoi "très troublant", a appelé sans détour sur NPR M. Trump à passer "plus de temps à répondre à la crise de confiance du public" envers la classe politique et les institutions plutôt que de l'alimenter.
"Le FBI est une institution très importante dans la vie américaine. Son directeur a un mandat de 10 ans pour une bonne raison : il n'est pas supposé être vu comme un républicain ou un démocrate, mais comme un enquêteur impartial".

Beaucoup s'étonnent aussi que Donald Trump n'ait semble-t-il pas anticipé la secousse, prévisible, qu'allait provoquer le renvoi de James Comey: l'emblématique Federal Bureau of Investigation existe depuis plus d'un siècle, et c'est la deuxième fois seulement que son directeur est limogé par le président.

Sans surprise, les parallèles entre le 37e et le 45e président de l'histoire des Etats-Unis d'Amérique divisent historiens et universitaires.
Dans un échange publié dans The Atlantic à l'issue de cette semaine hors normes à la Maison Blanche, deux d'entre eux, Julian Zelizer (Princeton University) et Morton Keller (Brandeis University), ont offert des analyses contrastées.

"Trop souvent, les comparaisons de présidents avec Richard Nixon ont été exagérées", reconnaît Julian Zelizer, dénonçant le travers journalistique répandu consistant à ajouter le suffixe "gate" au moindre début de commencement de scandale. "Mais cette fois, elles tapent dans le mille", ajoute-t-il.
"Il est clair que nous avons un commandant en chef nixonien qui pense que la présidence devrait être aussi impériale que possible", poursuit-il. "Ce que le comportement de Trump nous rappelle est qu'il voit peu de raisons d'être prudent dans la façon dont il exerce le pouvoir".

En désaccord frontal, Morton Keller rappelle que le Watergate fut un scandale aux multiples ramifications: "Le cambriolage, la dissimulation, coups tordus contre l'opposition en utilisant la FBI et la CIA...".
"Or que savons-nous aujourd'hui de la soi-disant connexion Trump-Russie, qui serait l'équivalent du Watergate ? Beaucoup d'aboiements mais rien de très mordant...".

 

 

 

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