Rechercher
Rechercher

Liban - Frappes US en Syrie

Le Liban dans l’attente d’une éventuelle réaction iranienne

« Il s'agissait d'une réponse proportionnelle à l'emploi des armes chimiques par le régime Assad », déclare Walid Pharès à « L'Orient-Le Jour ».

AFP Photo/US Navy/Lt. Christopher Senenko

Après l'attaque américaine hier contre la base militaire d'al-Chaayrat à Homs, le Liban est, tout naturellement, dans l'expectative, et attendent la réaction de l'Iran pour pouvoir étudier son impact sur la scène locale, notamment à l'ombre de l'implication du Hezbollah dans la guerre syrienne aux côtés du régime.

Interrogé sur l'attaque US par L'Orient-Le Jour, Walid Pharès, expert libanais en sécurité nationale et ex-conseiller du président américain pour la politique étrangère, estime que « l'attaque constitue une réponse proportionnelle à l'emploi des armes chimiques par le régime syrien ». « C'est un message fort adressé à Bachar el-Assad pour l'empêcher d'utiliser ces armes à nouveau. L'administration Trump a voulu interdire aux Iraniens et au Hezbollah de penser à faire usage de ce genre d'armes, et exhorter les Russes à ne pas soutenir Damas quand il utilise ce type d'arsenal », souligne-t-il. Walid Pharès nuance, toutefois, ses propos. « Il ne s'agit aucunement d'une campagne pour un changement du régime en Syrie, mais du tracement de lignes rouges à ne pas franchir. » Selon lui, « l'orientation américaine générale concernant la Syrie demeure intacte. Elle est toujours axée sur la libération des zones contrôlées par l'État islamique, et la contribution à créer des zones sécurisées en Syrie ». Enfin, concernant le Liban, il juge que « Donald Trump a appelé le Hezbollah à ne pas prendre pour cible les installations nucléaires et chimiques en Israël ».

Farès Souhaid, secrétaire général du 14 Mars, semble pour sa part plus pessimiste. Interrogé par L'OLJ, il ne cache pas sa crainte de voir le parti dirigé par Hassan Nasrallah œuvrer pour renforcer sa mainmise sur le pays. « Le Hezbollah a tracé sa politique en Syrie conformément à l'équation suivante : "Vainqueur en Syrie, vainqueur au Liban" », souligne-t-il avant de poursuivre : « Après la frappe américaine, il va accélérer sa mainmise sur ce qui reste de l'État libanais. » Selon Farès Souhaid, « il est très probable que le Hezbollah demande au président de la République, Michel Aoun, d'adopter la loi électorale qui lui convient ». M. Souhaid estime que la frappe américaine est un véritable tournant dans l'histoire de la crise syrienne, dans la mesure où il s'agit d'une décision qui dépasse le Conseil de sécurité des Nations unies. Il y a donc une volonté d'outrepasser les veto russes destinés à bloquer toute initiative du Conseil concernant la Syrie. Pour M. Souhaid, « Donald Trump a voulu montrer que les Russes et les Iraniens ne peuvent faire le poids quand la machine de guerre américaine fonctionne ».

Commentant à son tour l'action militaire américaine, l'analyste politique Sami Nader met l'accent sur le timing de cette intervention. « Le massacre de Khan Cheikhoun a eu lieu au lendemain des propos de M. Trump selon lesquels le départ de Bachar el-Assad n'était pas sa priorité », précise-t-il à L'OLJ. « Le président syrien a donc profité de cette prise de position pour perpétrer l'attaque aux armes chimiques, mais l'administration Trump n'a pas tardé à répondre. » Et si Sami Nader assure que la frappe d'hier est limitée et bien calculée, il ne manque pas de faire valoir qu'elle porte un message tant aux adversaires internationaux des États-Unis (notamment l'Iran et la Corée du Nord) qu'à la société américaine. Selon lui, « l'administration US a affirmé que le monde a désormais un nouveau leadership, après avoir longtemps accusé Barack Obama de manquer à ses responsabilités dans ce domaine ». Concernant d'éventuelles répercussions de la frappe US au Liban, M. Nader préfère attendre la riposte de l'Iran.

 

(Lire aussi : Premier résultat de la frappe US, le report des législatives ?)

 

« Semer le désaccord entre Moscou et Téhéran »
L'analyste politique Moustapha Fahs, lui, pense que Donald Trump a réussi à briser le statu quo dans lequel stagnait le dossier syrien, tout comme il est parvenu à semer le désaccord entre Moscou et Téhéran. « L'Iran tient à ce que le président syrien prenne part aux négociations de paix, à l'heure où Moscou pourrait bien avoir d'autres cartes à jouer au moment des négociations de paix. » À L'OLJ, M. Fahs affirme que « les Américains ont donné une leçon aux Russes, dans la mesure où ils ont assuré qu'ils dirigent toujours ce monde ».

Dans les milieux proches du 8 Mars (en particulier le Hezbollah), on tient à assurer que la frappe américaine n'est pas une réponse au massacre de Khan Cheikhoun. Celui-ci « n'était qu'un prétexte pour attaquer Damas, mais M. Trump aurait pu faire de même avec tout autre développement enregistré en Syrie », confie à ce sujet le journaliste Kassem Kassir, proche du 8 Mars, interrogé par L'OLJ. Avouant que les États-Unis s'affirment de plus en plus comme un acteur principal sur le plan régional, il exclut la possibilité d'une escalade militaire à la suite de la toute dernière action américaine, « dans la mesure où personne n'a intérêt à voir un conflit éclater dans la région ».

Enfin, l'expert stratégique et militaire Khalil Hélou se veut encore plus optimiste. « Cette frappe qui a rappelé à Bachar el-Assad les lignes rouges à ne pas franchir n'affectera aucunement le Liban », dit-il à L'OLJ. Il en veut pour preuve le fait que « les Américains continueront à aider l'armée dans la mesure où elle a fait preuve de capacité à affronter le terrorisme ».

 

Lire aussi 

Aoun condamne l’usage « par quiconque » d’armes de destruction massive

 

Après l'attaque américaine hier contre la base militaire d'al-Chaayrat à Homs, le Liban est, tout naturellement, dans l'expectative, et attendent la réaction de l'Iran pour pouvoir étudier son impact sur la scène locale, notamment à l'ombre de l'implication du Hezbollah dans la guerre syrienne aux côtés du régime.
Interrogé sur l'attaque US par L'Orient-Le Jour, Walid Pharès, expert...

commentaires (2)

Bien vu de la part de Messieurs Hani FAHS et Farès SOUHAID. Le Reste n'est que.... Du blabla.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

19 h 31, le 08 avril 2017

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Bien vu de la part de Messieurs Hani FAHS et Farès SOUHAID. Le Reste n'est que.... Du blabla.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    19 h 31, le 08 avril 2017

  • Le Président américain a eu raison de cet avertissement musclé au régime criminel de Bashar el-Assad. Maintenant, il faut que Trump mette en place une stratégie en Syrie pour que l'implication des USA continue tant sur les plans militaire qu'économique ou politique.

    Tony BASSILA

    14 h 07, le 08 avril 2017

Retour en haut