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Moyen Orient et Monde - Commentaire

Les peuples de France...

Hier, lors de l’annonce des résultats du premier tour, au ministère de l’Intérieur, à Paris. Geoffroy Van der Hasselt/AFP

Cela fait des mois que tous les candidats parlaient en son nom. Qu'ils se vantaient tous, non sans certitude, de le comprendre mieux que tous les autres. Qu'ils se disaient tous persuadés de recevoir sa dernière onction. Le peuple de France a finalement tranché. Et a démontré, comme l'annonçaient les sondages, l'ampleur de sa division. Certes, il a clairement affiché un désir de renouveau en plébiscitant Emmanuel Macron et Marine Le Pen pour le deuxième tour, et en éliminant, pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, les deux partis traditionnels qui se partagent le pouvoir depuis 1958. Mais cette volonté d'en finir avec le « système », mot-valise qui aura été employé par tous les candidats à la magistrature suprême, semble être l'une des seules choses qui lie aujourd'hui ces différentes composantes politiques. Le pays est partagé, presque équitablement, entre quatre tendances. La droite nationaliste de Marine Le Pen, la droite libérale-conservatrice de François Fillon, le social-libéralisme d'Emmanuel Macron et la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon. Rassembler ces différentes composantes en vue du deuxième tour ne sera pas chose aisée. Réussir à gouverner un pays dont la scène politique est aussi morcelée risque par conséquent d'être un véritable défi.

Le clivage droite-gauche n'a pas disparu. Mais se sont superposés à lui de multiples autres : entre les libéraux et les antilibéraux ; entre les partisans de la « mondialisation heureuse » et ceux de la « mondialisation malheureuse »; entre les conservateurs et les progressistes ; entre les adulateurs et les pourfendeurs de l'Europe.

L'opposition que va offrir le deuxième tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen est, à ce titre, sans doute la plus symbolique et la plus intéressante de toutes. Celle qui oppose le « candidat des élites et du système » contre « la représentante du peuple », selon la vision de Marine Le Pen. Celle qui oppose, au contraire, les « patriotes » aux « nationalistes », selon les mots d'Emmanuel Macron. Un duel qui ressemble à bien des égards à celui qui a vu s'affronter Hillary Clinton et Donald Trump, ou au vote concernant le Brexit. La France n'échappe pas à la bataille idéologique sur les bienfaits de la mondialisation qui rythme toutes les démocraties occidentales ces derniers temps. Mais le combat apparaît moins clivant et encore plus fragmenté que dans les autres pays.

Il y a trois façons de décrypter les résultats d'hier. La première est de considérer qu'après le nombre d'attentats dont la France a été victime ces dernières années, et dans le contexte international actuel qui sied particulièrement aux mouvements populistes et aux dérives autoritaires, le peuple français a fait preuve de résilience en permettant à un candidat socio-libéral et pro-européen d'arriver en tête du premier tour. La deuxième est de constater que, 15 ans après le traumatisme du 21 avril, le Front national continue de progresser, réalisant son meilleur score, à tel point que la véritable surprise est de ne pas le voir à la première place du podium. La troisième est de réaliser que si le front républicain contre le FN est une nouvelle fois brandi par la majorité des candidats, il apparaît de plus en plus fragile, de plus en plus poreux et de plus en plus artificiel. Séisme pour la scène politique, catastrophe pour la gauche et la droite, déception pour les mélanchonistes, entérinement pour les frontistes, euphorie pour les partisans d'En Marche !, ce premier tour ne ressemble à aucun autre sous la Ve République. C'est peut-être une renaissance. Mais c'est peut-être aussi un mirage...

 

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Cela fait des mois que tous les candidats parlaient en son nom. Qu'ils se vantaient tous, non sans certitude, de le comprendre mieux que tous les autres. Qu'ils se disaient tous persuadés de recevoir sa dernière onction. Le peuple de France a finalement tranché. Et a démontré, comme l'annonçaient les sondages, l'ampleur de sa division. Certes, il a clairement affiché un désir de renouveau...

commentaires (2)

C'est peut-être une renaissance. Mais c'est peut-être aussi un mirage... EN PLEIN DANS LE MILLE , Mr Samrani . Ca sera un mirage . Sarko avait essayé en son temps , avec des Kouchner et autres transfuges du p.s , quel a été le résultat ? Tout ça n'est qu'une coalition de naifs qui vont droit dans le mur de la désillusion des prestidigitateurs .

FRIK-A-FRAK

13 h 01, le 24 avril 2017

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Commentaires (2)

  • C'est peut-être une renaissance. Mais c'est peut-être aussi un mirage... EN PLEIN DANS LE MILLE , Mr Samrani . Ca sera un mirage . Sarko avait essayé en son temps , avec des Kouchner et autres transfuges du p.s , quel a été le résultat ? Tout ça n'est qu'une coalition de naifs qui vont droit dans le mur de la désillusion des prestidigitateurs .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 01, le 24 avril 2017

  • Le clivage droite-gauche n'a pas disparu. Mais se sont superposés à lui de multiples autres : entre les libéraux et les antilibéraux ; entre les partisans de la « mondialisation heureuse » et ceux de la « mondialisation malheureuse »; entre les conservateurs et les progressistes ; entre les adulateurs et les pourfendeurs de l'Europe. Bravo Anthony Et aussi tres heureuse formulation de ta conclusion. Renaissance ou mirage? Excellent!

    Jihad Mouracadeh

    09 h 10, le 24 avril 2017

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