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À La Une - Liban

Liban : la loi électorale et la corruption au centre de la séance parlementaire

Réunion lundi du Conseil des ministres pour examiner les propositions de loi électorale.

Les députés libanais sont réunis jeudi dans le centre-ville de Beyrouth pour une séance plénière de politique générale. Photo Ani

Les députés libanais sont réunis jeudi dans le centre-ville de Beyrouth pour une séance plénière de politique générale au cours de laquelle plusieurs dossiers brûlants ont été évoqués, notamment les élections législatives, prévues en principe en juin, dont le sort est plus que jamais incertain, et le dossier de la corruption. Levée à 15h par le président du Parlement, Nabih Berry, la séance plénière a repris à 18 heures avant d'être levée peu après 21h. Une autre séance doit avoir lieu vendredi à partir de 16 heures.

La loi électorale au menu du Conseil des ministres lundi
De retour de sa tournée européenne dans le cadre de laquelle il a présenté un plan en direction des réfugiés syriens, le Premier ministre Saad Hariri a ouvert la séance par un discours au cours duquel il a dressé un bilan d'étape largement positif.

"Le gouvernement est attaché à l'organisation des élections législatives et au refus du vide au niveau du Législatif", a-t-il déclaré, annonçant que le Conseil des ministres se réunira lundi pour entamer l'examen des différentes propositions de loi électorale.

Par ailleurs, M. Hariri a déclaré que le gouvernement avait rattrapé le retard pris sur la question de l'exploitation des ressources d'hydrocarbures au large des côtes libanaises. Le Premier ministre a également expliqué que l'exécutif a adopté le projet de budget, annonçant que le travail sur le budget pour l'exercice 2018 débutera le mois prochain. Il a également rappelé que le gouvernement avait adopté le principe d'un plan sur l'électricité et procédé aux nominations sécuritaires.

Le Premier ministre a souligné en outre que les autorités libanaises "ont déployé de gros efforts pour améliorer les relations du Liban avec les pays arabes". "Le gouvernement va poursuivre son action afin de restaurer la confiance", a-t-il conclu.

 

(Lire aussi : "Soit la prorogation, soit la proportionnelle intégrale », nouvelle équation du Hezbollah ?")

 

Après le discours du chef du gouvernement, Waël Bou Faour, membre du bloc parlementaire présidé par le leader druze Walid Joumblatt, a pris la parole sur ce thème. "Une entente doit être trouvée sur la loi électorale", a-t-il déclaré, mettant en garde contre un vote au Parlement sur cette question qui "diviserait le pays". Dans la journée, l'Agence nationale d'information (Ani, officielle) a indiqué qu'un vote sur ces propositions était "possible".

"Nous sommes attachés au consensus", a répondu Ibrahim Kanaan, député membre du Courant patriotique libre, reprochant à "certains", sans les nommer, de "parasiter les ententes". Il a également exprimé son refus de toute prorogation du mandat des députés.Plus tôt dans la journée, M. Kanaan avait déclaré que la nouvelle loi électorale a pour fonction de corriger la représentation des chrétiens au Parlement.

De son côté, Hassan Fadlallah, membre du bloc parlementaire du Hezbollah, a réaffirmé que le parti chiite était en faveur d'une loi électorale basée sur la proportionnelle intégrale "qui protège toutes les composantes du pays".

Pour sa part, l'ancien Premier ministre Najib Mikati a appelé le gouvernement a réexaminer la proposition de code électoral élaboré par le ministre de l'Intérieur du gouvernement qu'il a présidé de juin 2011 à février 2014, Marwan Charbel.

Prenant la parole, Estephan Doueihy, député du courant des Marada dirigé par Sleiman Frangié, a déclaré qu'il préférait la loi électorale de 1960 actuellement en vigueur au vide, exprimant l'espoir qu'un nouveau code électoral soit rapidement adopté et regrettant que le débat sur cette question ait été communautarisé.

Après la reprise de la séance à 18h, le député Okab Sakr, affilié au Courant du Futur, a, lui, déploré "un cercle vicieux" concernant les débats autour de la loi électorale. "Les tractations se font sur base confessionnelle et d'intérêts personnels", a regretté M. Sakr. Et d'ajouter : "Nous vivons une crise dont l'objectif est de bloquer la naissance d'une nouvelle loi électorale et qui nous rappelle le blocage de l'élection présidentielle".

Le député Nicolas Fattouche a pour sa part répondu aux informations circulant dans certains médias et selon lesquelles il œuvrerait pour la prorogation du mandat du Parlement. "Je suis totalement contre la prorogation. Mais Dieu est témoin que j'ai formulé une mise en garde", a-t-il insisté à trois reprises, sans en dire plus à ce sujet.

Le député Ali Bazzi, affilié au Mouvement Amal du président de la Chambre, Nabih Berry, a de son côté mis en garde contre le vide en cas d'échec au niveau des législatives. "Si nous voulons aller vers le vide, nous commettrons de la sorte un suicide, car le vide met un terme à l'Etat, tue l'Etat, et nous refusons cela. Il ne nous reste plus que quelques jours. Soit le pays sera apprécié à sa juste valeur, soit il sera humilié".

Les formations politiques ont jusqu'à présent échoué à s'accorder sur une nouvelle loi électorale. La législation actuelle est fondée sur la majoritaire plurinominale, et elle est officiellement critiquée par la plupart des partis. Plusieurs propositions sont sur la table dont la proportionnelle intégrale ou le mode de scrutin mixte, alliant majoritaire et proportionnelle.

 

(Lire aussi : Pour les FL, le Hezbollah veut réduire l’influence parlementaire chrétienne)

 

Corruption et argent public
Plusieurs députés ont évoqué d'autres dossiers, notamment pour dénoncer la corruption. "L'Etat est pillé", a lancé M. Fadlallah, déclarant qu'"un ministre endetté entrant au gouvernement en ressort milliardaire". De son côté, le député Robert Ghanem a appelé le gouvernement "à transformer en actes les déclarations sur le changement, la réforme et la fin du gaspillage". Anwar Khalil, député du bloc parlementaire dirigé par M. Berry, a déclaré que la lutte contre la corruption "commence par le haut". M. Kanaan s'est, lui, prononcé pour la création d'un tribunal spécial pour les affaires financières.

De son côté, Antoine Zahra, député des Forces libanaises, a consacré son intervention sur le budget, adopté la semaine dernière par le gouvernement. "Je salue le gouvernement mais je considère que ce budget est déséquilibré", a-t-il déclaré, estimant que ce serait "une erreur de voter la grille des salaires pour la fonction publique en l'état". D'autres députés ont également évoqué ce sujet. Le Parlement est appelé à voter ce projet de budget. Pour rappel, le Liban n'avait plus voté de budget depuis 2005.

Plusieurs députés ont également évoqué les questions liées à l'exploitation des ressources de pétrole et de gaz au large des côtes libanaises, appelant à la transparence notamment sur le processus d'attribution des licences permettant aux sociétés étrangères d'exploiter ces gisements d'hydrocarbures. Cette semaine, la chaîne locale LBCI a diffusé un reportage indiquant que de hauts responsables libanais ont sollicité un pot-de-vin de 100 millions de dollars auprès de la compagnie pétrolière italienne ENI. Ce reportage a été évoqué par plusieurs élus.

Le dossier de l'électricité a, lui, aussi été évoqué. La semaine dernière, le Conseil des ministres avait approuvé le principe du plan sur l'électricité proposé par le ministre de l'Energie, César Abi Khalil.

De son côté, l'ancien ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, qui avait piloté un plan de gestion des déchets après la crise qui avait éclaté en 2015, a déclaré que le Liban "se dirige vers une catastrophe en 2018 si ce dossier n'est pas traité avec sérieux".

La séance s'est terminée par un accroc entre M. Siniora et le député Nawaf Moussaoui (Hezbollah), sur fond de litige autour des questions du budget et des ressources gazières et pétrolières off-shore du Liban.

"Vous êtes un menteur", a lancé M. Moussaoui, en interrompant le chef du bloc du Futur. Ce à quoi M. Siniora a répondu : "Je ne m'adressais pas à vous dans mes propos, et je ne répondrai pas à vos accusations".

Avant la séance plénière, Nawaf Moussaoui avait déclaré que le Hezbollah, représenté au gouvernement, était "en désaccord avec d'autres formations représentées au gouvernement sur certaines questions dont celle des impôts".

 

 

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commentaires (7)

Des paroles puis des paroles , tout le monde se plaint et puis rien . Triste pays .

Antoine Sabbagha

22 h 51, le 06 avril 2017

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Commentaires (7)

  • Des paroles puis des paroles , tout le monde se plaint et puis rien . Triste pays .

    Antoine Sabbagha

    22 h 51, le 06 avril 2017

  • “Quand ce peuple pourra penser et rêver on lui donnera l’art qui fait penser et rêver.” de Gustave Moreau

    FAKHOURI

    21 h 11, le 06 avril 2017

  • Au bûcher....pas d'autre solution

    Tabet Karim

    19 h 38, le 06 avril 2017

  • Les corrompus se penchent sur leur corruption ... Rigolo !

    Remy Martin

    19 h 33, le 06 avril 2017

  • DONNEZ LES NOMS DE CEUX QUI EXIGENT 100 MILLIONS DE DOLLARS DE POT DE VIN ET DEBARRASSEZ LE PAYS D,UNE TELLE PEGRE... AUSSI HAUT SOIENT-ILS PLACES LES SIMSOMIOTES ALIBABISTES !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 43, le 06 avril 2017

  • POUR ARRETER LA CORRUPTION IL FAUT NE PAS EN FAIRE PARTIE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 19, le 06 avril 2017

  • Oui, Monsieur Anwar Khalil, commencez la lutte contre la corruption par le haut ! 100 millions de $ de pot-de-vin demandés à la compagnie petrolière italienne ENI par de "hauts responsables libanais"...ça n'est pas de la "corruption par le haut" ? Vous êtes vraiment incroyables de sans-gêne, Messieurs les "haut-Responsables libanais" ! Irène Saïd

    Irene Said

    16 h 26, le 06 avril 2017

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