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Liban

Une valse de contacts tout au long de la journée

Les mouvements de protestation initialement prévus pour aujourd'hui ont été annulés en soirée.

La délégation du CPL reçue par le numéro 2 du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem.

Dans un ultime soubresaut destiné pour les uns à contenir la crise politique née de la décision du bureau de la Chambre de convoquer une réunion parlementaire afin de voter une rallonge supplémentaire d'un an du mandat de l'Assemblée, et pour les autres à barrer la voie devant une troisième prorogation, les différentes parties politiques ont accéléré la cadence de leurs concertations politiques, tout au long de la journée d'hier.
Parallèlement aux contacts engagés par le chef du gouvernement, Saad Hariri, qui s'est rendu à Baabda en début de soirée pour un entretien avec le président Michel Aoun, avant que ce dernier n'adresse son message aux Libanais, à 20 h (lire par ailleurs), des délégations du Courant patriotique libre (CPL) et des Forces libanaises avaient effectué une tournée auprès de plusieurs responsables politiques et religieux pour leur expliquer les motifs de leur opposition à une prorogation du mandat de la Chambre et discuter des issues possibles.
Conduite par le député Ibrahim Kanaan, une délégation du CPL composée du ministre de l'Environnement, Tarek el-Khatib, des députés Sélim Aoun et Nagi Gharios et des anciens ministres Gaby Layoun et Nicolas Sehnaoui, s'est rendue auprès du président du Conseil, Saad Hariri, du patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, et du secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, avant de rendre compte, en soirée, au leader des FL, Samir Geagea, des résultats de cette tournée. Pendant ce temps, le ministre FL des Affaires sociales, Pierre Bou Assi, était reçu au Sérail, et le chef de la diplomatie, Gebran Bassil, également chef du CPL, conférait au ministère des Affaires étrangères, avec le chef du cabinet du Premier ministre, Nader Hariri, puis avec Wafic Safa, responsable de la sécurité au sein du Hezbollah.

Récompense pour les incapables
S'exprimant au nom de la délégation aouniste à sa sortie de Bkerké et du Sérail, M. Kanaan a souligné l'opposition farouche de son bloc à la prorogation. « Est-ce une prise du pouvoir par la force ? Est-ce synonyme de récompense pour les incapables ? Avant, on prenait comme excuse la tutelle syrienne au Liban, mais quelle est l'excuse aujourd'hui ? » s'est demandé le député. Et d'ajouter : « Nous sommes déterminés à faire face à la prorogation, au nom des députés chrétiens et musulmans. Les discussions sont les bienvenues et il reste encore du temps pour débattre d'une nouvelle loi électorale. Il s'agit d'une question existentielle et nous ne faisons pas de surenchère. Comme le patriarche l'a dit aujourd'hui : "Craignez Dieu!". »
Ibrahim Kanaan a aussi expliqué qu'une « opposition à la prorogation (du mandat du Parlement) n'est pas synonyme de vide ». « Elle vise à inciter les formations politiques à s'entendre sur une nouvelle loi électorale », a-t-il dit, avant de faire état d'une convergence de vues avec M. Hariri. « Le Premier ministre a cependant peur du vide, comme beaucoup d'autres responsables. (...) Si une volonté politique se manifeste, nous pouvons en quelques heures adopter une nouvelle loi électorale, d'autant que les formules acceptées et rejetées sont connues », a poursuivi Ibrahim Kanaan qui, en réponse à une question, a fait état de contacts avec le président de la Chambre, Nabih Berry. La délégation aouniste ne s'est pas rendue cependant à Aïn el-Tiné, ce qui peut être interprété comme un indicateur de la tension qui prévaut toujours entre Rabieh et le chef du législatif. Un député du bloc du Changement et de la Réforme, Nabil Nicolas, faisait quand même partie du groupe parlementaire que le président de la Chambre reçoit chaque mercredi, pour un tour d'horizon de l'actualité locale. Nabih Berry a réaffirmé devant ses visiteurs, qu'en l'absence d'une entente autour d'une loi électorale, une rallonge du mandat de la Chambre était inévitable. « Lorsque nous nous entendrons sur une loi électorale et que nous l'approuverons, nous pourrons amender la durée de cette rallonge et ses effets », a-t-il expliqué. Selon ses visiteurs, M. Berry a désigné la prorogation comme étant un « poison », mais qu'il est « préférable à la mort ». « Pourquoi toutes ces conjectures à caractère confessionnel en ce moment ? » s'est-il aussi interrogé.

Profondes concertations
Parallèlement, le ministre des Affaires sociales, Pierre Bou Assi, soulignait, au terme de son entretien avec le chef du gouvernement que « de profondes concertations se tiennent en ce moment et les contacts sont nombreux ». « Nous avons clairement exprimé notre position, mais si une solution venait à émerger, nous la prendrions en considération dans l'intérêt du pays », a-t-il ajouté.
Au Sérail, Saad Hariri a également conféré avec le député Waël Abou Faour, qui lui aussi a indiqué qu' « aucun accord n'a été conclu » mais que « beaucoup de choses se passeront dans la nuit ». Une phrase que le député du Hezbollah Ali Fayad avait déjà lancée dans la matinée, après avoir pris part à la réunion de Aïn el-Tiné, ce qui laisse supposer que les contacts de la journée se seraient surtout articulés sur le mécanisme par lequel il serait possible d'éviter une crise ouverte.
Dans la matinée, les FL, le CPL et les Kataëb, ainsi que d'autres formations politiques, comme le mouvement de l'Indépendance, avaient appelé à la grève générale et à des manifestations devant le Parlement. Les FL et le CPL envisageaient de couper les routes menant place de l'Étoile, ce à quoi les Kataëb se sont opposés. L'association des commerçants d'Achrafieh, qui a été reçue dans l'après-midi par le ministre d'État pour la Planification, Michel Pharaon, a annoncé qu'elle s'associait à la grève. Tous les mouvements de protestation annoncés dans la journée ont néanmoins été annulés le soir, dès que le chef de l'État a annoncé le report de la réunion parlementaire d'aujourd'hui.

Dans un ultime soubresaut destiné pour les uns à contenir la crise politique née de la décision du bureau de la Chambre de convoquer une réunion parlementaire afin de voter une rallonge supplémentaire d'un an du mandat de l'Assemblée, et pour les autres à barrer la voie devant une troisième prorogation, les différentes parties politiques ont accéléré la cadence de leurs concertations...
commentaires (1)

"Sacrés" libanais(h) ! Ttôffnîssébbttôffnîsses !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

05 h 08, le 13 avril 2017

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Commentaires (1)

  • "Sacrés" libanais(h) ! Ttôffnîssébbttôffnîsses !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 08, le 13 avril 2017

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