Rechercher
Rechercher

Liban - Liban-Italie

Un voilier nommé « Mediterranea »

Un équipage italien a accosté récemment à Beyrouth dans le cadre d'un voyage de plusieurs escales destiné à retrouver la quintessence de l'âme méditerranéenne.

Laura, Juliana, Juliana, Simone le capitaine et Francesca, rencontrés à bord du Mediterranea à Beyrouth.

Ils étaient employés, architectes, guides touristiques, médecins... certains ont quitté leur job pour se consacrer à l'aventure méditerranéenne, d'autres s'y adonnent avec la même passion, bien que par intermittence. Ce qui est sûr toutefois, c'est que tous les membres de l'équipage du Mediterranea sont des aventuriers d'un nouveau type, avec un rêve en commun: celui de rassembler les Méditerranéens autour de leur identité commune.

Sur un quai de Beyrouth se profile depuis quelques jours le voilier battant pavillon italien, avec une capacité d'accueil de 14 personnes à la fois, bien que le groupe de ce qui est connu comme le « Projetto Mediterranea » soit formé de plus d'une quarantaine de personnes, jusque-là en majorité des Italiens. « Cela fait trois ans que nous avons lancé cette expédition dans tout le pourtour méditerranéen, au sens le plus large du terme, explique le capitaine Simone Perotti à L'OLJ, à bord du voilier. Notre motivation était de découvrir ce que signifie vraiment le terme "méditerranéen". Nous le sommes tous, et nous utilisons ce terme à tout bout de champ, mais savons-nous seulement ce que cela veut dire ? Voilà pourquoi nous voguons sur les deux rives de cette mer, à la rencontre des Méditerranéens. »

Jusque-là, les nombreuses escales ont surtout convaincu le capitaine que les peuples méditerranéens ont bien plus de points communs qu'ils ne le pensent. « Je me suis senti chez moi pratiquement dans tous les pays que j'ai visités », affirme-t-il. Un mode de vie et une chaleur d'accueil très similaires, mais aussi... de mauvaises habitudes en commun. « Nous sommes malheureusement devenus tous des suiveurs, déplore-t-il. On peut passer dans certains quartiers de Beyrouth ou de Milan, et se sentir aux États-Unis. Nous avons arrêté de nous préoccuper de notre propre culture, de trouver des solutions adaptées à nos problèmes. Partout, les panoramas d'immeubles hauts sur les rives sont calqués les uns sur les autres. De plus, nous avons tendance à détruire cette richesse qu'est la mer Méditerranée. »

Or, c'est la quintessence de cette culture commune que cet équipage hors du commun veut faire revivre, même s'il semble toujours à la recherche de la forme que pourrait prendre ce rassemblement. « Cela peut paraître une utopie, mais nous voulons lancer l'idée d'une union méditerranéenne, ou d'une Méditerranée unie si l'on préfère, sur base des valeurs communes, affirme Simone Perotti. Jusque-là, quand nous parlons de culture commune, nous avons toujours tendance à nous tourner vers le passé pour la retrouver. Nous voulons en parler au futur. Les États européens ont bien moins de points communs que les peuples méditerranéens, et pourtant ils ont réussi à créer une union. Pourquoi pas la Méditerranée ? »

Un discours que ne démentiront ni Juliana, la vice-capitaine, ni Laura, l'historienne de l'art qui pense que la culture est le meilleur ciment des peuples, ni Francesca, la médecin romaine, ni l'autre Juliana qui s'intéresse aux similitudes et différences entre les peuples...

 

Un projet ambitieux et autofinancé
Le capitaine raconte que l'idée de l'union méditerranéenne est généralement très bien reçue par les interlocuteurs du groupe, et même si certains restent sceptiques, ils n'en sont pas moins enthousiastes. « L'identité méditerranéenne est très forte, chaque personne rencontrée a une proposition intéressante à nous apporter, ajoute-t-il. Pour notre part, nous savons que l'idée est peut-être loin de se concrétiser, mais l'important est de planter une graine. »

Ne craignent-ils pas le quasi-échec d'autres initiatives « méditerranéennes » aussi globales que la Convention de Barcelone pour la protection de cette mer, si peu respectée ici et là...? « Justement, nous pensons que ce n'est pas en imposant des lois à partir de l'Europe que nous pourrons changer les choses, dit le capitaine. Il faut procéder par le dialogue, de bas en haut et non le contraire, afin de persuader les populations de l'intérêt de préserver cette richesse commune. »

L'équipage du Mediterranea se donne jusqu'en 2019 pour se forger une idée plus précise de ce qu'il veut de cette Méditerranée unie dont il rêve, dans un projet qui a la particularité de se passer de sponsors. « Les fondateurs de ce projet, dont je fais partie, ont préféré que le groupe se finance lui-même, et de rester libre de rencontrer qui il veut et de tenir le discours qu'il préconise », assure M. Perotti. Entre-temps, cette expédition reste une fabuleuse aventure humaine. « Au moins, nous faisons quelque chose qui nous tient à cœur dans notre vie, affirme le capitaine. Durant les longues traversées, il a fallu apprendre à vivre ensemble dans cet espace exigu, collaborer et rester ouvert au dialogue. »

Comme dans d'autres escales, l'équipage du « Mediterranea » rencontrera au Liban des artistes, des intellectuels, des membres de la société civile... Un dîner a été donné en leur honneur au domicile de l'ambassadeur d'Italie Massimo Marotti, qui a lui aussi rendu hommage à tout ce qui rassemble les peuples du pourtour méditerranéen.

 

Lire aussi

Le Phoenicia, avant le Santa Maria de Christophe Colomb ?

 

Ils étaient employés, architectes, guides touristiques, médecins... certains ont quitté leur job pour se consacrer à l'aventure méditerranéenne, d'autres s'y adonnent avec la même passion, bien que par intermittence. Ce qui est sûr toutefois, c'est que tous les membres de l'équipage du Mediterranea sont des aventuriers d'un nouveau type, avec un rêve en commun: celui de rassembler les...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut