Des prêtres orthodoxes distribuant les oeufs de Pâques lors de la messe célébrée dimanche en l'église Saint Georges, dans le centre-ville de Beyrouth. Photo REUTERS/Jamal Saidi
Le métropolite Élias Audi a exprimé l'espoir qu'une nouvelle loi électorale soit élaborée dans un prochain avenir, et mis en garde contre une nouvelle rallonge du mandat du Parlement libanais.
« La politique n'est pas synonyme d'intérêts et d'acquis et ne représente pas un instrument d'enrichissement et de contrôle des gens », a-t-il déclaré dans l'homélie qu'il a prononcée au cours de la messe pascale qu'il a célébrée hier en la cathédrale Saint-Georges des grecs-orthodoxes, au centre-ville, en présence des ministres Ghassan Hasbani et Nicolas Tuéni, des députés Atef Majdalani et Nayla Tuéni, et d'un grand nombre de fidèles.
« Le respect de la Constitution et du peuple est essentiel, a poursuivi le métropolite. Le peuple a accordé au Parlement un mandat de quatre ans et non pas éternel pour le représenter. Aussi, toute prorogation de ce mandat est considérée comme étant une spoliation du pouvoir et de la volonté du peuple. Nous aspirons, avec les Libanais, à l'élaboration d'une nouvelle loi électorale qui permettra à ces derniers d'élire ceux qu'ils jugent à même de les représenter (au Parlement) et d'œuvrer en leur faveur. Nous espérons également un respect de tous les délais constitutionnels pour ne plus avoir à redouter un vide dans n'importe quelle institution ».
Les législatives sont prévues en juin, mais leur tenue est quasi-impossible en raison des désaccords des pôles politiques, qui pour la plupart refusent la loi en vigueur, dite de 1960, mais n'arrivent toujours pas à s'entendre sur une nouvelle formule. La proportionnelle intégrale et le mode de scrutin mixte (alliant majoritaire et proportionnelle) sont actuellement débattus.
Mgr Audi a ensuite abordé les deux problèmes de la corruption et des nominations administratives. Il s'est arrêté dans ce cadre sur l'injustice dont sont victimes, selon lui, les fonctionnaires grecs-orthodoxes « écartés des postes-clés ».
Après avoir rappelé les dernières révélations fracassantes d'hommes politiques au sujet de la corruption, il a appelé les responsables à lancer « un véritable chantier de réformes, à maintenir à leurs postes les fonctionnaires compétents et intègres et à sanctionner ceux qui sont corrompus et négligents ou qui enfreignent les lois, quelle que soit leur appartenance ». « N'est-il pas possible de nommer, aux postes administratifs à pourvoir, les lauréats des concours du Conseil de la fonction publique au lieu d'appliquer les règles du clientélisme ? », s'est-il interrogé, en préconisant également le recours aux formalités électroniques, « qui freineront la corruption et faciliteront la vie des contribuables ».
Mgr Audi a vivement déploré le fait que « les grecs-orthodoxes sont pratiquement écartés des postes importants, notamment au sein de la magistrature, de l'armée et des services de sécurité et sont victimes d'injustice au niveau de la répartition des postes administratifs dont certains leur sont arrachés au profit de fonctionnaires appartenant à d'autres communautés ». « Quel responsable libanais accepte de renoncer à une fonction qui échoit normalement à sa communauté ? », s'est interrogé le métropolite qui a réclamé le respect de la répartition des postes administratifs de manière à confier le quatrième, par ordre d'importance, à un grec-orthodoxe, tout en mettant en avant les principes de la compétence et de la spécialisation ».
Mgr Audi a par ailleurs critiqué pour la première fois les médias, dénonçant ceux qui « s'abstiennent de relayer la vérité en la déformant pour des raisons matérielles, personnelles ou pour des questions d'intérêt, tout en arguant de la liberté d'expression ».
Il a enfin déploré le niveau de certains programmes audiovisuels, avant d'inviter les chaînes de télévision à présenter ceux qui font la promotion de la paix et qui enrichissent la connaissance des téléspectateurs.
(Pour mémoire : Raï : La loi de 1960 est toujours en vigueur)
Aoun se veut rassurant
Dimanche également, le président libanais Michel Aoun s'est rendu au siège patriarcal de Bkerké à l'occasion de la fête de Pâques. "Célébrez les fêtes malgré toutes les difficultés", a dit le chef de l’État en s'adressant aux chrétiens.
Lors d'une causerie avec les journalistes, à l'issue d'un entretien avec le patriarche maronite Béchara Raï, M. Aoun a s'est voulu rassurant : "Soyez sereins, les Libanais auront une nouvelle loi électorale", a-t-il lancé, sans plus de détails.
Mgr Raï a pour sa part félicité le président Aoun d'avoir reporté mercredi au 15 mai la séance parlementaire qui aurait permis la prorogation du mandat du Parlement.
"Vos responsabilités vous ont poussé à reporter la séance parlementaire alors que des affrontements dans la rue se préparaient. Le pays était comme un navire au milieu de la tempête (...), et votre décision courageuse était celle d'un capitaine sage qui a permis aux Libanais de célébrer les fêtes", a dit le prélat maronite.
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Tous ces responsables, politiques et religieux, qui se couvrent de bonne conscience en nous servant leur habituel bla-bla...et s'imaginent que nous les prenons au sérieux...! A quand des actions efficaces ? Irène Saïd
16 h 57, le 17 avril 2017