Rechercher
Rechercher

Liban - Le portrait de la semaine

Chantal Sarkis, ou comment concilier l’engagement politique et le devoir familial

Elle est la première femme au Liban à occuper le poste de secrétaire générale d'un parti, les Forces libanaises.

Assise derrière son bureau à Meerab, Chantal Sarkis, la secrétaire générale des Forces libanaises, n'a qu'à jeter un rapide regard en arrière pour avoir une vue sur tout le Kesrouan qui s'offre à ses yeux. Débordant de dynamisme, d'enthousiasme et d'engouement pour son travail, pour la cause qui la motive, elle est tellement plongée dans les documents sur lesquels elle planche qu'elle oublie l'existence même de cette étendue de pins et de verdure à couper le souffle que surplombe le site enchanteur de Meerab.

Mère de trois enfants, Joe (10 ans) et les jumeaux Nay et Charbel (5 ans), Chantal Sarkis est beaucoup plus belle que le portrait d'elle dessiné par l'un de ses enfants, accompagné d'un « Maman d'amour » écrit en couleur, et accroché sur le mur. Brune, cheveux à peine ondulés, noir clair, longs jusqu'à effleurer les épaules, le regard gai, le sourire rassurant. Une robe blanche brodée de minuscules fils noirs pour une chaîne en pierres de la même couleur au cou. La première femme au Liban à occuper le poste de secrétaire générale d'un parti semble tout avoir « sous contrôle » !

La militante difficile à persuader

Fille d'un officier de l'armée qui a combattu auprès de Michel Aoun pendant la guerre, c'est grâce à son mari Jean Hanna que Chantal Sarkis, alors âgée de 17 ans, est initiée à la cause des Forces libanaises. « Ce n'est pas parce que j'ai été amoureuse de Jean que j'ai adopté ses vues », affirme Chantal Sarkis, fière d'avoir choisi ses batailles avec une grande conviction. « Ce n'est qu'après de longues heures de débats, de lectures poussées et d'observation que je me suis enfin déclarée "ouwét" (partisan des FL) », raconte-t-elle.

Sauf qu'à l'époque de la tutelle syrienne, Chantal Sarkis, originaire de Kobeyate, au Akkar, et alors étudiante en sciences politiques à l'Université libanaise, s'est trouvée frustrée de ne pouvoir crier sur les toits ses convictions et militer ouvertement pour une cause qui lui était devenue si chère. « Lors de ma première année à l'université, j'ai voté blanc aux élections. Je ne m'étais pas encore engagée. À partir de la deuxième année, c'était Jean qui devait sans cesse freiner mon enthousiasme », confie-t-elle, amusée de fouiller dans ses souvenirs de jeunesse.

Depuis la libération de Samir Geagea, Chantal Sarkis a vécu une frustration d'un autre genre. À l'époque, elle travaillait pour l'IFES (Fondation internationale pour les systèmes électoraux). En 2009, elle avait déjà obtenu son doctorat en sciences politiques (spécialisation système électoral libanais) et occupait le poste de conseillère politique du représentant du secrétaire général de l'ONU au Liban. « Par souci de professionnalisme, j'ai choisi alors d'occulter mes engagements politiques », précise-t-elle avant d'ajouter : « Cependant, j'ai toujours exprimé ma frustration de ne pas pouvoir travailler pour la cause à laquelle je crois, à Samir Geagea, lorsqu'on se trouvait dans des meetings privés et qu'il me demandait comment allait mon travail. » En mai 2016, le leader des FL la nomme conseillère politique. Un mois plus tard, elle avait déjà organisé 25 retraites pour les partisans des FL dans différentes régions du pays, en vue de les préparer aux élections législatives. Samir Geagea la rappelle. « Ne serais-tu pas en train de faire le travail d'un secrétaire général ? » lui dit-il. Chantal Sarkis comprend tout de suite que M. Geagea lui propose le poste.

Un mot-clé

La seule raison pour laquelle Chantal Sarkis a hésité avant d'accepter d'occuper cette fonction était son engagement familial. « Je surveille les études de mes enfants, je leur prépare à manger, je leur lis une histoire, puis ensemble nous faisons la prière du soir avant que je ne les mette au lit », raconte-t-elle avant de poursuivre : « J'avais peur de ne plus pouvoir assumer ces responsabilités. »

Mais le « hakim » lui a soufflé le mot-clé : « Gestion du temps ». Ainsi, la secrétaire générale des Forces libanaises accumule les rendez-vous qui doivent se passer tard la nuit en un seul jour, pour ne pas devoir s'absenter de sa maison plus d'une soirée par semaine. « Pour le reste, parfois je retourne à Meerab après avoir mis les enfants au lit, parfois je tiens des réunions chez moi », souligne Chantal Sarkis.
« La veille de Pâques, d'une part je préparais les maamouls avec les enfants, et d'autre part je répondais aux appels concernant les dernières propositions de loi électorale », ajoute-t-elle, un grand sourire aux lèvres. Son sourire ne tarde pas à se transformer en de discrets éclats de rire lorsqu'elle reçoit un appel du chef des FL. Une complicité se dévoile à travers son rire joyeux. « Je m'attendais depuis le matin à ce qu'il me pose cette question », dit-elle une fois qu'ils ont raccroché.

« Je n'ai pas été nommée à ce poste parce que je suis une femme et que c'était dans l'air du temps de permettre aux femmes d'accéder au pouvoir », se hâte de préciser Chantal Sarkis. La secrétaire générale des FL appelle les femmes à s'intéresser à la politique, à militer, et surtout à dédiaboliser les partis politiques parce qu'ils sont le principal véhicule de leur insertion dans la vie politique.


Pour mémoire

Les FL présenteront plusieurs candidates aux élections législatives

Assise derrière son bureau à Meerab, Chantal Sarkis, la secrétaire générale des Forces libanaises, n'a qu'à jeter un rapide regard en arrière pour avoir une vue sur tout le Kesrouan qui s'offre à ses yeux. Débordant de dynamisme, d'enthousiasme et d'engouement pour son travail, pour la cause qui la motive, elle est tellement plongée dans les documents sur lesquels elle planche qu'elle...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut